Article proposé par Exponaute
Ce sont tout d’abord des selles de cheval qui nous accueillent dans le nouveau parcours temporaire du musée du Quai Branly. Certaines sont magnifiquement brodées, d’autres ont été constituées de plusieurs morceaux de cuir différents, chacun arborant une teinte propre. C’est évident ! Comment évoquer la thématique des routes, et donc du voyage, sans parler du principal moyen de locomotion utilisé déjà 3500 ans avant notre ère : le cheval ?
La date est très ancienne, et elle est retenue grâce à la première preuve archéologique d’une domestication d’ « equus caballus », même si certains spécialistes n’hésitent pas à avancer la date de 8000 ans avant notre ère ! Voilà donc une entrée en matière saisissante pour une exposition qui, par son ampleur et sa très grande richesse, est une grande première pour l’institution culturelle parisienne.
Après tout, le Quai Branly se penche sur rien de moins que le continent unanimement considéré aujourd’hui comme le berceau de l’Humanité. Et un des moyens de parler de ce continent-origine serait d’en explorer l’Histoire au long des routes.
Car ces routes ont quelque chose à nous raconter. Elles ont vu passer des circulations inouïes, elles ont permis le passage de populations à l’intérieur des pays comme vers l’extérieur du continent. Le parcours temporaire du Musée du Quai Branly illustre d’ailleurs parfaitement ces flux à l’aide de cartes, de globes terrestres et de planisphères disséminés au long de l’exposition pour nous aider à mieux cerner l’importance de ces cheminements.
Des chronologies ont également été ajoutées au parcours, ces frises illustrant puis clarifiant la circulation de l’homme en Afrique des origines (c’est-à-dire entre –200 000 et –150 000) à la période contemporaine. Face à un sujet si vaste, un parcours chronologique était inenvisageable, d’où le choix d’une découverte thématique de l’exposition temporaire.
Après les routes et les moyens de transport, nous découvrons les villes, centres urbains qui font office de jalons de ces fameuses routes. Des artefacts divers comme des masques, des statuettes anthropomorphes ou encore des bustes en marbre témoignent de la puissance de certaines cités comme Nok ou la mythique Carthage, qu’on ne présente plus.
Après avoir admiré d’indénombrables statuettes, dessins à motifs géométriques, gravures et photographies du XIXe siècle, le visiteur passe dans une nouvelle section, celle-ci dédiées aux routes commerciales.
La balance commerciale était parfois inégale, le continent exportant beaucoup de ses ressources pour, parfois, peu recevoir, mais certaines cités parvinrent cependant à tirer leur épingle du jeu en commercialisant deux métaux prisés entre tous : l’or et le fer. En échange, les pays africains recevaient du sel, dont le sol du continent est pauvre. Le commerce de l’ivoire, aujourd’hui justement décrié, fait la joie des acheteurs chinois et indiens.
Quelques pas plus loin, et de magnifiques parures composées de perles bigarrées rappellent que l’Afrique est friande de perles, qui viennent de Venise ou du monde arabe. Celles-ci peuvent être en pâte de verre, en corail ou en cornaline. Suivront tout au long du parcours les routes spirituelles, les routes religieuses, les routes esthétiques, les routes coloniales et enfin, en guise de conclusion, une étape appelée « La nation des artistes ».
Cette ultime étape rappelle avec beaucoup de justesse que la redécouverte de l’art africain a nourri l’imaginaire des créateurs occidentaux de l’époque moderne… Mais ce cheminement est également inverse : les codes esthétiques de l’Occident sont partis vers l’Afrique et nourrissent aujourd’hui l’imaginaire de nombreux artistes de ce continent.
Décrire tout le contenu de cette nouvelle exposition temporaire serait beaucoup trop long et surtout inutile. Il est vain de chercher à préciser absolument toutes les richesses et les subtilités du parcours proposé par le Quai Branly jusqu’au 12 novembre prochain. Un seul conseil cependant : il faut aller voir cet accrochage, aussi instructif que nécessaire, à une époque où l’on peut encore entendre dire que l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire.
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