Article proposé par Exponaute

Le mystère des photographies perdues de Barcelone

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En 2001, un touriste américain en visite dans la ville de Barcelone acheta, sur un coup de tête, un ensemble de pellicules pour la modique somme de 3.5 euros, sur le marché aux puces de l’Encants. Cette personne pouvait-elle seulement se douter qu’elle venait de mettre la main sur un véritable trésor photographique ? Les images développées révélèrent en effet un ou une photographe de rue de talent, qui a saisi la vie espagnole des années 50 et 60. Reste maintenant à définir l’identité de l’artiste…
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© Las fotos perdidas de Barcelona, 2012 – 2017

Une petite fille assise, en chaussons de danse, adossée à un miroir tandis que sa monitrice s’occupe d’un autre petit rat de l’Opéra en herbe. Une vieille dame installée sans façon sur le trottoir, le dos courbé et les yeux plongés dans la lecture de son journal. Une enfant lovée dans les bras de sa mère, jetant un regard plein de mystère au photographe tout aussi mystérieux qui est en train, sans le savoir, de l’immortaliser.

Les images décrites ici font partie d’un ensemble de plusieurs dizaines de photographies qui ont été achetées il y a maintenant seize ans par un touriste américain, en visite à Barcelone. Pour 3.5 euros, celui-ci a fait l’acquisition de plusieurs enveloppes contenant une série de négatifs au cœur du marché de l’Encants, à Barcelone.

Ce n’est qu’il y a quelques années (en 2012, précisément) que le touriste, originaire de Seattle aux États-Unis, s’est décidé à faire développer tous ces négatifs achetés lors de son séjour en Espagne. Ce qu’il a découvert ne révèle pas du tout de simples photographies prises au hasard par un passant distrait, mais bien une oeuvre photographique exceptionnelle, bâtie  au cours des années 50 et 60 en Espagne.

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© Las fotos perdidas de Barcelona, 2012 – 2017

Un œil exceptionnel

Les angles, les moments décisifs, le sens de la composition, révèlent un grand, très grand photographe de rue. Seul bémol : le nom de l’artiste demeure nimbé d’un épais mystère…

Tom Sponheim, le découvreur de ces énigmatiques pellicules, a véritablement mis la main sur un trésor photographique, tout à fait par hasard. Un rapide coup d’œil à ces clichés en noir et blanc révèle en effet que le ou la photographe se cachant derrière ces images, pour le moment anonyme, était doté d’un sens artistique incroyable.

La gestion des mouvements, le souci accordé à la lumière, les cadrages sensibles, la volonté de réaliser de véritables chroniques de la vie espagnole de son époque… Toutes ces qualités sont l’apanage d’un grand photographe de rue, dans la lignée d’un Willy Ronis ou d’un Cartier-Bresson. Tom Sponheim n’a maintenant plus qu’une idée en tête : découvrir qui se cache derrière ces clichés argentique, définir si il ou elle est encore en vie, et sinon, restituer les photographies à la famille de l’artiste.

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© Las fotos perdidas de Barcelona, 2012 – 2017

Retrouver l’artiste

Récemment interviewé par la RTVE (Corporación Radio Televisión Española, la télévision publique espagnole), l’heureux découvreur des photographies a réaffirmé son intention de percer le mystère entourant ces beaux clichés. Nous sommes en effet là devant un inattendu morceau d’histoire, une peinture en argentique de deux décennies espagnoles, qui doivent absolument être attribuées à quelqu’un.

La quête de vérité est désormais relancée. En 2012, Sponheim avait en effet perdu espoir de voir ses recherches aboutir, jusqu’à ce que la presse espagnole s’empare brusquement de l’information, en ce début d’année 2017. Depuis, ce mystère est presque devenu viral, les journaux internationaux se faisant l’écho de ce récit digne d’un roman policier, et ravivant dans le même temps les espoirs du jeune homme.

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© Las fotos perdidas de Barcelona, 2012 – 2017

En quête d’indices

Ces photographies ont manifestement été prises, dans leur majorité, à Barcelone. Pas de véritable thématique précise dans ces photos. L’artiste s’est concentré sur le fait de saisir des tranches de vie de ces hommes, femmes et enfants croisés au hasard de la rue. Ce sont des instantanés de la vie quotidienne, des artisans les plus pauvres comme des classes les plus aisées.

On y rencontre ainsi indifféremment des religieuses, des enfants, des marchands, des personnes âgées, des pêcheurs… On les admire sur leur lieu de travail, au milieu de la foule, marchand le long des rues. Des archives historiques que l’heureux découvreur cherche maintenant à identifier. Afin d’être aidé dans sa quête, le jeune homme a ouvert une page Facebook où il a publié les images scannées.

Il espère ainsi que les internautes pourront peut-être découvrir un indice qui permettra de dévoiler le nom du photographe mystérieux. Pour le moment, un indice a été découvert au sujet de la photo de la petite fille en chausson de danse : le cliché a probablement été pris au sein de l’école de danse Magrina, à Barcelone.

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© Las fotos perdidas de Barcelona, 2012 – 2017

Un précédent heureux

Sur d’autres clichés, certains abonnés de la page Facebook pensent reconnaître le Parc Güell, la fontaine de Canaletes sur La Rembla… Mais sans inscription, ni date, ni plaque de rue, difficile de trouver des éléments probants sur ces photographies… Il ne reste plus qu’à espérer que cette histoire finira comme une autre situation similaire : celle des pellicules de Vivian Maier.

En 2008, un jeune agent immobilier américain nommé John Maloof acheta, lors d’une vente aux enchères, plusieurs caisses de pellicules non-développées. Une fois les images tirées, il découvrit un ensemble photographique en tout point exceptionnel, puis se lança à la recherche de l’auteur de ces clichés…  On vous raconte la suite de l’histoire (qui finit bien) ici.

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