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Georges Seurat, l’avènement du pointillisme

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Il y a précisément 157 ans, le 2 décembre 1859, naissait l’artiste Georges Seurat. Au cours de son existence mais aussi encore aujourd’hui, beaucoup de termes ont été utilisés pour désigner le travail du peintre disparu prématurément à l’âge de trente-et-un ans… Post-impressionnisme, chromo-luminarisme, divisionnisme, neo-impressionnisme… Lequel choisir ? Or, celui qui revient forcément le plus, et auquel on pense tous après un seul coup d’œil jeté à son travail, c’est bien celui-ci, puisqu’il en fut le défenseur le plus éclatant : le pointillisme. Retour sur la courte vie de ce créateur qui a bouleversé l’art de son temps.
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Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l’Île de la Grande Jatte, 1884–1886 © Institut d’art de Chicago

Né dans une famille aisée au cœur de la capitale, Paris, Georges Seurat débuta sa formation artistique au sein du célèbre établissement des Beaux-Arts, où il fut étudiant de 1878 à 1879. Cette formation achevée, il travailla avec acharnement à maîtriser la pratique du dessin en noir et blanc, avant de débuter à partir de l’année 1883 ce qui allait devenir un de ses chefs-d’œuvre : Une baignade à Asnières.

Une toile dont le jeune homme fut fier, très fier, estimant avoir réalisé là une peinture qui saurait flatter le regarde de ses contemporains. C’était sans compter sur l’approche bien trop moderne de son style… En effet, sa présentation au Salon fut une profonde désillusion pour le jeune artiste : l’institution rejeta la peinture, et ce refus marqua une rupture définitive entre Seurat et les établissements officiels.

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Georges Seurat, La Seine à la Grande Jatte – Printemps, 1888 © Musées royaux des beaux-arts de Belgique

Le jeune homme, à partir de cette date, se mit à fréquenter assidûment les artistes indépendants de son époque, comme Maximilien Luce, mais surtout Paul Signac, un personnage qui allait influencer profondément son style pictural. Seurat et Signac partageaient en effet le même regard sur l’innovation qu’était le pointillisme. Fort de cette nouvelle rencontre et de débats prolifiques sur une technique picturale étonnante, Seurat se sentit la force de commencer une peinture d’ampleur.

Ainsi, au cours de l’été 1884, Georges Seurat s’attela à la réalisation d’une toile célèbre, une toile que l’on lie automatiquement au nom de l’artiste sitôt aperçue : Un dimanche après-midi à l’Île de la Grande Jatte. Le jeune peintre pouvait-il seulement se douter qu’il avait réalisé là une œuvre qui changea drastiquement la trajectoire de l’art moderne, puisqu’elle inventa la peinture néo-impressionniste ? Car c’est un fait : l’œuvre fut bien tôt considérée comme une des icônes de la pratique picturale de la seconde moitié du XIXe siècle.

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Georges Seurat, La Seine à Courbevoie, 1885 © Collection particulière

À cette époque en effet, l’univers artistique découvrit la théorie des couleurs, une approche scientifique du domaine de l’art donc; alors qu’il y a encore peu, seuls les artistes s’intéressaient à la couleur. La science abordait peu la question. Or, Georges Seurat ressentit  très vite la conviction qu’un artiste se devait d’user de la couleur dans le but d’établir une harmonie et une émotion dans l’art. En se penchant sur l’application scientifique de la couleur, en étudiant les lois optiques et en détaillant la perception de la couleur par l’œil humain, Seurat tenta de produire un nouveau langage visuel : le chromo-luminarisme.

Par cette approche moderne, par cette quête d’une nouvelle voie artistique, Seurat incarna une nouvelle génération de peintres qui signèrent sans véritablement le savoir la fin du mouvement impressionniste. Fait étrange, ce changement opère un retour au travail plus intense fondé sur des recherches scientifiques, là où l’impressionnisme avait mis l’accent sur le ressenti, la spontanéité et l’immédiateté. Est-il seulement possible de jeter un pont entre peinture et physiologie ? Entre perception de la couleur et la psychologie ? Seurat en était intimement persuadé.

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Georges Seurat, Vue de Fort-Samson, 1885 © Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage

Ses toiles où les couleurs étaient divisées en points individuels qui interagissent entre eux se détachent donc de l’héritage de l’impressionnisme, qui se fondait sur l’instinct de la perception. Seurat au contraire, en utilisant le pointillisme, a fondé sa méthode de travail sur une justification scientifique précise.

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