Article proposé par Exponaute
438 000 euros. C’est là le montant des travaux qui ont été achevés hier soir dans l’église Saint Sulpice, en plein cœur du VIe arrondissement de Paris. 315 000 euros ont été versés par la Ville de Paris, 45 000 par l’État, tandis que le reste provient du mécénat via la Fondation du Patrimoine.
L’opération consistait en la restauration de trois peintures monumentales ornant la chapelle des Saints Anges : Le combat de Jacob avec l’Ange, Héliodore chassé du temple et enfin Saint Michel terrassant le dragon. Les deux premières réalisations (Le Combat de Jacob avec l’Ange avait été particulièrement célébré par Paul Gauguin et Maurice Denis) ont été réalisées directement sur les murs du lieu de culte, à l’huile et à la cire.
La troisième et dernière quant à elle, est peinte à l’huile marouflée sur toile et se trouve sur le plafond de la chapelle. Les peintures, qui s’étaient encrassées au fil du temps, ont désormais retrouvé tout leur éclat !
Maître d’ouvrage pour cette opération de grande ampleur, la COARC (Conservation des Œuvres d’Art Religieuses et Civiles) a rassemblé un comité scientifique pointu, dont de nombreux membres sont des spécialistes de l’œuvre peinte de Delacroix. Dix restaurateurs ont ensuite longuement travaillé à redonner des couleurs aux peintures assombries par le temps, sous la supervision d’Alina Moskalik-Detalle.
À noter qu’une restauration de ces œuvres avait déjà été réalisée en 1977, les peintures avaient donc « seulement » besoin d’être nettoyées, la pollution et la poussière ayant eu le temps d’exécuter leur lent travail de sape, en l’espace de trente-neuf ans. La réalisation des peintures aura demandé beaucoup de travail à Eugène Delacroix, à tel point qu’entre 1854 et 1861, l’artiste décida de s’installer à proximité de l’église, rue de Fürstenberg, où se situe de nos jours le Musée Eugène Delacroix.
Dominique de Fon-Réaulx, directrice du Musée Delacroix, s’est réjouie de cette restauration au micro de l’AFP, puisque les rénovations ont permis de retrouver « La gamme colorée, des nuances de vert absolument éblouissantes » mais également « les colonnes dans l’œuvre Héliodore chassé du temple ainsi que des nuances de couleurs dans la cuirasse du Saint Michel terrassant le dragon. »
Elle confie également avoir découvert « L’aube en train de se lever et qui n’était plus du tout visible. Aujourd’hui, on voit quelque chose en train de passer très subtilement du noir au mauve, au rose. » explique-t-elle, non sans une certaine émotion. Les peintures peuvent être considérées comme une sorte de testament spirituel et artistique, puisque l’artiste mourut en 1863, deux ans après l’achèvement des huiles. L’éclairage des œuvres a été également repensé, de sorte à en faciliter la lisibilité pour le public venu admirer les fresques.
Une bonne nouvelle donc, il ne reste plus qu’à espérer que la restauration des créations de Delacroix ne sera que le point de départ pour d’autres travaux urgents à réaliser au sein de l’église Saint Sulpice, dont les chapelles ont grandement souffert des outrages du temps qui passe.
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