Article proposé par Exponaute
La liste des grands noms rassemblés a de quoi faire tourner la tête à tous les photo-holic parisiens : Richard Avedon, Larry Clark, Philippe Halsman, Peter Lindbergh, Helmut Newton, Man Ray, Bert Stern, Daido Moriyama… Ils sont tous là, sans exception, ces grands artistes du noir et blanc, de l’argentique puis pour certains du numérique, qui ont fait les grandes heures de l’image et qui ont contribué, chacun à leur manière, à hisser la pellicule au rang d’œuvre d’art à part entière.
Si l’on est amateur de photographie, on pourra demeurer des heures dans le nouvel accrochage de la galerie Azzedine Alaïa. Un accrochage d’ailleurs à la scénographie quelque peu particulière, puisque les images exposées jusqu’au 26 février 2017 ont été organisées non pas selon un parcours thématique ou chronologique mais… alphabétique ! Pas moyen de se tromper donc dans ce labyrinthe composé de soixante-dix créateurs différents : si l’on cherche le travail d’un artiste en particulier, il suffira de se diriger vers la lettre de son nom de famille…
L’idée de ce choix scénographique ? Ne pas chercher à sur-interpréter une collection, mais bien la présenter au public avant tout pour ce qu’elle est : le goût d’une collectionneuse mise en lumière par la galerie Azzedine Alaïa.
Proche amie du couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa, Sozzani est une journaliste de mode italienne, figure immanquable de l’édition italienne du magazine Vogue. Passionnée bien sûr par l’univers de la haute-couture, elle l’est cependant également par celui de la photographie, une pratique indissociable de la mode. Au cours de sa carrière de journaliste, elle a ajouté à son CV les casquettes de galeriste mais aussi de collectionneuse.
En effet, cela fait quarante ans que l’influente femme rassemble des centaines de clichés, allant des balbutiements de la photographie aux plus récents shootings signés Peter Lindbergh. La collection est éclectique, c’est une évidence, et il est ainsi très difficile de définir si Carla Sozzani est animée d’une passion précise pour un style donné ou si elle achète les œuvres en fonction de ses centres d’intérêt du moment. La seconde option semble la plus probable.
Car en navigant d’une lettre à une autre, on croise tour à tour des portraits, des nus féminins, du photojournalisme, de l’abstrait, voire une assemblée constituée d’adorables Golden Retriever tous affublés d’authentiques Rolleiflex (le cartel ne précise pas si les boules de poils savaient les faire fonctionner…) !
Les visions proposées dans le parcours de la galerie Azzedine Alaïa sont donc plurielles. Certaines révèlent des regards photographiques étranges, quelque peu obscures et qu’il sera difficile d’appréhender si le visiteur curieux se révèle novice dans le monde de la photographie et c’est probablement le reproche principal que l’on peut faire à cette nouvelle exposition.
Celle-ci s’adresse donc probablement à un public qui sait ce qu’il va voir : une collection composée par et pour l’univers de la mode, qui correspond aux codes bien précis et souvent fuligineux de ce milieu qui donne un sens tout à fait différent de celui qu’on lui assigne traditionnellement. À bon entendeur, donc ! Amoureux de photographie et d’esthétisme au parfum d’étrange : courez-y ! Aux autres, l’exercice vaut probablement le coup d’œil.
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