Article proposé par Exponaute
Si l’on en croit le Louvre, le Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci était l’œuvre à être la plus recouverte de vernis de toutes ses collections… Rien d’étonnant donc à ce que, au fil des siècles, le tableau du peintre florentin se soit considérablement obscurci et jauni. C’est pourquoi au mois de janvier dernier, l’huile sur panneau avait été confiée au Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF), sous la direction du département des peintures. Pendant dix longs mois, les experts se sont donc attelés à précautionneusement rendre ses couleurs au Saint Jean-Baptiste qui était depuis trop longtemps plongé dans l’obscurité… La peinture sera à nouveau visible dans les galeries du musée à partir de mercredi prochain, 9 novembre, et sera donc la troisième réalisation de Léonard de Vinci à être restaurée par le Louvre en l’espace de cinq ans.
L’intervention principale a consisté à retirer la moitié de la quinzaine de couches de vernis qui avaient été apposées sur la peinture au cours des ans. L’amincir donc, mais pas la retirer totalement ! Ces couches s’étaient encrassées et oxydées, rendant la composition de l’œuvre illisible par un obscurcissement progressif. Aujourd’hui, grâce au savoir-faire des restaurateurs, la peinture a retrouvé de sa superbe : on voit de nouveau la peau de bête portée par le saint (qui est une fourrure de lynx et non de panthère comme on le pensait jusqu’alors), on admire les détails de sa belle chevelure bouclée, on découvre la croix de roseau portée par Saint Jean-Baptiste. Quant à la palette utilisée par De Vinci, très réduite, a enfin retrouvé ses couleurs éclatantes que le vieux vernis avait considérablement ternie. Les visiteurs du musée pourront également se délecter du fameux « sfumato », technique picturale utilisée avec une maestria inégalée par Léonard de Vinci, qui a retrouvé tout son moelleux !
Le Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci est une œuvre d’une grande délicatesse, aujourd’hui incontestablement considérée de la main du maître. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Cette attribution a en effet été longtemps mise en doute par des experts, qui considéraient d’un œil suspicieux la rigidité du bras droit et de la main tendue vers le ciel du saint. Aujourd’hui, les chercheurs penchent pour l’hypothèse d’une ancienne restauration malheureuse, datant de la seconde moitié du XVIe siècle, qui aurait enlevé plusieurs couches de glacis superficielles, donnant à cette partie de l’œuvre un aspect très dur.
Quoi qu’il en soit, cette restauration réussie est un argument de plus en faveur d’une éventuelle restauration de l’œuvre la plus connue du peintre de la Renaissance : la Joconde qui, elle aussi, mériterait bien un petit coup de propre ! Alors, affaire à suivre ?
Vous aimerez aussi
Carnets d’exposition, hors-série, catalogues, albums, encyclopédies, anthologies, monographies d’artistes, beaux livres...
Visiter la boutiqueÀ lire aussi
INSOLITE
Peinture à la flamme, sculptures brûlées… Ces artistes qui jouent avec le feu
Actu
Le tableau « le plus décevant au monde » bientôt déplacé dans une nouvelle salle ? Voire restitué à l’Italie ? Les rumeurs décryptées
Actu
Le biopic de Niki de Saint Phalle avec Charlotte Le Bon sélectionné au festival de Cannes 2024