Article proposé par Exponaute
Oskar Schlemmer, L’homme qui Danse, est le fruit d’une étroite collaboration entre Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou-Metz, et Raman Schlemmer, petit-fils d’Oskar Schlemmer, qui nous donne à voir dans le cadre de cette exposition de fabuleux trésors à la valeur historique et sentimentale inestimable, en hommage à celui qui révolutionna l’art de la scène et de la performance.
L’exposition est aussi le fruit d’une longue histoire, Emma Lavigne ayant par le passé orchestré deux expositions au sein desquelles elle présentait quelques-uns des costumes d’Oskar Schlemmer : à la Cité de la Musique (Electric Body) en 2003, puis au Centre Pompidou (Danser sa vie) en 2009. La volonté aujourd’hui était de présenter et de donner vie à cet ensemble de costumes-sculptures, dans un ballet complet, et de les mettre en correspondance avec tous les processus de pensée et de travail d’Oskar Schlemmer à travers une scénographie inédite.
En résonance avec l’œuvre scénique d’Oskar Schlemmer, le visiteur entre dans un espace ouvert et plongé dans l’obscurité. Face à lui, une immense scène de théâtre, sur laquelle se déploient plus d’une dizaine de costumes de scènes, qui tour à tour ont été soit costumes, soit sculptures, dans l’élaboration de l’œuvre éponyme d’Oskar Schlemmer : le Ballet Triadique. Aboutissement de dix années de recherche, cette danse est imaginée à partir de costumes polychromes mis en mouvement, condensant les réflexions d’Oskar Schlemmer sur un art de la scène moderne.
En effet, l’ambition d’Oskar Schlemmer n’est autre que renouveler la conception de l’art de son époque : il repense la place de l’homme dans l’espace, reliant les conceptions humanistes de la Renaissance et l’énergie de l’avant-garde ; un enseignement théorique qu’il délivre au cœur de l’Ecole du Bauhaus, motivé par la réconciliation de l’art, de la technique, de la modernité et de l’humanité.
A la manière de danseurs sur une scène, certains de ces costumes tournent sur eux-mêmes, et l’exposition devient à son tour une véritable scène de spectacle. Parmi cet ensemble fascinant de sculptures se trouvent notamment deux pièces originales, La Boule d’Or et la Dame Blanche, pour la première fois montrées en-dehors de Stuttgart.
Autour de ces sculptures ont été regroupées tout un ensemble de dessins, de croquis, d’esquisses condensant le processus de pensée d’Oskar Schlemmer depuis 1910. L’art de la performance étant un art de l’éphémère, de « l’ici et maintenant », il fut très peu photographié, surtout dans les années 10 ; néanmoins le visiteur découvre quelques archives photographiques et notamment, l’un des seuls extraits de film existant, 60 secondes de bandes ralenties, nous faisant revivre l’atmosphère de l’époque.
Aux abords de cette grande scène, des costumes, des croquis et des masques, l’installation de la Danse des cerceaux est recréée : démultipliant les cercles dans une sorte de cosmogonie fabuleuse et singulière, venant redéfinir l’espace ; une reconstitution qui permet de prendre la mesure de l’incroyable sens de la précision et de l’esthétisme des dispositifs scéniques imaginés par Oskar Schlemmer.
Fruit d’une synthèse entre la couleur, les formes et l’espace, l’art théâtral d’Oskar Schlemmer nous donne à voir un autre Bauhaus, qui au-delà de la célèbre école d’arts appliqués fut aussi le terrain d’expérimentations performatives et chorégraphiques, dont l’écho est encore perceptible aujourd’hui. Oskar Schlemmer, L’Homme qui Danse, nous convie à un grand spectacle, où l’on revit l’effervescence du Bauhaus, dans un esprit festif, enfantin parfois, comme une scène ouverte à toutes les expérimentations. En appui de l’exposition vient s’ajouter une programmation associée, en partenariat avec les danseurs du Ballet de Lorraine qui viendront jouer une chorégraphie pendant trois après-midi au cœur de l’exposition ; interagissant avec les œuvres, faisant naître sous nos yeux un véritable tableau vivant, en hommage à celui qui révolutionna l’art de la danse.
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