Article proposé par Exponaute
Avec pas moins de deux cents pièces exposées dans le nouveau parcours temporaire de la Bibliothèque François Mitterrand, on est en mesure d’attendre un passage en revue le plus complet possible des liens étroits entretenus par Richard Avedon avec la France. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ressort de l’exposition absolument ravis ! Photographe américain très vite salué pour ses talents de photographes de mode, collaborant avec Harper’s Bazaar alors qu’il a à peine plus de vingt ans, Richard Avedon noue de suite des relations très fortes avec l’Hexagone, revenant à de nombreuses reprises dans nos contrées.
Il en profite pour tirer le portrait aux personnalités artistiques les plus influentes de son temps, allant de Pablo Picasso à Bernard Buffet en passant par Alberto Giacometti et Marcel Duchamp. Mais les artistes ne sont pas les seuls à passer devant ses focales et quelques grandes figures du cinéma comme Jean Cocteau, Catherine Deneuve et François Truffaut prennent également un malin plaisir à se faire portraiturer par l’infatigable photographe américain à l’accent chantant.
C’est d’ailleurs cette étape du parcours, « Portraits Français », qui nous a indéniablement le plus réjouis. Avedon disait volontiers « Il n’y a pas de vérité en photographie. Et il n’y a pas qu’une seule vérité chez quelqu’un. Mes portraits sont davantage un reflet de moi-même que des personnes que je photographie. » Et on comprend pleinement cette approche lorsque l’on pénètre dans cette salle où, du sol au plafond, dans tous les sens, presque dans un désordre (voulu et maîtrisé, bien sûr) se confrontent les grands personnages de la vie culturelle, artistique et intellectuelle française.
Igor Stravinsky fait la moue, Marc Chagall grimace malicieusement, George Braque rit de toutes ses dents. Et on s’amuse à voir ces personnalités si célèbres s’amuser de leur propre image, prendre des poses improbables devant l’objectif d’Avedon, prenant un malin plaisir à se décrédibiliser le temps d’une séance photo. Placés en complément de ces portraits désopilants, des vitrines exposent de rares planches-contact annotés, gribouillés, cochés par Avedon ou l’équipe travaillant dans son studio. Une plongée passionnante dans le vivier artistique foisonnant qu’était l’esprit du photographe américain…
La seconde étape la plus émouvante de l’accrochage de la BNF s’avère celle consacrée à une publication devenue mythique dans les petits mondes de la photographie et de la presse : le magazine Égoïste. Richard Avedon avait un jour déclaré que cette parution était la seule à lui proposer une totale liberté d’expression, ce qui expliqua l’attachement de l’américain à ce magazine et le travail d’une grande créativité qu’il lui consacra. Entre 1985 et 2004, l’artiste participa à neuf numéros, au sein desquels il est possible de ressentir une véritable révolution dans son travail.
De son propre aveu, Avedon estimait tourner en rond dans sa démarche esthétique depuis quelque temps, et Égoïste aurait représenté l’occasion inattendue d’expérimenter, chercher, tenter, mais surtout : prendre énormément de plaisir à produire des photos originales et un brin décalées qui allaient orner la couverture et les pages de la parution. Nous sommes là face à de la photographie d’art, à n’en point douter. Marguerite Duras, Isabelle Adjani ou Gérard Depardieu démontre le goût de Richard Avedon pour la littérature, la comédie, le spectacle. Passionnés de photographie mais également d’art au sens large ? L’exposition « La France d’Avedon » n’attend plus que vous !
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