Article proposé par Exponaute
Qui était Carlf Gustaf Tessin ou plutôt, le comte Tessin, s’il vous plaît ? Homme politique du XVIIIe siècle, ce personnage mis cet automne à l’honneur par le Musée du Louvre était un diplomate, ambassadeur de Suède à Paris mais surtout un grand collectionneur d’art, qui mit sa fortune au service de la création d’un ensemble exceptionnel d’huiles sur toiles, gravures et dessins dont les plus belles pièces sont présentées aujourd’hui par l’institution culturelle parisienne. L’introduction à cet homme de marque se fait via ses premières acquisitions lors de son séjour en France, qui comptent un nombre important de peintures par François Boucher.
Élevé dans un milieu social très ouvert sur l’art, Tessin a bien rapidement manifesté un penchant prononcé pour les Beaux-Arts et a donc profité de sa position d’ambassadeur (et le confort financier qui va logiquement avec) pour acquérir régulièrement les œuvres qui lui plaisaient. Et c’est ainsi qu’il a livré un témoignage crucial sur les tendances esthétiques de son temps mais également sur son œil, très critique sur les artistes qui lui étaient contemporains.
Mais l’étape la plus saisissante du parcours du Louvre demeure probablement la deuxième partie de l’exposition (celle-ci se découpe en deux temps, de chaque côté de l’aile Sully), où l’on découvre le déroulement de la vente Crozat. Du 10 au 13 avril 1741, fut dispersée la collection de dessins du banquier Pierre Crozat ; une vente aux enchères que Tessin ne pouvait manquer sous aucun prétexte.
Sur dix-neuf milles feuilles qui se retrouvèrent dispersées cette année-là ( ! ), quelque 2057 furent acquises par l’ambassadeur suédois, passionné qu’il était de dessin mais aussi bien conscient de l’exceptionnelle finesse de la collection amassée au fil du temps par le banquier déchu. Et c’est d’ailleurs ces acquisitions qui allaient composer le cœur de son exceptionnelle collection exposées aujourd’hui au cœur du Musée du Louvre.
On a alors le bonheur de croiser des croquis de la main du maître de la Renaissance italienne Raphaël, un délicat portrait de femme signé Albrecht Dürer, une éclatante sanguine par Adriaen van de Velde ou encore une esquisse admirable de Rembrandt van Rijn…
La liste des noms illustres est bien plus longue (nous pourrions évoquer aussi le Titien, Siméon Chardin, Rubens, Van Loo…), plus saisissante et l’on prend un plaisir certain à admirer cette exceptionnelle galerie de talents réunis au Louvre. C’est d’ailleurs dans cette étape que l’on peut dénoter l’importance de la scène néerlandaise dans le goût français du XVIIIe siècle.
C’est donc une collection d’une qualité rare que l’on peut retrouver dans les murs du Musée du Louvre, grâce à cette exposition qui dure jusqu’au 16 janvier 2017. Que le visiteur ne craigne pas de se perdre dans les méandres des passions diverses et variées de Carl Gustaf Tessin ! Le musée parisien a pensé à tout et a ainsi concocté un cheminement muséal chronologique mais également thématique.
On navigue donc de la peinture française (Oudry, Natoire mais surtout François Boucher dont Tessin était un ami intime…) au cabinet d’art graphique en passant par toute une section dédiée au goût nordique. Certaines œuvres sont en tous points spectaculaires, mais le visiteur ne se voit pas seulement offert une plongée dans le sens esthétique d’un homme politique influent dans son siècle : c’est également une occasion idéale de mieux comprendre le fonctionnement du marché de l’art au cours du XVIIIe siècle. Nous sommes donc là face à un accrochage plein de bonnes surprises !
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