Article proposé par Exponaute

Beauté, naissance et renaissance du Mexique moderne, le voyage passionnant du Grand Palais

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Jusqu’au 23 janvier prochain, le Grand Palais présente une exposition riche et ambitieuse qui offre au public français le portrait intense d’une culture en pleine construction : l’avant-garde mexicaine. Sobrement intitulée Mexique 1900–1950, l’exposition explore la façon dont le Mexique a su cimenter sa fraîche identité nationale et républicaine et faire face à d’intenses conflits sociaux par la culture. Rivera, Orozco, Siqueiros, Frida Kahlo… Mais pas seulement. 

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Attention, attention. Avant d’aborder ici l’exposition tant attendue que le Grand Palais consacre en cette fin d’année à la peinture mexicaine de la première moitié du XXème siècle, il est nécessaire de préciser une chose. A suivre les affiches, les annonces et même le sous-titre de l’exposition, on s’attend surtout à des figures majeures, à savoir les trois grands (Rivera, Orozco et Siqueiros) et l’inévitable Frida Kahlo, l’éternelle idolâtrée. Et pourtant, dans un élan d’ouverture qui semble alors quelque peu paradoxal, l’exposition est claire : « l’arbre Frida Kahlo ne doit pas cacher une forêt de personnalités extraordinaires ». C’est donc bien aux arbres (et arbustes) de cette forêt là que l’exposition est consacrée dans un accrochage équitable qui brosse le portrait d’une culture naissante à travers un ensemble très riche de ses principaux acteurs.

Traditions et avant-garde européenne

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Angel Zarraga, La Femme et le Pantin, 1909 © DeAgostini/Leemage, Adagp, Paris 2016

Passé ce jeu des têtes d’affiches (« t’as vu l’expo Frida Kahlo ? »), arrive le sujet principal et passionnant de cette exposition événement dont la taille correspond à la vastitude de ce dont elle traite : la construction de l’identité culturelle mexicaine. En 1867, la République est restaurée au Mexique, un Etat et un régime encore fragiles qui, un peu à la manière du Second Empire et de Napoléon III, cimente son identité et son image à travers le rayonnement de la culture.

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Tiburcio Sanchez de la Barquera, Portrait de la famille, 1867 © INBA/Museo Nacional de Arte/ Francisco Kochen

Parallèlement et un peu paradoxalement, le Mexique tient également à marquer sa présence à l’international en contribuant, à travers l’Académie de peinture San Carlos, à envoyer ses artistes prometteurs en Europe et, notamment, à Paris. Ainsi le début de l’exposition est-il un florilège de références, rassemblant les recherches d’une avant-garde aux inspirations hybrides et captivantes. Des objets et des images traditionnelles mexicaines, les artistes retirent leur inspiration propre, leur identité couplée à des techniques apprises en Europe. On reconnait Modigliani, Picasso et des techniques qui nous familières dans des paysages nouveaux, des situations qui parleront au Mexique de l’époque.

Los tres grandes

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David Alvaro Siqueiros, Autoportrait (le grand colonel), 1945 © INBA/Museo Nacional de Arte

La Révolution violente qui saisit le Mexique entre 1910 et 1920 donne à la peinture et l’art mexicain une tonalité nouvelle, pleine d’engagement et de puissance. Ainsi ont émergé « les trois grands », Orozco, Siqueiros et Rivera (futur mari de Frida Kahlo, de 21 ans sa cadette), développant leur propre langage, leur propre identité et leur propre avant-garde. Par leur connaissance respective des expérimentations européennes et, surtout, par leur volonté de s’en détacher pour créer un style propre et la puissance politique de leurs œuvres, les trois artistes font parler d’eux au-delà des frontières mexicaines, dans le monde entier au point de représenter une école dont plusieurs autres membres, moins connus en Europe et en France, apparaissent également dans l’exposition. Par ailleurs, l’exportation de cette école mexicaine est merveilleusement illustrée au Grand Palais à travers le prisme des commandes venues des Etats-Unis, où les œuvres d’artistes mexicains s’épanouissent.

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Frida Kahlo, Les deux Frida, 1939 © INBA/Museo Nacional de Arte/ Banco de Mexico D. Rivera F. Kahlo Museums Trust/ Adagp, Paris

La richesse des styles, des inspirations et, il faut le dire, la beauté remarquable de la culture de ce Mexique-là, flamboyant, naissant et très expressif face aux épreuves qu’il traverse nous plongent dans la naissance d’une identité culturelle nouvelle et absolument passionnante. En accordant la place qu’ils méritent aux grands peintres mais aussi aux noms plus discrets, le Grand Palais nous offre un voyage profond dans un art qui se créé, apparaît, se développe et évolue.

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Maria Izquierdo, Autoportrait, 1946 © Galeria Arte Actual, Camilo Garza

Ainsi « les trois grands » sont bien présents, entourés de nombreux autres membres de cette nouvelle école mexicaine. Ainsi Frida Kahlo est là, entourée de ces « femmes fortes » qui ont joué un rôle capital dans la reconstruction de la culture du Mexique post-révolutionnaire (dans la lutte armée comme dans les arts, par le mécénat ou par la pratique de la peinture). S’il faut venir, et il faut venir, ce n’est pas pour voir et revoir des peintres déjà bien connus du public européen mais pour les redécouvrir dans le contexte culturel et social de l’époque, accompagnés d’autres artistes, d’autres mouvements. Car c’est ensemble qu’ils ont contribué à la Renaissance de l’art mexicain.

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