Article proposé par Exponaute

Oscar Wilde : le portrait émouvant de l’impertinent absolu au Petit-Palais

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Le musée du Petit Palais organise en cette rentrée ce qui est probablement l’un des grands événement culturel de la fin de l’année : une grande exposition consacrée à Oscar Wilde. Tableaux, photographies exceptionnelles et manuscrits (celui de Dorian Gray, entre autres), l’exposition intitulée L’impertinent absolu suit les traces de ce poète dandy, de ses premiers contacts avec les arts jusqu’à sa mort, en 1900.
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The Cameron Studio, Portrait de Constance et Cyril Wilde, la femme d’Oscar Wilde et son fils, 1889 (Collection Merlin Holland).

Plus qu’un hommage, plus qu’un portrait, c’est une rencontre. Jusqu’au 15 janvier prochain, le Petit Palais accueille une grande exposition consacrée à un artiste exceptionnel, un poète, esthète, dandy dont le destin fait toujours beaucoup parler plus d’un siècle après sa mort. Cet artiste, c’est Oscar Wilde. Si les britanniques l’avaient fait, il y a 16 ans, à l’occasion du centenaire de sa disparition, L’impertinent absolu est la première exposition d’envergure que la France consacre à ce poète dont elle est proche, à Paris, ville qui l’a vu disparaître et dans laquelle il repose, au cimetière du Père Lachaise.

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Evelyn Pickering, La Nuit et le Sommeil, 1878 / De Morgan Foundation

Alors que le Musée de la Vie Romantique a choisi d’évoquer, en cette rentrée, le Baudelaire critique d’art, le Petit Palais nous offre un portrait extrêmement complet de l’écrivain irlandais, à travers son oeuvre, son caractère, ses proches, ses relations et les péripéties de sa vie, illustrées par tous types de pratiques artistiques. Le parcours de l’exposition est chronologique autant qu’il est thématique : on fait connaissance avec le jeune Oscar Wilde, on le suit à New-York et on traverse, en même temps que lui, les épreuves difficiles tristement célèbres qui l’attendent.

Le jeune critique d’art

Pour découvrir le jeune Oscar Wilde, on découvre en peinture ses parents, son entourage et même ses éminents professeurs ( Walter Pater et John Ruskin): les portraits nous regardent avec bienveillance, avec sagesse, avec sérieux. Nos premiers pas dans l’exposition sont donc les premiers pas d’Oscar Wilde, notre regard est le sien, sur ses parents, sur son apprentissage et ses premières sensations esthétiques. Ce regard s’intensifie et avec lui notre relation avec le poète : face au Saint-Sebastien de Guido Reni, le texte d’un jeune homme s’ajoute à notre expérience. C’est Oscar Wilde, en voyage, ému par un tableau, ce même tableau qui, un siècle plus tard se trouve ici devant nos yeux. Ainsi Oscar Wilde fit-il ses débuts en tant que critique d’art, prémices de sa renommée.

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Napoleon Sarony, Portrait d’ Oscar Wilde, 1882 (© Bibliothèque du Congrès, Washington).

Mais c’est paradoxalement grâce à un voyage (qui éloigne Oscar Wilde de l’Europe) que la relation entre le poète du XIXème et nous, visiteurs passionnés du XXIème siècle, se resserre. Aux Etats-Unis,donc, où Oscar Wilde est missionné pour une grande tournée de conférences sur le thème du « Beau », qu’il présentera devant un public extrêmement varié, de la côte Est à la côte Ouest, des Mormons de Salt Lake City aux Indiens de Sioux City.  Dans la peau d’un aventurier des arts et de la beauté, Oscar Wilde adopte une tenue d’esthète très travaillée et une véritable attitude de dandy. C’est ainsi qu’à peine arrivé à New-York, il se jette sur l’objectif de Napoléon Sarony, photographe dont la réputation n’est plus à faire. Dans toutes les postures, avec toutes sortes d’accessoire, il nous apparaît, là, toujours très à son avantage, dans un shooting photo complet que l’on peut admirer pour la première fois dans son intégralité. Face au succès de ses conférences et à la force évocatrice des photos, celles-ci seront utilisées, à son insu, et détournées à des fins publicitaires.

Carte de visite

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Henri de Toulouse-Lautrec, Panneau pour la baraque de la Goulue, à la Foire du Trône à Paris, Paris, musée d’Orsay.

Après l’homme, après l’esthète, arrive l’écrivain. Difficile de l’éviter, le Petit Palais ne se prive pas : Le Portrait de Dorain Gray, le vrai, l’original, le seul et unique roman de son auteur qui nous est livré dans sa forme la plus intime : le manuscrit. Car outre son visage, sa vie, l’exposition présente aussi un grand nombre de textes, de poèmes et de notes manuscrites de la main d’Oscar Wilde ou de ceux qui ont changé sa vie. C’est notamment le cas d’une petite carte de visite, a priori anodine, signée lord Queensberry.

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La carte de visite laissée par le Marquis de Queensberry / Richmond National Archives.

Sur cette carte, déposée au club que fréquente Wilde, des propos injurieux visant directement son orientation sexuelle. Wilde porte plainte mais la retire. Trop tard. Le fameux Lord Queensberry insiste auprès du ministère public, Oscar Wilde est lui-même accusé d’actes obscènes et d’immoralité concernant son oeuvre. Cette carte de visite aujourd’hui exposée est celle qui l’envoya en prison. L’exposition nous conduira jusqu’à la fin de la trop courte existence du poète, après avoir brossé son portrait (oui on ne dresse pas un portrait, on le brosse) de manière intense et complète, grâce à des tableaux, des objets, des mots et des témoignages (celui de son petit-fils en fin d’exposition) rassemblés pour la première fois à Paris. Un pèlerinage nécessaire pour les connaisseurs, une découverte indispensable pour les autres.

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