Article proposé par Exponaute

Une rare statuette de la période néolithique découverte intacte en Turquie

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Selon les propres mots du ministère de la Culture turc, tout dans cette découverte archéologique est proprement exceptionnel : l’état de conservation, le matériau utilisé, la représentation… Retrouvée au sud de l’Anatolie, cette sculpture probablement réalisée entre 8000 et 5500 avant Jésus-Christ serait très probablement un artefact utilisé pour des rituels religieux…
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© Çatalhöyük Research Center

C’est une petite figurine faite dans une pierre ressemblant à du marbre, pesant un kilo et mesurant dix-sept centimètres. Elle a été retrouvée sur le site néolithique de Çatalhöyük, en Turquie. Les archéologues ont découvert l’objet soigneusement enterré sous une plateforme, dans ce qui constitue les restes d’une habitation.

Il y a près de neuf mille ans, une ancienne ville du nom de Çatalhöyük s’est développée pendant un millénaire. D’une population de 5000 personnes à son apogée, la ville était constituée de maisons et de temples en briques savamment recouvertes de peintures et de fresques. Cette cité de l’Anatolie, qui désigne aujourd’hui la partie orientale de la Turquie, rayonnait culturellement et devait sa prospérité à sa situation idéale sur les routes commerciales.

Depuis plusieurs mois maintenant, des équipes d’archéologues s’affairent sur ce qui est un chantier très important et ont eu la chance de faire une découverte d’une grande rareté… Une petite vénus, toute blanche, ces fameuses figures de femme aux formes généreuses et au ventre proéminent qui aurait presque pu, au même titre que les masques africains ont influencé Modigliani, être une potentielle source d’inspiration antique pour Fernando Botero !

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© Çatalhöyük Research Center

Des « Vénus » très répandues

Plus sérieusement, ce n’est pas la première fois que des statues féminines de ce type sont retrouvées en Anatolie, mais c’est la première fois que les chercheurs en retrouvent une dans un état de conservation aussi optimal ! Taillée dans le marbre, la statuette attendait depuis 8000 ans dans le sol de ce site néolithique, jusqu’à sa découverte à la fin de l’été par l’équipe d’archéologues menée par Ian Hodder, qui dirige les opérations sur ce site de fouilles depuis les années 1990.

Pendant très longtemps, on a cru que ces « Vénus »  que l’on retrouve un peu partout en Europe (du bassin méditerranéen à la Sibérie en passant par la région du Danube) étaient des représentations de déesses-mères, tendant par-là à prouver que les cultures de ces temps passés étaient matriarcales. Mais en l’absence de sources précises, il est très délicat d’affirmer ou infirmer cette hypothèse. D’autant que les statuettes féminines d’Anatolie étaient souvent retrouvées dans des restes de foyers ou dans des amoncellements de débris divers… drôle de traitement pour une statuette supposée l’objet d’un culte !

Cette trouvaille implique donc que les statuettes étaient sculptées, utilisées d’une façon qu’on ignore encore, puis… jetées ! Le fait qu’elles ont toutes en commun l’absence de base stable prouve qu’elles n’avaient pas pour but d’être exposées. Étaient-elles transmises de main en main, portées dans un vêtement comme un porte-bonheur ?

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© Çatalhöyük Research Center

Un cas particulier

Cependant, la statuette qui nous occupe dans ce cas précis n’a justement pas été retrouvée parmi des débris, mais bel et bien protégée dans une niche enterrée sous une maison ; ce qui témoigne de son importance particulière. Aujourd’hui, les archéologues penchent pour une représentation d’une personne importante de la ville, comme une ancienne, une sage ou une personne dotée de pouvoirs politiques. En effet, les corps pleins de rondeurs de ces femmes ne sont pas ceux de très jeunes filles. Les poitrines tombantes, les ventres affaissés tendent plutôt à suggérer des personnes déjà âgées, leurs formes tendant à représentant leur sagesse ou leur influence sur le village ou la communauté.

Le site de Çatalhöyük a été découvert en 1958 en Turquie et est inscrit au Patrimoine de l’Unesco depuis 2012. Cette proto-cité livre aux scientifiques des informations très précieuses sur le développement sédentaire des populations durant la période du néolithique (de 9000 avant J-C à 3300 avant J-C). Si l’âge de la petite statuette est impressionnant, elle est pourtant loin d’être la plus ancienne parmi les « vénus ». Celle à qui revient ce titre est la Vénus de Hohle Fels, découverte en 2008 en Allemagne. Les scientifiques estiment son âge à environ… 35 000 ans !

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