Article proposé par Exponaute
En 2017, on fêtera les cent cinquante ans de la disparition du poète, mort prématurément à l’âge de 46 ans. Aussi le musée de la Vie Romantique prend-il un peu les devants, en dédiant son nouvel accrochage temporaire à cette figure immanquable de la littérature française. Car Baudelaire, on l’ignore trop souvent, a été critique d’art. C’est d’ailleurs l’entrée par cette « petite porte » qui lui a permis de faire ses premiers pas dans le monde des Lettres à partir de 1845, en rendant compte des expositions et salons parisiens dans des ouvrages de critiques d’art.
On comprend alors mieux le titre de la nouvelle exposition : « L’œil de Baudelaire ». Et cet œil, le visiteur est invité à le suivre dans un parcours qui mêle les deux approches, chronologiques et thématiques : les phares, le musée de l’amour, l’héroïne de la vie moderne et enfin, le spleen de Paris.
L’exposition du musée de la Vie Romantique se vit comme une véritable promenade au beau milieu d’un siècle en pleine effervescence, où les modes, les mouvements, se font et se défont avec ardeur, à un rythme effréné. Baudelaire se place à la toute fin du mouvement du Romantisme, à une époque où Alphonse de Lamartine et Victor Hugo se consacrent davantage à la politique qu’à la plume.
Alors on se laisse guider par les mots de Baudelaire, son poème Les Phares est un cri du cœur alors que le Romantisme est peu à peu en train de disparaître. Que craint l’écrivain ? Que la période soit propice au retour au Classicisme, ce que l’écrivain refuse. L’auteur fête donc Rembrandt, Goya et Brueghel, mais de son époque, il n’y a bien qu’Eugène Delacroix qui trouve grâce à ses yeux.
D’une salle à une autre, d’une gravure à une autre, on découvre l’univers esthétique de l’écrivain, les peintres qui trouvent grâce à ses yeux, son rejet presque épidermique de certaines nouveautés, qu’elles soient d’ordre artistique ou technologique. Ary Scheffer est l’objet malheureux des foudres du poète qui ne reconnaît pas les avancées picturales de l’artiste. Un peu plus loin, on peut lire un texte où il égratigne allégrement cette toute nouvelle pratique qu’est la photographie.
Selon lui, cette invention n’est pas promise à un grand avenir, puisqu’elle ne parviendra jamais à arriver au niveau de la création, de l’imaginaire et de la fantaisie propre aux artistes. Pourtant, l’écrivain n’en est pas à une contradiction près et il n’hésite pas à prendre la pose pour son ami Félix Tournachon (plus connu sous le pseudonyme de Nadar) quand celui-ci insiste pour lui tirer le portrait.
Toujours est-il que la visite de l’exposition est une formidable navigation parmi les flots artistiques de l’époque de Baudelaire. D’une salle à une autre, il est possible d’admirer des œuvres du grand Eugène Delacroix, des peintures de Gustave Courbet (son portrait de Baudelaire au travail, la plume à la main, est impressionnant) mais aussi quelques gravures de Goya exposées en fin de parcours.
On découvre donc, à travers cette sélection d’œuvre, un Baudelaire curieux de nouveauté mais également effrayé par l’industrialisation et l’essor du monde moderne. Lui-même ne savait pas véritablement quelle définition donner au terme de « Modernité ». Mais cette hésitation constante a nourri son approche esthétique, ses goûts divers, et surtout sa grande curiosité.
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