Article proposé par Exponaute

Rembrandt intime : un portrait exceptionnel et précieux au musée Jacquemart-André

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On l’attendait depuis plusieurs mois, le jour J est enfin arrivé : l’exposition Rembrandt intime du musée Jacquemart-André est ouverte, et ce jusqu’au 23 janvier prochain. En présentant des tableaux venus du monde entier, le musée parisien nous offre ici le portrait unique et précieux d’un artiste majeur, à la fois sublime et émouvant. Probablement l’une des expos immanquables de la rentrée. 
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Rembrandt, Parabole de l’homme riche, 1627 © bpk / Gemäldegalerie, SMB/ Jörg P. Anders

Difficile de se tromper. Lorsqu’on décide d’organiser une exposition  avec ne serait-ce qu’un peu de Rembrandt dans l’histoire, difficile d’être totalement à côté de la plaque. Alors lorsqu’il s’agit de beaucoup de Rembrandt (et même, ici, seulement Rembrandt), on accroche, on admire et on savoure. Grâce à des prêts venus du monde entier, des institutions culturelles les plus prestigieuses, du Rijkmuseum d’Amsterdam, de la National Gallery de Londres, du Louvre et Kunsthistorisches Museum de Vienne en passant par le musée de l’Ermitage de Saint-Saint-Petersbourg, l’exposition Rembrandt intime du musée Jacquemart-André est l’un des événements incontournables de la rentrée.

Tout a commencé avec trois tableaux : trois chefs-d’œuvres  de la collection du musée qui, par leur seule présence, allait justifier une exposition, un portrait intime du portraitiste qui susciterait un engouement international pour faire venir à Paris tout un pan de son oeuvre. S’ouvre donc aujourd’hui cette exposition, forte d’une vingtaine de tableaux et d’une trentaine d’œuvres graphiques, qui couvre une grande partie de la carrière de l’artiste et des techniques différentes, différents aspects de son incroyable génie.

Main levée

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Rembrandt, Cours d’eau aux rives boisées, 1652–56 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/ Thierry Le Mage

Jusqu’au 23 janvier prochain, le musée Jacquemart-André nous offre donc une rencontre précieuse avec ce Rembrandt-là, intime, à plusieurs niveaux. Intime dans sa pratique du dessin et de la gravure, dans des formats plus modestes, des esquisses, des études préparatoires qui nous présentent avec délicatesse les traits d’un artiste qu’on devine derrière chaque coup de plume, plus impulsif et personnel que dans la perfection de ses œuvres phares.

Et pourtant, la perfection, elle est bien là, dans cette vérité qui fait du croquis d’une vendeuse de crêpe la plus belle des scènes de genre, dans ce regard qui donne à un personnage dessiné en trois coups de plume une profondeur infinie où l’on se perd presque inconsciemment. Car chez Rembrandt, même les petits formats sont gigantesques.

Lumière

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Rembrandt, Le Repas des pèlerins d’Emmaüs, 1629 © Paris, musée Jacquemart-André – Institut de France / Studio Sébert Photographes

La trentaine d’œuvres graphiques (dessins, gravures…) traverse les époques, du travail de jeunesse d’un artiste rapidement reconnu comme l’un des plus grands génies de son époque à ses dernières œuvres, dans les années 1650. C’est également le cas en ce qui concerne la peinture. Répartis dans les huit salles de l’expositions, les tableaux de Rembrandt apportent eux aussi de l’eau au superbe moulin de son intimité. D’entrée d’expo, l’un de ses nombreux autoportraits nous le présente physiquement, touchant, lumineux (« c’est donc toi ») accompagné d’un dessin poignant représentant sa mère et d’un autre sur lequel figure celui que l’on pense être son père.

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Rembrandt, Vieil homme en costume oriental1632 © The Metropolitan Museum of Art

S’ensuit la perle de l’accrochage brillant et sentimental de Jacquemart-André : Le repas des pèlerins d’Emmaüs, l’une des trois œuvres de la collection du musée, présentée aux côtés de la Parabole de l’homme riche. A gauche, la lumière du Christ se révélant aux pèlerins éblouis, à droite celle d’une bougie : deux chefs-d’œuvres incontournables de l’Histoire de l’art dont la variété des spectres lumineux serait presque aveuglante. Les superlatifs seraient trop faibles, la description inutile, on ne saurait que vous conseiller d’y faire un tour.

Difficile de ne pas être admiratif devant L’annonciation aux bergers (coup de cœur personnel), une gravure noire et lumineuse, puissante dans sa technique, son symbole et son sentiment. Dans les portraits qui suivent, l’artiste se dévoile à travers ses modèles : ici il représente Saskia, sa première épouse, en déesse romaine, là un homme dont on dirait qu’il est l’incarnation du mot « puissance » en costume oriental (accessoire dont Rembrandt raffole et avec lesquels il aime représenter ses modèles), chaque toile est unique, on y reconnait pourtant systématiquement l’artiste.

L’amour dans le regard

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Rembrandt, Titus lisant,  1656–58 ©KHM Museumverband

En compagnie du fameux Docteur Tholinx, l’entourage de Rembrandt se dévoile à la fin de sa vie, à la fin de l’exposition. On y voit Titus, son fils, dont la naïveté enfantine entrera dans l’Histoire, sublimée par un amour paternel quasi transcendantal, accompagné du portrait d’un fillette anonyme dont l’intensité nous donne l’agréable conviction qu’il s’agirait de celui de sa fille. On se sépare de tout se beau monde avec la fulgurance unique chez Rembrandt d’un rouge amoureux : celui du portrait de sa dernière épouse au charme hypnotique et à la douceur ardente. Nous y étions, dans l’intimité créative et sentimentale de l’un des plus grands, dans le secret d’un monument de l’Histoire de l’art, dans la majesté de la délicatesse. Et on y retournerait bien.

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