Article proposé par Exponaute
Les amateurs le connaissent pour son travail de bande-dessinée (notamment, Le chat du rabin), le grand public pour son film Gainsbourg, vie héroïque, aujourd’hui, Joann Sfar se découvre au musée. Et pas n’importe lequel : l’Espace Dalí, à Montmartre, qui lui a offert carte blanche pour créer, autour des œuvres sublimes de sa collection, un dialogue imaginaire et très contemporain.
En résulte une exposition/histoire où se côtoient trois acteurs et trois pratiques : les sculptures surréalistes de Salvador Dalí, 200 dessins originaux signés Joann Sfar et quatre créations de Haute-couture de Schiaparelli qui ont inspiré l’un et l’autre. Pour évoquer Dalí, Sfar a donc imaginé tout un récit dessiné, qui paraîtra aux éditions Rue de Sèvres, dont les dessins préparatoires constituent le cœur de l’exposition.
Pour concrétiser sa rencontre avec celui qui, depuis l’adolescence, a été son maître à penser, Joann Sfar a imaginé un scénario dont on aperçoit les méandres dans l’exposition. Seabearstein est un artiste contemporain qui décide de sortir de son exil pour réaliser un projet un peu fou : réanimer Salvador Dalí dont le corps a été cryogénisé. Pour se faire, une solution : s’enfermer dans un manoir coupé du monde, de notre monde, accompagné de quatre modèles de haute-couture qui recomposeront certains de ses tableaux. On y est, Sfarr, Dalí et les quatre créations d’Elsa Schiaparelli.
Joann Sfar réinterprète donc avec ses personnages plusieurs œuvres de Dalí, dont certaines versions sont exposées : L’éléphant spatial, la Femme en flammes…. Comme il dessine les robes de haute-couture merveilleusement accrochées (coup de cœur pour la robe trompe-l’œil). Mais l’histoire ne s’arrête pas là : alors qu’il est coupé du monde en compagnie des quatre modèles, Paris est victime d’un terrible attentat, réalité difficile et tristement contemporaine à laquelle l’artiste devra se confronter à la fin de son trip mystique en compagnie de l’artiste revenu à la vie. La suite est à découvrir dans Fin de la parenthèse, l’album à paraître en marche de l’exposition.
Pour faire vivre au visiteur un voyage à la hauteur de celui que va connaître son personnage, Joann Sfar a fait appel à plusieurs de ses connaissances, scénographes et musiciens. C’est notamment le cas d’Olivier Daviaud, compositeur, entre autres, des musiques des films de Joann Sfarr, qui a une nouvelle fois collaboré avec l’artiste pour réaliser une bande-originale plutôt réussie diffusée dans l’exposition qui devient rapidement un spectacle, une atmosphère, un environnement plutôt fidèle à l’esprit de Dalí.
Si les dessins ont parfois du mal à véritablement dialoguer avec les œuvres magnifiques de Salvador Dalí (qui a elles seules valent le détour), la carte blanche offerte par le musée a le mérite d’être un hommage personnel et original à l’artiste qui lui donne son nom. C’est la première fois que Joann Sfar s’essaye à un travail muséal, à une exposition, ainsi a-t-il décidé de s’en tenir à ce qu’il sait faire, à une histoire prenante, un scénario peut-être à peine trop dépendant de la bande-dessinée qui l’accompagne. Mais la démarche a le mérite d’être originale.
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