Article proposé par Exponaute
Peu d’éléments nous sont parvenus sur les circonstances exactes de la mort de van Gogh. Les personnes qui le connaissaient bien à Auvers-sur-Oise (le propriétaire de l’auberge Ravoux, le Dr. Gachet…) rapportent que Vincent se serait éloigné sur les hauteurs d’Auvers-sur-Oise, marchant jusqu’à ce champ de blé qu’il aimait tant peindre, avant de se tirer un coup de pistolet dans le thorax. Le tir malheureusement, n’est pas mortel. Et c’est gravement blessé que le peintre s’est péniblement traîné jusqu’à sa chambre de l’auberge Ravoux. L’artiste mettra un peu moins de deux jours à expirer, dans les bras de son frère Théo accouru de Paris.
Coup de folie ? Geste de désespoir suite à une lettre de son frère cadet lui annonçant ses soucis financiers et sa probable incapacité à continuer à entretenir son aîné ? Les hypothèses se sont multipliées avec les années dont celle, plus récente, avançant que van Gogh se serait fait tirer dessus par un habitant du village, qui voyait d’un mauvais œil cet original peindre des tableaux étranges.
Le Musée van Gogh, en présentant au public le squelette métallique d’un petit pistolet retrouvé dans le champ de blé d’Auvers-sur-Oise tend à balayer ce dernier postulat qui commençait à se répandre depuis quelques années. Ce petit calibre (7mm) qui tient dans une poche aurait été retrouvé tout récemment dans le champ où le peintre néerlandais a attenté à ses jours.
Il ne reste que la structure métallique, effroyablement rouillée, de ce pistolet de type Lefaucheux à broche dont la détonation est peu puissante. C’est ce qui expliquerait que le coup de feu n’a pas tué van Gogh sur le coup, la balle allant se loger dans la plèvre de l’artiste et ne le tuant qu’au bout d’une agonie d’une trentaine d’heures.
Jusqu’à encore très récemment, l’acception généralisée était que Vincent van Gogh, lors de son passage à Arles où il partageait son atelier avec Paul Gauguin, s’était tranché le lobe d’oreille à l’aide d’un rasoir, suite à une violente dispute avec son ami peintre. De cette mutilation, on ne garde que le saisissant Portrait à l’oreille bandée, réalisé en 1889, témoignage déchirant de ce qu’un homme peut aller jusqu’à s’infliger lorsque le désespoir, ou la folie, s’empare de sa raison chancelante. Cette idée répandue, elle aussi, se trouve mise à mal par un document récemment exhumé à Arles : une lettre rédigée par le docteur Félix Rey, qui s’est occupé de Vincent van Gogh après sa mutilation.
La feuille d’ordonnance livre une esquisse de l’étendue de la blessure que s’est infligé l’artiste et confirme que le peintre ne s’est pas coupé seulement le lobe comme on le pensait, mais s’est bien tranché, furieusement, l’oreille gauche entière. Trancher un bout de chair comme un lobe est relativement aisé. Couper une oreille, faite de cartilage, est une tâche bien plus ardue ; révélant par là toute l’horreur du geste, tout le déchaînement de violence que van Gogh était capable de faire montre lors de ses crises de folie les plus profondes. Ce geste, dans un sens, peut être considéré comme un élément avant-coureur du suicide du peintre, qui devait survenir en 1890.
Gabrielle Berlatier. Fille de fermier de la région d’Arles, la jeune arlésienne travaillait dans une maison-close de la petite ville du sud de la France. Au mois de décembre 1888, on toque à la porte de l’établissement. Gabrielle reconnaît tout de suite l’homme qui se tient sur le seuil : c’est ce peintre que tout le monde considère comme fou, ce néerlandais Vincent qui parle très bien français. Le côté du visage ensanglanté, l’artiste tend un linge à la jeune femme. À l’intérieur, son oreille tranchée. Saisie d’horreur, Gabrielle Berlatier s’évanouit. L’artiste s’en va.
Cette histoire est connue. Le seul élément nouveau, et de taille, est l’identité de la jeune femme à qui Vincent van Gogh a voulu porter ce cadeau macabre. Il aura fallu cent trente ans pour que son nom refasse surface, après bien des interrogations. Ce nom, il est révélé par le magazine en ligne The Art Newspaper, qui a mené l’enquête grâce aux archives préservées au sein de l’institut Pasteur de Paris. C’est en effet à Paris que la jeune fille a été traitée après avoir contracté la rage, suite à la morsure d’un chien errant. Le traitement, fort coûteux, força la jeune fille de 18 ans à travailler dans la maison-close pour rembourser le vaccin ; et c’est là qu’elle fut amenée à rencontrer van Gogh. L’histoire, détaillée, est à découvrir sur le site du journal.
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