Article proposé par Exponaute
© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Photo : Gérard Blot / Hervé Lewandowski
Oui, à Giverny, il y a la maison. Oui, à Giverny, il y a le jardin. On commence à le savoir, Claude Monet a brillamment habité dans le coin (de paradis) au point qu’aujourd’hui les visiteurs viennent par milliers s’imprégner de l’atmosphère qui entourait le peintre au summum de sa création. Mais cet été, si vous comptez, comme beaucoup, faire un coucou à l’ami Claude, il serait regrettable de ne pas prendre quelques heures pour visiter le musée des Impressionnistes, à quelques mètres de là. Car c’est là que ça se passe : un (autre) peintre, une expo et surtout l’une des plus grandes claques esthétiques de la saison, voire de l’année. Ce peintre, c’est Joaquín Sorolla (prononcer Soroya en roulant gaillardement le « r »), un peintre espagnol qui a en lui de l’impressionnisme, de l’avant-garde et du Vélasquez, (rien que ça) et à qui le musée des Impressionnistes consacre une grande exposition, thématique et chronologique à la fois.
S’il est légèrement moins célèbre que certains collègues du village, Joaquín Sorolla a malgré tout connu une carrière couronnée de succès. Après des études en Italie, il participe régulièrement à des Salons à Paris puis dans toute l’Europe et se fait rapidement remarquer par le monde de l’art de l’époque : médaillé dès sa première participation au Salon de la Société des Artistes français, il prend part à la première édition de la Biennale de Venise et reçoit le Grand Prix de l’Exposition Universelle en 1900 grâce, notamment, à Cousant la voile, l’un des chefs-d’œuvre de l’expo de Giverny. Mais c’est en 1906 que Sorolla atteint un véritable succès populaire et critique grâce à son exposition à la galerie Georges Petit, l’un des principaux promoteurs des Impressionnistes.
Pour rendre hommage au succès tout européen de ce peintre au talent exceptionnel, l’exposition compte traverser trois pays : l’Allemagne d’abord, à Munich (immense succès), la France et Giverny ensuite, puis l’Espagne au musée Sorolla de Madrid. Il fallait donc qu’elle soit riche, cette exposition, afin d’offrir aux différents publics un aperçu détaillé de l’ensemble de la carrière de Sorolla. « Un peintre espagnol à Paris », c’est surtout une manière d’aborder les grands succès, les premiers Salons, l’exposition universelle et Georges Petit, qui ont été de véritables coups de projecteur sur différents thèmes, différentes formes, différents moments de la carrière de Sorolla.
Car cet homme sait tout faire et c’en est affolant. D’une salle à l’autre, l’exposition se transforme : des grands formats, des portraits, des scènes de genres, un impressionnisme parfois abstrait, une lumière qui touche parfois au préraphaélisme… Mais on ne s’y perd pas. Car en plus d’être virtuose, l’artiste a un style. Le génie de Sorolla réside en sa volonté de ne pas s’en tenir à un enchaînement de prouesses techniques, d’incorporer du sens à la maestria.
Et, on vous le donne en mille, c’est bouleversant. Dans l’horizon, dans la lumière d’un geste quotidien, dans le génie moderne de l’éternité dans l’instant, Sorolla vise juste car il est un poète : la mère et son enfant dans un maelström de blanc, un portrait des ses filles, jeunes, moins jeunes, prenant une pose rigoureusement classique ou flânant sur une plage du Pays Basque, tout chez lui est habité par la force intime de la sensibilité. L’exposition thématique se traduit concrètement par un plaisir de visiteur plutôt jouissif, par un sentiment permanent de surprise, par un peintre qui va sans cesse plus loin qu’on ne l’imagine. Cet été, Claude Monet le Grand aura la compagnie d’un illustre voisin… Et il serait dommage (voire une grave erreur) de rendre visite à l’un sans passer voir l’autre.
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