Article proposé par Exponaute

Plongée dans l’univers sonore de la nature à la Fondation Cartier

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Au départ, une inspiration. Celle venue du travail du musicien et acousticien américain Bernie Krause qui allait donner à la Fondation Cartier l’idée d’organiser une surprenante mais délicieuse exposition pour toute la seconde moitié de l’année 2016 : le Grand orchestre des Animaux. Entre musique, enregistrements de la nature, art contemporain et photographie, découverte d’un événement pluridisciplinaire, enchanteur et qui invite à la méditation…
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Cai Guo-Qiang, White Tone, 2016 © Cai Guo-Qiang

C’est à un voyage surprenant, qui  va convoquer tous nos sens, que la Fondation Cartier nous convie jusqu’au 8 janvier prochain. Un cheminement à travers le monde animal, ses merveilles, ses secrets, sa beauté. Mais surtout, sa musique, insoupçonnée. Une musique faite de chants, de cris, de bruissements, harmonieusement présentés et mis en perspectives avec des œuvres hétéroclites.

Le tout, s’il peut surprendre de prime abord, se révèle une véritable harmonie polyphonique et surtout révèle la profusion des représentations du règne animal dans la création contemporaine. Photographies, céramique, peinture, installation, compositions… De très nombreuses branches artistiques s’épanouissent au sein de la Fondation parisienne toute en transparence, pour un événement qui promet de séduire le plus grand nombre. Pluralité, beauté et créativité sont en effet les maîtres-mots des créateurs présentés dans le cadre de l’expo.

Preuve, s’il en est, que la Nature ne cesse d’inspirer les créateurs d’hier comme d’aujourd’hui. Composée en deux temps bien distincts, l’exposition de la Fondation Cartier nous propose deux expériences en forme d’étapes : l’une éminemment visuelle, l’autre résolument sensorielle.

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Vue 3D de l’exposition Le Grand Orchestre des animaux, Courtesy of United Visual Artists

Au sein de la première partie de l’accrochage, c’est une fresque gigantesque qui nous accueille. D’emblée, on songe aux peintures rupestres des grottes de Lascaux ou Chauvet. La toile, à l’aspect volontairement brut et usé par le temps, tend à reprendre les codes et les couleurs d’un art primaire, réalisé à l’instinct, avec des outils sommaires.

Mais le dessin, la touche, s’ancrent résolument dans la modernité. L’œuvre est une représentation utopiste et harmonieuse de la nature, dans des jets de couleurs terreuses ou blanchâtres ; une magnifique introduction au reste du parcours qui salue la Nature, et démontre la créativité qu’elle est capable d’insuffler aux artistes.

Partout, à chacun de nos pas, un univers sonore nous accompagne, guide notre regard et donne des indices sur ce que l’on voit. Les carreaux de céramique peinte d’Adriana Varejão entrent en résonnance avec des enregistrements de cris d’oiseaux du Paradis lors de leurs parades nuptiales. Les tirages gélatino-argentiques irréels du photographe Hiroshi Sugimoto se révèlent un parfait échos à la peinture de JP Mika, judicieusement intitulée Les bruits de la nature. Et partout, tout le temps, les superbes enregistrements de Bernie Krause accompagnent le visiteur, nous invitant à prendre le temps d’admirer et d’écouter tout dans le même temps. Visuel et auditif se mêlent magistralement.

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Christian Sardet, Méduse Oceania armata, 2012 © © Christian Sardet and The Macronauts / Plankton Chronicles

Puis, cette première étape découverte, le parcours nous propose de descendre aux étages inférieurs de la Fondation, pour la seconde et dernière partie de cette symphonie rendant hommage au vivant. Dans l’œuvre qui le fit entrer dans l’Histoire, De l’origine des espèces, Charles Darwin disait : « Il y a de la grandeur dans cette vision de la vie, et tandis que notre planète ne cesse, depuis l’origine, de tourner sur son orbite, (…) de très belles et de très merveilleuses formes vivantes, issues d’un commencement tout à fait simple, sont apparues et continuent sans fin d’apparaître par évolution.  »

Et ces formes de vie simple, la Fondation Cartier nous invite à la découvrir grâce aux éblouissantes photographies du scientifique Christian Sardet qui, armé de son matériel aux dernières pointes de la technologie, nous livre de surprenantes images de… plancton ! La pièce, plongée dans une obscurité bienvenue qui permet d’illuminer les images de cette faune marine microscopique, rend les clichés d’autant plus percutants et hypnotisants.

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Manabu Miyazaki, Jay, Nagano (Japan), 2015 © Manabu Miyazaki

On admire les jeux de lumière émis par les photophores des minuscules crustacés, les éclats de la bioluminescence des méduses lilliputiennes, toujours accompagnés des orchestrations de Bernie Krause. Sur le mur d’en face, des graphiques donnent le vertige, après cette plongée esthétique dans les abysses : les courbes plongent ou s’élèvent, toutes décrivent le même constant : l’Homme détruit irrémédiablement, consciencieusement, son environnement.

Entre découvertes esthétiques, régals sensoriels et discours engagés, l’exposition de la Fondation Cartier « Le Grand orchestre des animaux » ravira tous les publics, se veut accessible, et stimule chez le visiteur sa capacité à s’émerveiller des beautés de la Nature.

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