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Coupes budgétaires, fermetures… Les écoles d’art sont-elles menacées ?

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Menaces sur l’école des Beaux-Arts d’Avignon, fermeture programmée de celle de Perpignan, restrictions budgétaires dans nombre d’autres établissements…  Les étudiants en art de France ne cachent pas leurs inquiétudes face à des situations financières de plus en plus complexes qui, à terme, pourraient amener à menacer l’existence de ce diplôme dans le paysage universitaire français.  
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L’Haute École d’art de Perpignan, en 2015 © Haute Ecole d’Art de Perpignan

Tourcoing, Avignon, Perpignan… Les écoles d’art en France seraient-elles, à terme, menacées de disparition ? En une époque de crise financière, où les municipalités choisissent de réorienter leurs budgets vers des sphères qui leur semblent plus utiles que l’enseignement, nombre d’étudiants au sein d’établissements de Beaux-Arts tirent la sonnette d’alarme.

Dans des villes comme Angoulême, l’École Supérieure d’art a récemment appris que la mairie avait décidé de la possibilité d’un retrait de la totalité des subventions qui étaient accordées à l’établissement d’ici la fin de l’année, ce qui correspond à la somme non-négligeable de 850 000 euros. Un tel budget peut en effet être alloué à l’amélioration des routes, à l’entretien de la voirie… Mais semble-t-il, pas à l’instruction de jeunes étudiants désireux de s’insérer plus tard dans le monde professionnel de l’art. Tant et si bien que l’existence de l’école d’Angoulême est menacée, et forcerait le directeur de l’école d’Angoulême-Poitiers de recentrer ses efforts et ses fonds sur le second établissement, celui de Poitiers donc.

L’ANDEA (Association Nationale des Écoles d’Art) s’inquiète de cette tendance à la coupe budgétaire qui, manifestement, ne se limite pas seulement à une localité mais bien à plusieurs écoles de Beaux-Arts sur le territoire français. Des demandes d’annulation du retrait du budget ont bien été adressées au maire d’Angoulême, Xavier Bonnefont, mais en vain.

Portes Ouvertes à l'ÉESI.

Exposition à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême © EESI Angoulême-Poitiers

Même constat du côté d’Avignon. L’école d’art de la ville du sud de la France a connu des baisses consécutives de ses subventions versées par la mairie (moins 8% en 2015 et 2016, qui peuvent en partie s’expliquer par les baisses des dotations de l’État) et a traversé des crises au niveau de sa direction. Les moyens pédagogiques se réduisent à peau de chagrin, les enseignants partis ne sont pas renouvelés, les intervenants sont quasi-inexistants, le programme de cours est chamboulé et pas forcément raccord avec celui établi en début d’année…

L’organisation semble si chaotique aux élèves que les menaces de fermeture pesant sur l’établissement avignonnais semblent des plus sérieuses. Ceux-ci s’organisent donc activement afin de sauver leur école, en organisant des réunions entre étudiants et en interpellant régulièrement la direction sur les changements nécessaires à apporter pour assurer la pérennité de l’école; mais pour le moment, leurs doléances sont restées lettre morte.

Manifestement, la mairie d’Avignon ne semble pas voir qu’une école d’art est un élément clé de la présence culturelle d’une ville et du renouvellement de sa vie artistique. Une vie qui ne semble plus la priorité des édiles. Un choix pourtant surprenant quand on connaît la richesse du patrimoine d’Avignon et la grande popularité de son festival de théâtre et de spectacle vivant qui se tient chaque année.

ensci

L’ENSCI de Paris © ENSCI

L’inquiétude monte donc peu à peu en France, tant et si bien que des syndicats comme la CGT et FO se sont joints au mouvement d’inquiétude et de défense des écoles d’art. Car Avignon et Angoulême ne sont pas les seuls établissements à être menacés. Ceux de Tourcoing, Caen-Cherbourg, Brest-Lorient, Bordeaux, Marseille, Besançon ont souffert de budgets sabrés, de crises de gouvernance et de non-remplacement des enseignants.

Même les écoles les plus célèbres, comme celles de Paris (les Beaux-Arts et l’ENSCI) ne sont pas exemptes de craintes et ont connu des difficultés ces dernières années. Toutes ces villes ont en commun un problème majeur : elles sont endettées, et sabrent plusieurs de leurs budgets. Or quand des coupes doivent être réalisées, on vise en priorité ce qui semble le moins nécessaire comme les loisirs, l’écologie et hélas, la culture…

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