Article proposé par Exponaute
C’est un vide étonnant qu’il fallait bien combler. Après la sublime exposition consacrée à Amedeo Modigliani qui se termine dans quelques jours et après l’arrivée de quelques toiles de Jean Dubuffet pour l’été, le musée d’art moderne de l’agglomération lilloise (le LaM de Villeneuve d’Ascq) s’apprête à accueillir un artiste de premier plan sur la scène internationale de l’art contemporain : Luc Tuymans. L’artiste belge, connu et reconnu depuis des années mais quelques peu boudé dans l’Hexagone sera présenté dans sa première grande exposition française à partir du 30 septembre prochain.
Outre sa qualité de grande première française, l’exposition du LaM s’annonce comme un événement incontournable de la fin de l’année 2016 compte tenu de sa diversité : des estampes, des photographies, des peintures et un film d’animation terminé spécialement pour l’exposition. Car le travail de Luc Tuymans est avant tout un travail de l’image : passionné par la photographie et l’écriture, l’artiste réalise plusieurs courts-métrages avant de procéder à un changement crucial, un retour plutôt : une pratique intense de la peinture. À une époque où la peinture (et la figuration) étaient jugées inadaptées, incapables de représenter la diversité bouillonnante d’une société de plus en plus hétéroclite, Tuymans s’attache à peindre et à représenter.
Si la pratique est jugée généralement trop ancienne, celle de l’artiste belge est ancrée dans l’ère du temps : en choisissant pour modèle des images déjà existantes, des photographies de presse, des photographies personnelles (parfois prises au smartphone) ou des images prélevées sur le web ou à la télévision. « Dès mes débuts, j’ai eu cette idée que je qualifierais de « falsification authentique », explique-t-il, c’est-à-dire l’idée de faire non pas des choses nouvelles, mais de travailler des images qui existent déjà dans la mémoire collective et que chacun s’approprie. C’est ce qui rend la peinture contemporaine. En fait, la contemporanéité traite de la substance du document, en le revitalisant ».
Ainsi le travail de Luc Tuymans est-il précisément contemporain et conscient de son époque, d’une époque qu’il transmet dans des peintures de photos, des peintures d’images qu’on essaye d’analyser en imaginant un contexte, en analysant une forme, dans un rapport à l’image réinventé et une invitation à la réflexion.
Parfois brutes, issues du réel, parfois utilisées par les médias à des fins d’illustrations, les images sont transformées par Luc Tuymans qui représente leur action sur notre regard et notre esprit en forçant un trait, en accentuant un mouvement, si bien qu’il arrive à un certain onirisme, une représentation du souvenir comme marque altérée de l’image dans la mémoire. L’exposition s’annonce donc comme une véritable expérience personnelle, comme une série de questionnements intérieurs autour de la perception, de la vérité et de l’importance du contexte dans notre interprétation, immédiate et dans la durée.
Pour illustrer ce travail minutieux, une série d’estampes créées à la fin des années 90 sera sans doute l’un des incontournables de l’exposition. Cette série, Luc Tuymans la définit lui-même : « J’ai réalisé une aquarelle d’images de caméra de surveillance, puis un Polaroid de cette aquarelle, puis une aquarelle de ce Polaroid, et ainsi de suite… Ensuite, j’ai demandé à mon imprimeur d’abolir le noir et de n’utiliser à la place que le brun de Van Dyck, ce qu’il n’avait jamais fait ». Le résultat est fantomatique, nébuleux, même si l’objet initial provient du réel prosaïque de l’enregistrement de caméras de surveillance. Cette série et d’autres expérimentations de l’artistes feront donc partie de cette exposition exceptionnelle qui marquera peut-être le début de toute une série d’événements dans les musées français.
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