Article proposé par Exponaute
La Fondation pour l’Héritage Culturel prussien (association qui est en charge de la gestion des musées nationaux situés à Berlin) a annoncé en fin de semaine dernière être enfin tombée d’accord avec le Musée d’Art Contemporain de Téhéran. Un contrat a été signé entre les deux parties, déclarant que la riche collection d’art contemporain de Téhéran pourrait finalement voyager hors des frontières du pays du Moyen-Orient.
Celle-ci s’installera donc pour trois mois à Berlin, une décision dont s’est félicité le ministre allemand des Affaires Étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Lors de l’annonce officielle du partenariat entre les deux musées, celui-ci a déclaré que cet accord est un signe d’ouverture sociale et culturelle que l’Allemagne souhaite encourager pour encourager le dialogue du pays avec le monde iranien et ce, même sur des sujets polémiques.
Pour le moment, il n’a pas encore été décidé quel musée berlinois accueillerait ce surprenant ensemble d’art contemporain. D’emblée, on songerait à la Neue Nationalgalerie, à côté de la Potsdamer Platz, en plein cœur de la capitale, dont les collections modernes et contemporaines correspondraient parfaitement à l’ensemble iranien. Mais hasard malheureux du calendrier, le musée construit sur les plans novateurs de l’architecte Ludwig Mies van der Rohe’s est fermé depuis 2015, pour un vaste plan de rénovation prévu pour durer quatre ans.
Le Musée d’Art Contemporain de Téhéran est riche d’un des plus impressionnants fonds d’art occidental de tout le Moyen-Orient, une collection patiemment glanée par la dernière épouse du Shah d’Iran, Farah Pahlavi (née Diba) ; des acquisitions qui purent se faire grâce à l’argent du pétrole iranien, et sur les conseils avisés de Kamran Diba, cousin de l’épouse du Shah et directeur du Musée de Téhéran. On y retrouve, entre autres, des œuvres d’Andy Warhol, Francis Bacon, Jackson Pollock, Vassily Kandinsky, Mark Rothko ou encore Pablo Picasso.
Toutes ces œuvres ont été acquises au fil du temps, avant que la Révolution islamique iranienne ne vienne renverser le régime du Shah et voie l’avènement de l’ayatollah Rouhollah Khomeini.
Après la fuite du Shah Mohammad Reza Pahlavi et de sa famille, le musée prit l’initiative de cacher la collection dans ses caves, afin de les préserver des assauts révolutionnaires et de la lutte acharnée du régime de l’ayatollah contre le « Gharbzadegi », terme péjoratif persan que l’on pourrait traduire par « submersion de la culture occidentale ». La dernière fois que la collection avait été présentée au public, c’était en 1999.
Cependant, derrière l’événement culturel, devaient forcément suivre des zones d’ombre car qui dit Iran, dit irrémédiablement polémiques. Suite à une révélation du journal allemand Die Welt, le ministre des Affaires Étrangères allemand aurait négocié la somme de 3 millions d’euros pour pouvoir exposer cette collection à Berlin.
S’ajoute à cette histoire de gros sous une critique adressée au gouvernement allemand, accusé d’utiliser ce lien culturel pour faciliter les échanges commerciaux avec l’Iran ; l’Allemagne pouvant espérer mettre la main sur des marchés intéressants si jamais les sanctions internationales contre l’Iran étaient levées pour de bon…
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