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Monumenta : Les Empires d’hier et d’aujourd’hui selon Huang Yong Ping, au Grand Palais

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Des containers rouillés estampillés dans toutes les langues du monde, le bicorne de Napoléon Bonaparte et le squelette métallique d’un serpent géant. Bestiaire mythique, poids de l’histoire et dérives (au sens propre comme au figuré) du capitalisme sont explorés par l’artiste Huang Yong Ping, à l’occasion de Monumenta 2016, dans la nef du Grand Palais. À découvrir jusqu’au 18 juin.

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Cela fait depuis 2007 maintenant que l’événement d’art contemporain Monumenta se crée un prestigieux tableau de chasse. Après avoir vu passer des pointures à l’image d’Anselm Kiefer (2007), Richard Serra (2008) ou encore Anish Kapoor (2011), c’est au tour de l’artiste de l’avant-garde chinoise Huang Yong Ping de repenser, avec les thématiques qui occupent son art, la nef du Grand Palais.

Il a en commun avec ses illustres prédécesseurs qui habitèrent la verrière de fer forgé ce goût pour la démesure, ce sens du grandiose qui ne se limite jamais à faire grande impression sur le public. Toujours, le monumental portera un regard critique et prononcera un discours amer sur les dérives de notre temps.

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Empires n’échappe pas à la règle. Via une architecture de couleurs composée des blocs impersonnels et glacials des containers qui parcourent les océans, Huang Yong Ping offre un terrain de jeu démesuré à une créature dont on ignore si elle a surgi tout droit de la mythologie asiatique, du Jurassique ou de l’imaginaire des premiers navigateurs.

On ne voit que lui, ce monstre, serpentant parmi les containers, sinuant sous les poutrelles de métal de la nef, surplombant les minuscules visiteurs qui se massent à ses pieds et qui s’ébahissent de la puissance de son ossature. Métal contre métal. Le vert de la nef s’oppose à l’argenté de la créature, figure métaphorique du déclin des grands empires, dont il ne demeure plus que le squelette, effrayant.

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Que font-ils là, ces amoncellements de métal rongés par le sel, l’humidité et d’indénombrables circumnavigations dans le but de déverser sur tous les marchés du monde des denrées pourtant si dispensables ? D’où peut donc surgir ce monstre disproportionné ondulant par-dessus les symboles entassés de la mondialisation à outrance et empreinte de vacuité ?

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Que signifie la démesure du bicorne de l’empereur Napoléon Ier, comme posé en équilibre au-dessus de deux îlots de transporteurs de marchandises ? Le message ne tarde pas à s’éclaircir. Ce que cherche à illustrer Huang Yong Ping, c’est son angoisse sourde face aux catastrophes écologiques présentes et à venir. Ce à quoi l’artiste asiatique souhaite donner corps, c’est le non-sens absolu de la mondialisation galopante, un rouage rouillé certes mais pourtant toujours en fonctionnement, et dont rien ne semble pouvoir enrayer la marche.

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Là où chaque visiteur écarquillera les yeux face à la complexité et l’équilibre surprenant de la structure métallique du Grand Palais, le créateur chinois porte un tout autre regard sur cette illustration de la foi en la Révolution Industrielle, qui a vu l’avènement de l’utilisation du fer dans les sociétés de la fin du XIXe siècle. En choisissant de représenter, en métal lui aussi, le squelette d’un serpent monstrueux, Huang Yong Ping propose des pistes de réflexion sur les transformations majeures qui jalonnent l’histoire et qui, hélas trop souvent, conduisent à des dérives regrettables.

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Monumenta 2016, c’est cela. L’observation de la grandeur passée des empires, le questionnement sur les prochains, ceux qui sont appelés à dominer le XXIe siècle, et quels nouveaux types d’aliénation ils imposeront à l’Humanité.

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Photographies : Agathe Lautréamont

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