Article proposé par Exponaute

Un livre, une œuvre : quand William Shakespeare inspire les plus grands peintres…

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Le 3 mai 1616, il y a exactement quatre cents ans, disparaissait le plus grand dramaturge de langue anglaise, poète fêté, reconnu et lu dans le monde entier : William Shakespeare. Figure éminente de la culture occidentale, l’influence de son œuvre est considérable et a aussi bien rayonné sur les lettres que sur les arts ! À l’occasion de cet anniversaire, Exponaute met un coup de projecteur sur les pièces de Shakespeare qui ont inspiré les plus grands peintres…

Johann Henrich Füssli, Les trois sorcières, vers 1782

Johann Henrich Füssli, Les trois sorcières, vers 1782, Zürich

Johann Heinrich Füssli, parfois plus simplement orthographié Henry Fuseli, fut aussi bien peintre qu’écrivain d’art. Britannique, mais d’origine suisse, ce romantique (1741 – 1825) a très tôt montré dans sa carrière artistique un penchant pour les sujets fantastiques ; témoignant par-là d’une grande originalité pour son époque, et qui amena plus tard la critique à le classer dans la catégorie artistique du « Romantisme noir ».

Vers le milieu de sa carrière, Füssli illustra de nombreuses œuvres littéraires, comme la Divine Comédie de Dante Alighieri ou la saga germanique des Nibelungen. Mais ses œuvres les plus connues représentent des scènes clés du théâtre shakespearien, comme en témoigne l’œuvre ci-dessus, Les trois sorcières. Grimaçantes, le visage marqué par des rides profondes, nez crochu…

Nous sommes là face à l’archétype de la sorcière maléfique, venue annoncer à Macbeth, qui donne son nom à la tragédie de Shakespeare, son destin royal : « All hail, Macbeth, that shalt be king hereafter ! » (« Salut, Macbeth qui plus tard seras roi !  »). En se focalisant sur les visages des femmes maléfiques, Füssli tend à représenter le mystère de la scène, l’angoisse ressentie par Macbeth au moment des révélations faites par ces dernières…

William Blake, Richard III et les fantômes, vers 1806

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William Blake, Richard III et les fantômes, vers 1806, Londres

Bien que le style artistique de William Blake (1757–1827) soit reconnaissable du premier coup d’œil, les thèmes qui jalonnèrent son art demeurèrent empreints de classicisme. Graveur, peintre, poète, il est considéré comme un des précurseurs du Romantisme et inspira les surréalistes bien des décennies plus tard.

Résolument moderne dans son trait, son style halluciné et propre à toutes les interprétations fut mis au service de l’illustration de nombreuses œuvres. John Milton (Paradise Lost), Dante ou encore la Bible furent ainsi illustrés par le génial et inclassable artiste. L’œuvre qui nous occupe, est visible à la National Gallery de Londres. Réalisé à l’encre noir et rehaussé de touches de blanc, ce dessin aux dimensions modestes (30 × 19 cm) représente le roi Richard III, dans une scène tirée de la pièce de William Shakespeare du même nom.

Elle représente le souverain l’épée à la main, la musculature saillant digne des marbres grecs, tandis qu’il se croit assailli par les fantômes de ses trop nombreuses victimes qui toutes, tombèrent suite à ses complots et sa violence. Sur la gauche, le spectre d’Henry VI dirige un groupe d’ectoplasmes, tandis que sur la droite, Lady Anne, épouse de Richard, en mène un second.

John Everett Millais, Ophelia, 1851–1852

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John Everett Millais, Ophelia, 1851–1852, Londres

Les peintres britanniques de l’école préraphaélite sont célèbres pour avoir illustré nombre d’œuvres littéraires, comme le cycle arthurien ou, bien sûr, les pièces les plus célèbres de William Shakespeare. John Everett Millais (1829–1896), un des plus éminents membres de cette école picturale, ne fait donc pas exception à la règle.

L’huile sur toile Ophelia, actuellement conservée à la Tate Britain de Londres, représente le personnage Ophélie de la tragédie Hamlet. La scène choisie, particulièrement dramatique, correspond au moment où la jeune femme chante tristement avant de se noyer dans une rivière du Danemark. Lors de sa présentation au public, le tableau ne fut pas bien accueilli par la critique, réunie à la Royal Academy.

Avec le temps cependant, la peinture de Millais a été reconnue à sa juste valeur. La beauté de la scène, l’émotion que l’on perçoit parfaitement sur les traits d’Ophélie, le détail accordé à la nature environnante… Tout dans cet œuvre rend compte d’une extrême précision dans la touche de Millais.

Frank Dicksee, Roméo et Juliette, 1884

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Frank Dicksee, Roméo et Juliette, 1884, Southampton

Peintre et illustrateur victorien, Frank Dicksee (1853–1928) est passé à la postérité pour ses très nombreuses représentations de grands classiques de la littérature, pour sa peinture historique et pour son penchant pour les thématiques fantastiques et légendaires.

Si son style pictural est bien ancré dans son temps, il faut reconnaître dans le style de l’artiste britannique une influence évidente de l’école préraphaélite : paysage enchanteur et irréel, grande présence des éléments issus de la nature, jeunes filles aux visages éthérés et aux longues chevelures flamboyantes…  Dicksee s’inspira également beaucoup de son contemporain Frederick Leighton. Cette huile sur toile, conservée à Southampton, représente bien sûr les amants maudits les plus célèbres de l’histoire des Lettres : les jeunes gens de Vérone Roméo et Juliette.

Les deux amoureux se séparent au petit matin tandis que les oiseaux chantent et annoncent le lever du soleil. À noter qu’à l’origine, cette peinture était en fait une illustration réalisée pour la maison d’édition Cassell & Co. Par la suite, Frank Dicksee en tira une huile sur toile, en 1884.

Pablo Picasso, Portrait de William Shakespeare, 1964

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Pablo Picasso, Portrait de William Shakespeare, 1964 © National Association of Decorative & Fine Arts Societies

Et si on se tournait un peu vers la production des artistes modernes ? Il n’y a en effet pas que les siècles passés qui se sont pris de passion pour l’œuvre du célèbre dramaturge, et des artistes plus proches de nous ont également dédié une partie de leur travail à cet écrivain si célèbre…

Au XXe siècle, la popularité de Shakespeare est devenue telle que son visage, tiré de l’unique portrait reconnu de William Shakespeare, (celui exécuté par le graveur Martin Droeshout pour le premier folio des œuvres de l’écrivain, paru en 1623) a été reproduit un peu partout, dans les rues, sur des enseignes, dans des publicités… Aussi les artistes modernes ne tardèrent pas à s’emparer à leur tour des traits du dramaturge.

En 1964, à l’occasion des quatre cents ans de la naissance de l’homme de lettres anglais, Pablo Picasso a-t-il créé une série d’œuvres : des variations sur le thème du portrait du dramaturge. Réduites à quelques traits de crayons, ces œuvres de la main du maître espagnol témoignent cependant de sa grande dextérité et, avec bien peu d’éléments, on ne peut bien sûr que reconnaître l’écrivain !

Retrouvez le premier épisode de notre série, dédié à Auguste Rodin et Dante Alighieri !

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