Article proposé par Exponaute

Au Domaine de Sceaux, les Impressionnistes suivent le cours de la Seine…

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Jusqu’au 10 juillet 2016, le Domaine de Sceaux fête les Impressionnistes avec une exposition de qualité, variée et surprenante : comment les Impressionnistes ont-ils représenté les environs de Paris et l’Île-de-France ? L’accrochage répond à cette question grâce à une riche sélection d’œuvres, d’Auguste Renoir à Camille Corot en passant par… Rembrandt ! En route pour la première balade de notre printemps des Impressionnistes…

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L’influence de l’école Hollandaise

« Celui qui ne peut pas peindre pendant toute sa vie sur quatre lieues d’espace, n’est qu’un maladroit qui cherche la mandragore et qui ne trouvera jamais que le vide. Parlez-moi des Flamands, des Hollandais, ceux-là ont-ils jamais couru les pays ? Et cependant ils sont les bons peintres, les plus braves, les plus hardis, les plus désintéressés. »

Ces mots enflammés, nous les devons à l’artiste paysagiste Georges Michel (1763–1843). Ce peintre français a dédié l’ensemble de son œuvre à la représentation de paysages demeurés ruraux, où l’industrialisation naissante n’a pas encore apposé son empreinte de charbon et de métal. Son regard s’est également concentré sur les moulins de la Butte Montmartre et ses environs, dans un style pictural très fortement influencé par les maîtres de l’école hollandaise paysagiste, à l’image de figures comme Jacob van Ruisdael, Jacob Huysmans ou encore Rembrandt van Rijn.

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Rembrandt Van Rijn, Vue de l’Omval, 1645 © Fondation Cutsodia

Et Rembrandt justement, parlons-en, puisque l’accrochage du Château de Sceaux s’ouvre précisément sur quatre œuvres de l’artiste néerlandais : des gravures à l’eau-forte toutes prêtées par la Fondation Custodia. Celles-ci représentent les paysages hollandais chers au maître de l’âge d’or de son pays, les moulins, l’Omval et la capitale Amsterdam.

Des paysages esquissés mais comme empreints d’un certain souffle poétique, certaines formes à peine esquissées, au loin, laissant la part belle au ressenti davantage qu’à la précision du trait, un souffle de nouveauté qui surprend dans le travail du peintre du XVIIe siècle… Les origines de l’Impressionnisme sont peut-être là, à chercher dans les paysages du Nord de l’Europe, dans l’inspiration lyrique des grands artistes de cette nation.

L’école de Barbizon

Qui aurait pu prédire que ce qui, avant les années 1830, n’était qu’un modeste hameau de bûcheron perdu dans les plaines de la Seine-et-Marne allait devenir un lieu de rencontre incontournable pour les pré-impressionnistes ? L’Île-de-France a très tôt attiré les artistes par ses paysages préservés, par sa forêt de Fontainebleau, son village d’Auvers-sur-Oise, l’Isle-Adam et ses différents domaines boisés.

Ils cumulent l’avantage de proposer une grande diversité de paysages, beaucoup de panoramas bigarrés, et surtout une certaine proximité avec la capitale française ; en somme, un petit coin de Paradis non loin de l’animation de Paris. Devenue très vite village de peintres par excellence, la petite bourgade de Barbizon est placée idéalement à l’entrée de Fontainebleau (ville desservie depuis peu par les voies de chemin de fer), et figure un exemple idéal de sociabilités artistiques qui se développent dans le bouillonnement culturel de la région Île-de-France tout au long du XIXe siècle.

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Eugène Lavieille, Barbizon sous la neige, 1855 © Musée départemental des peintres de Barbizon

Les artistes de ce qui allait vite glaner le surnom « d’école de Barbizon » s’éloignent donc ostensiblement des ateliers parisiens, de leur vision qu’ils estiment comme corsetée de la pratique artistique. Les chevalets sont posés en extérieur, les artistes respirent la même atmosphère qu’ils fixent sur leurs toiles.

À la manière d’une véritable fraternité du paysage et du plein air, les peintres qui se croisent à Barbizon sont Eugène Lavieille, Jean-Baptiste Camille Corot et quelques années plus tard, à compter du début des années 1860, Monet, Renoir et Alfred Sisley. Eux aussi, aiment à se perdre volontairement dans la forêt de Fontainebleau au cours de ce qui s’apparente à de véritables pèlerinages artistiques.

La lumière impressionniste

Peu à peu, une époque s’estompe comme les touches de couleur sur les toiles des Impressionnistes. Si à une époque, la forêt a pu exercer un pouvoir de fascination sans pareil sur les premiers peintres de cette école du XIXe siècle, la magie cesse d’opérer passées les années 1860. Si des peintres comme Auguste Renoir et Alfred Sisley décident d’opérer un retour vers les lieux emblématiques des fondateurs de leur école picturale comme la ville en bord de seine de Bougival ou Fontainebleau et son domaine forestier, c’est pour mieux opérer une révolution dans leur approche de la peinture. Sont-ils alors des rénovateurs ? Des héritiers de leurs illustres prédécesseurs ? Difficile de trancher.

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Albert-Charles Lebourg, Vue de la Seine au Bas-Meudon, 1893 © Musée du Domaine départemental de Sceaux

Mais ce qui demeure certain, c’est que de l’obscurité partielle des sous-bois, les artistes vont peu à peu se tourner vers une autre luminosité : celle proposée par les bords de Seine. Des rives fluviales qui elles-mêmes, ont opéré une profonde mutation. En effet, ère industrielle oblige, l’essor du train comme nouveau mode de transport plébiscité et le prolongement de nombreuses voies de chemin de fer ont fait de ces régions des destinations prisées par les populations bourgeoises en quête de fraîcheur à quelques encablures de leurs domiciles.

Des cieux bien plus vastes, bien plus dégagés font alors leur apparition sur les toiles des maîtres, des touches de bleu se mêlent au blanc laiteux et au jaune pâle, célébration de contrées qui peuvent encore se dire préservées malgré les bouleversements de toute une époque.

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