Article proposé par Exponaute

Les Tournesols de Van Gogh partent en restauration

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Une des œuvres phares du Musée Van Gogh d’Amsterdam s’apprête à quitter ses cimaises pour partir en restauration. Les tournesols, tableau très célèbre exécuté par l’artiste en 1889, ont en effet souffert d’une détérioration de leur pigment ainsi que d’ajouts successifs de vernis qui ont terni la composition.
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Vincent Van Gogh, Vase avec quinze tournesols, 1889 © Musée Van Gogh Amsterdam

Cela faisait quelques jours maintenant que les visiteurs du Musée Van Gogh d’Amsterdam se questionnaient : mais où sont donc passés Les Tournesols ? À raison, puisque le tableau du maître a été retiré des salles d’exposition par précaution. Ses belles couleurs se sont en effet ternies…  Dans un communiqué officiel publié par l’institution néerlandaise, il est précisé que ce retrait est temporaire, mais permet aux conservateurs de se demander s’il sera à nouveau exposé un jour, si oui quand, et si l’œuvre pourra supporter une restauration.

En cause : la couche de vernis qui recouvre cette toile d’un jaune lumineux exécutée lors du séjour du peintre à Arles, dans le sud de la France. C’était un mois à peine après que le peintre se soit coupé le lobe d’oreille au cœur de la maison jaune, suite à une altercation avec son ami Paul Gauguin.

Les historiens de l’art avancent d’ailleurs l’hypothèse que l’œuvre aurait été réalisée initialement à destination de Gauguin. Cette version ne doit cependant pas être confondue avec les cinq autres vases à tournesols, disséminés dans des musées un peu partout dans le monde (National Gallery de Londres, Musée d’art Sompo de Tokyo…) Une septième toile existait, mais fut malheureusement détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale.

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Vincent Van Gogh, Vase avec douze tournesols, 1888 © Pinacothèque de Munich

En attendant, le Musée Van Gogh d’Amsterdam est aux abois : ce maudit vernis ternissant l’œuvre du maître peut-il être retiré en toute sécurité ? Le peintre néerlandais avait pour habitude de ne jamais vernir ses tableaux, préférant un aspect fini plutôt mat. Cet ajout a sûrement été apposé au cours des années 1920, afin d’aider à préserver la surface de l’œuvre.

Malheureusement, même si l’acte partait d’une bonne intention, ce vernis a vieilli, recouvrant la toile d’une teinte brune assombrissant les couleurs éclatantes utilisées par Van Gogh. Et comme si cela ne suffisait pas, se pose également la question de la détérioration progressive des différents pigments jaunes utilisés par le peintre lors de son voyage à Arles. La peinture s’est en effet peu à peu assombrie, devenant même verdâtre par endroits. Comment se fait-ce ? Ce phénomène est explicable : il est dû à une réaction photochimique qui se déroule lorsque le pigment jaune est exposé à la lumière du jour.

Dans le cas de la toile du musée d’Amsterdam, cette dégradation a rendu les jolies fleurs de Van Gogh plus ternes, plus tristes, alors que l’œuvre originale se veut chatoyante et vibrante.  Mais n’est-ce pas là un changement dont le maître lui-même avait pleinement conscience ? Dans une lettre envoyée à son frère Théo, Vincent écrit que « les peintures se fanent comme les fleurs ».

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Vincent Van Gogh, Vase avec quinze tournesols, 1888 © National Gallery, Londres

À la mort de Van Gogh, survenue à Auvers-sur-Oise, l’œuvre du Musée d’Amsterdam passa entre les mains de la belle-sœur de Vincent, Johanna, et à son fils également prénommé Vincent. Au cours du Second Conflit mondial, la peinture fut déplacée dans un bunker enterré dans les dunes de sable de la côte néerlandaise avant d’être rendue à la famille de l’artiste, où elle resta très longtemps accrochée au-dessus du canapé familial. Entre 1946 et 1973, le succès posthume de Van Gogh allant croissant, la peinture fut prêtée 79 fois à différents musées ou expositions, à travers le monde.

Depuis, elle est exposée au Musée Van Gogh grâce à un prêt permanent accordé par la famille de l’artiste qui a créé une fondation à son nom, veillant sur les œuvres et son héritage. Cependant, Les tournesols se déplacent aujourd’hui beaucoup moins et son dernier voyage en date remonte à 2014, dans le cadre d’une exposition à la National Gallery où l’œuvre retrouva le temps de quelques semaines sa sœur jumelle présente à Londres.

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