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Le David de Michel-Ange, coup de projecteur sur une œuvre mythique

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Le 6 mars 1475 naissait le sculpteur, peintre, architecte, poète et urbaniste florentin Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, plus connu dans nos contrées sous le nom de Michel-Ange. Maître de la Haute-Renaissance italienne, l’artiste fait figure de référence absolue dans l’Histoire de l’art, tandis que ses créations les plus célèbres sont aujourd’hui unanimement reconnues comme d’immenses chefs-d’œuvre. À l’occasion de l’anniversaire de naissance du maître, attardons-nous sur une de ses créations : le célèbre David.
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© Wikimedia Commons

Une fois n’est pas coutume, Michel-Ange puise dans la Bible pour nourrir son inspiration. Le combat de David contre Goliath compte parmi les épisodes les plus fameux des récits bibliques, et figure dans le premier livre de Samuel. C’est l’histoire d’un combat qui semble perdu d’avance, tant le rapport de force est inégal entre le jeune David et le géant Goliath. Ce dernier est décrit comme un véritable colosse de près de trois mètres de haut portant lance et cotte de mail. Philistin, Goliath provoqua l’armée d’Israël en la mettant au défi de lui opposer un homme suffisamment fort pour l’affronter en duel.

Pendant quarante jours et quarante nuits, le géant réitéra sa provocation jusqu’à ce que David, berger envoyé par Dieu, relève le défi du monstre. Après avoir déclaré qu’il se tenait devant Goliath avec l’appui du Seigneur, David lança à l’aide de sa fronde une pierre à la tête de son ennemi. La roche, guidée par la main de Dieu, alla s’enfoncer dans le crâne du colosse qui s’écroula sur le sol. David acheva finalement le monstre en lui tranchant la tête. Suite à cet exploit, David devint le second roi d’Israël à la mort de Saül, son prédécesseur.

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© Wikimedia Commons

L’homme plutôt que le mythe

David victorieux est donc un sujet qui a souvent été étudié en Histoire de l’art, et avant David, de grands artistes tels que Donatello et Verrocchio s’emparèrent du sujet. Mais la sculpture de Michel-Ange possède un souffle, une force calme, sans pareil. Là où la tradition artistique s’est souvent attachée à représenter un combattant qui vient de terrasser son adversaire, ou un futur roi qui a déjà conscience du poids de son rôle politique, Michel-Ange prend le contre-pied de ces codes.

L’artiste va s’attacher, au contraire, à représenter un jeune homme qui marche fermement à la rencontre de sa destinée. Face à Goliath, il sait qu’il a peu de chance d’en réchapper, tant son ennemi est impressionnant de force brute et semble invincible. Pourtant, dans un regard franc, direct et résolu, David montre qu’il sait que sa vie ne dépend plus de lui mais repose entre les mains de Dieu ; et seul lui pourra décider de l’issue de la lutte. Si la confiance domine, on peut cependant déceler une once de doute dans les prunelles de la sculpture, mais également dans les sourcils légèrement arqués du jeune homme.

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L’oeuvre d’un génie

Malgré les dimensions impressionnantes de l’œuvre qui trône dans la Galleria dell’Accademia de Florence (5.14 mètres avec le socle !), les visiteurs qui avancent à la rencontre du David se trouvent face à une création équilibrée, étrangement aérienne grâce à la posture dite du « contrapposto »  (où un déhanchement porte le poids du corps sur une seule jambe), naturelle et concentrée. On croirait presque voir l’œuvre de marbre blanc bouger sous nos yeux. On pourrait penser que cette œuvre mythique est de la main d’un maître affirmé, qui a déjà de longues années de pratique derrière lui, et qui réalisa un chef-d’œuvre grâce à sa longue expérience.

Or, il n’en est rien. Le David a été exécuté par Michel-Ange alors que celui-ci n’était âgé que de trente ans. Un coup de maître, un coup de génie véritable. L’œuvre est achevée en 1503 et immédiatement exposée en 1504, alors que la Renaissance pointe en Italie. Imprégnée d’un goût florentin évident, cette majestueuse statue a d’emblée apporté une renommée nationale à Michel-Ange, le dotant du titre de véritable légende de l’art alors qu’il était encore si jeune ! Mais la stupéfaction des contemporains de l’artiste se comprend parfaitement face à la réalisation parfaite de la sculpture.

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Au service de l’art

Une finesse infinie a permis de détailler la musculature du David, les veines apparentes sur les mains, les pectoraux parfaitement dessinés, une chevelure bouclée et abondante.  Le jeune homme est idéalisé et éclatant de virilité. Par cette réalisation, Michel-Ange égalise les plus grands sculpteurs de la Grèce Antique, sans pour autant se contenter de les imiter. Il a eu l’art d’insuffler à son œuvre une âme caractéristique, et n’hésita pas à prendre quelques libertés anatomiques par rapport à la réalité. Ainsi, un coup d’œil attentif permet de remarquer que la jambe gauche est un peu plus longue que la droite, mais cet écart s’explique et se justifie par un besoin d’équilibre parfait dans la réalisation. Et la réussite est là, évidente, indéniable.

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