Article proposé par Exponaute
Le 23 octobre 2014, coup de tonnerre de l’autre côté des Alpes. Le journal italien La Repubblica titre : « C’est elle, la vraie Madeleine ! » au sujet d’une toile découverte dans une collection privée européenne tenue secrète. Une historienne de l’art italienne renommée, Mina Gregori, n’en revient pas. Analyse des variations de couleurs sous l’influence de l’ombre et de la lumière, intensité des traits du visage, tons changeants de la carnation du modèle, mains à la peau très pâle, poignets fortement marqués… Pas de doute, cette Marie-Madeleine en extase n’est pas une dix-neuvième copie d’un chef-d’œuvre perdu du Caravage (on en compte dix-huit dans le monde), mais cette fois, est bel et bien l’original tant recherché et qu’on croyait perdu depuis bien longtemps.
Cette œuvre figure parmi les dernières toiles exécutées par Michelangelo Merisi da Caravaggio, plus connu dans nos contrées sous le nom de Caravage (du nom du village d’origine de ses parents). Elle fait partie des trois peintures emportées par le maître lors de sa fuite vers Porto Ercole. Le peintre est accusé de meurtre et doit quitter Rome s’il souhaite échapper à la peine de mort. Il mourra en exil en 1610, probablement du paludisme contracté lors de sa traversée entre la Cité Éternelle et Porto Ercole.
Pourtant, lors de sa découverte, l’œuvre a fait débat car on doutait de son authenticité. Les copies étant nombreuses, il pouvait s’agir d’une énième reproduction de l’œuvre sulfureuse du peintre. Sulfureuse, car la figure biblique est représentée dans une posture étrangement offerte, le sein sur le point d’être dévoilé par sa chemise glissant de son épaule, la tête renversée en arrière et les yeux mi-clos. On pense bien sûr au Bernin et à sa Sainte Thérèse affichant une pose similaire qui laisse planer le doute sur une véritable expérience religieuse ou… toute autre chose, comme on peut facilement l’imaginer.
Mais depuis, plus de doute, l’œuvre a bien été identifiée grâce à une analyse précise du style et des inscriptions découvertes au dos de la toile. Il ne restait plus qu’à attendre que le tableau soit exposé pour la première fois au public qui se fera un plaisir indubitable à admirer cette œuvre saisissante, aux tons chauds et contrastés. C’est désormais chose faite. Depuis hier, le Musée National de l’Art Occidental de Tokyo organise une exposition sur l’artiste et son temps. Intitulé « Le Caravage et son temps : amis, rivaux et ennemis », l’accrochage présente entre autres, onze œuvres du maître et s’étend jusqu’au 12 juin prochain. Les quarante autres œuvres sont celles de « suiveurs » du Caravage, des artistes qui ont été influencés par le caravagisme ou le ténébrisme.
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