Article proposé par Exponaute

Des trésors de bijoux à l’Institut du Monde Arabe

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Grâce à une importante donation, l’Institut du Monde Arabe enrichit ses collections permanentes de bijoux allant du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle. Réalisés au Maghreb, ces trésors de détail et de finesse en disent long sur les traditions des peuples d’Afrique du Nord, sur leur savoir-faire et leur goût pour la parure. Visite en images de ces « Trésors à porter ».

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Malou et Jean-François Bouvier, paisible couple aujourd’hui retraité, ont une passion dévorante depuis des décennies : les bijoux et parures venus tout droit du Maghreb. À tel point qu’ils en ont récolté des centaines tout au long de leur vie commune, d’une boutique d’Alger jusqu’au marché aux puces de Vanves.

Cette année, les deux amateurs de joaillerie ont décidé de se séparer d’une partie de leurs biens et d’en faire don à l’Institut du Monde Arabe. C’est ainsi que jusqu’au 28 août 2016, l’IMA expose dans un espace dédié (avant de les insérer pour de bon dans les collections permanentes) quelque 250 bijoux et parures, fabuleux exemple de savoir-faire et d’artisanat des pays qui composent le Maghreb.

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Bracelets tunisiens, fibules de Grande Kabylie, coiffes berbères… Tous ces bijoux niellés, incrustés, sertis ne sont pas un simple élément décoratif, mais en disent long sur leur porteur et son époque. L’usage de l’or (bien moins représenté que l’argent, métal que l’on trouve facilement dans cette région du globe) était bien évidemment un signe extérieur de grande richesse.

Mais face à certains bracelets ornés d’imposants pics, on comprend que certaines parures pouvaient aussi revêtir un aspect défensif, propre à éloigner de ces dames des courtisans un peu trop entreprenants. Quant au choix des teintes pour les cabochons de verre ou les perles de corail, il pouvait indiquer à quelle tribu on appartenait, par exemple.

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Agrémentés de photographies d’époque et de dessins explicatifs, les cartels détaillent les différentes techniques utilisées en orfèvrerie. Ainsi, des termes quelque peu abscons comme ajourage, filigrane ou encore granulation se retrouvent éclairés par quelques mises au point plus que bienvenues de la part de l’IMA.

Toutes ces techniques ont bien sûr évolué entre le XIXe et le XXe siècle, glanant en précision et en finesse ; et il est très intéressant de détailler au fil du parcours de l’exposition l’évolution du savoir-faire des artisans.

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La suite du parcours de la petite exposition s’attache à présenter la collection de bijoux selon les zones géographiques de leur réalisation : Maroc, Algérie, Tunisie… Selon le goût du pays ou l’époque à laquelle la parure a été réalisée, on trouvera des fibules (sorte d’agrafe servant à maintenir un vêtement en place) plus ou moins grosses, des cabochons rouges ou verts, des ornementations florales ou reprenant des versets du Coran.

Là où la Kabylie affectionne les teintes vertes et bleues, le sud du Maroc optera plutôt pour l’ambre ou l’orangé du corail. Au nord de ce même pays, la préférence va aux bijoux épurés, où l’argent est travaillé pour lui-même, sans ajout de joyaux. Un œil un brin aguerri pourra donc définir la provenance d’un bijou à ces seuls indices.

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À quelle occasion ces véritables œuvres d’art étaient-elles arborées par les femmes ? Dans la grande majorité des cas, les parures sont issues de commandes passées par un homme pour sa future femme, qui portera alors ces riches pièces au cours du mariage. La cérémonie passée, l’épouse pouvait également porter ses bijoux à l’occasion de grandes fêtes, de réunions de familles…

L’aspect religieux imprégnant chaque étape de la vie et du quotidien, nombre des bijoux exposés reprennent dans leurs décors gravés des extraits du Coran, ou les symboles traditionnels de l’Islam comme le croissant de lune. Mais de temps à autres, une autre religion monothéiste fait son incursion dans l’exposition. On peut observer quelques pièces ayant appartenu à une femme de confession juive, datant de la période où des populations juives étaient établies au Maghreb.

Photographies : Agathe Lautréamont

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