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“La Nef des Fous” de Bosch : une restauration… et un nouveau titre !

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On pensait depuis quelques temps déjà que l’œuvre du Louvre appartenait à un triptyque, c’est désormais chose confirmée : la Nef des Fous de Jérôme Bosch vient de sortir de restauration, et histoire de continuer dans le renouveau en ce début d’année, elle change même de nom.
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Jérôme Bosch, La Nef des Fous (détail), vers 1500, Paris, musée du Louvre.

Allégorie de la gourmandise

De très nombreux repeints et une épaisse couche de vernis de mauvaise qualité (devenu jaunâtre avec le temps) avaient rendu l’œuvre quasiment illisible, floutée et dépouillée de son relief à cause de ces successives interventions au cours de son histoire.

La Nef des Fous, célèbre tableau de Jérôme Bosch réalisé autour de 1500, vient d’être minutieusement restaurée par le Centre de Recherche et de Restauration des musées de France (C2RMF) ; un travail de fourmi qui aura duré une longue année. Enfin un retour à la lumière et à la transparence pour l’unique œuvre du maître néerlandais que possède le musée du Louvre.

Écaille par écaille, avec une précaution infinie, la restauratrice chargée de ce travail délicat, Agnès Malpel, a retiré plusieurs repeints de l’œuvre de Bosch, qui avaient été réalisés par le passé avec bien peu de soin. C’est ainsi que furent supprimés des feuilles supplémentaires ornant le sommet du mât de cocagne, ainsi qu’un étrange colline informe en haut à droite de la composition, qui recouvrait en fait une ville lointaine, à peine esquissée par l’artiste.

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Jérôme Bosch, La Nef des Fous et La Mort de l’avare, vers 1500, Paris, musée du Louvre et National Gallery de Washington.

Découvertes et redécouvertes

L’analyse des pigments utilisés pour ces rajouts permit de découvrir du manganèse dans la peinture, un matériau qui permit la datation de ces repeints au XIXe siècle, puisque ce métal était inusité au XVIe siècle, époque à laquelle Bosch vécut.

Et pendant un an, les chercheurs attelés à rendre à cette petite (58 × 33 cm) huile sur bois de chêne toute sa clarté ont eu le temps de l’étudier sous toutes les coutures, à tel point que se trouva enfin confirmée une hypothèse émise il y a de cela plusieurs années : l’appartenance de cette peinture à un ancien triptyque qui fut démembré pour une raison inconnue, et dont la partie centrale (la plus importante) est considérée comme perdue. Les autres parties de la composition sont l’Allégorie de la débauche et du plaisir et La Mort de l’avare, respectivement conservées à  la Yale University Art Gallery et la National Gallery of Art. Aussi le panneau du Louvre a-t-il officiellement été renommé Allégorie de la Gourmandise.

En grattant précautionneusement le mauvais vernis jauni ou noirci, les restaurateurs ont également révélé de nouveaux détails au bas de l’œuvre, qui avaient peu à peu disparu au cours du siècle. Ainsi, en plus de rendre à la palette de Jérôme Bosch toute sa vivacité, les chercheurs ont découvert des branchages, l’embout d’un entonnoir et un verre ; des éléments qui peuvent de nouveau être admirés par les visiteurs du Louvre. Ces petits éléments ont permis à l’équipe de confirmer la parenté de la Nef des Fous avec l’Allégorie de la débauche et du plaisir ; tandis que les deux œuvres placées l’une en-dessous de l’autre révèlent les mêmes dimensions que La Mort de l’avare.

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Jérôme Bosch, Allégorie de la débauche et du plaisir, vers 1500, Yale University Art Gallery.

« Nous sommes tous fous, ici »

La restauration tombe à pic, puisqu’en 2016, on fête le 500e anniversaire de la mort de l’artiste néerlandais dont on sait, au final, bien peu de choses…  Ses travaux horrifiques, aux créatures cauchemardesques et aux visages grimaçants voire simiesques ne cessent de fasciner les spécialistes comme le grand public, qui se trouvent face à un style absolument unique dans l’histoire de l’art.

Cette restauration, réalisée en partenariat avec le Bosch Research and Conservation Project, entre dans le cadre d’une vaste exposition qui se tiendra dans la ville natale du peintre, Bois-le-Duc, tandis que de nouvelles recherches seront menées pour tenter d’en apprendre davantage sur ce mystérieux artiste. Visible au Louvre jusqu’à fin janvier, La Nef des Fous rebaptisée s’envolera donc bientôt pour les Pays-Bas, comme d’autres œuvres du Prado.

Cependant, l’institution madrilène n’a pas consenti à prêter Le Jardin des Délices, pièce maîtresse de Bosch, puisque le musée a en projet sa propre exposition Bosch pour le courant 2016…

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