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Être femme à l’époque de Louis XIV : la condition impossible

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Publié le , mis à jour le
Qu’elles soient reine de France, épistolière célèbre ou simple vendeuse d’huîtres dans les rues étroites de Paris, toutes ont en commun ce même talon d’Achille : être nées du sexe faible. Alors que la question de l’égalité entre hommes et femmes se pose encore, le musée Promenade de Marly-le-Roi propose une intéressante exposition sur la condition féminine au temps de Louis XIV.

L’asservissement comme norme

Pour la première fois, une exposition offre un regard pertinent, illustré par de nombreuses œuvres (gravures, portraits, manuscrits mas aussi costumes), sur la présence des femmes dans la société du XVIIe siècle français ; ainsi que sur leur place et leurs mentalités à une époque où le sexe féminin était encore considéré comme imparfait, incomplet et donc nécessitant surveillance et si besoin, punition.

Car à l’époque du Roi-Soleil, que l’on soit née princesse ou simple nourrice, la femme se tait, arbore en toutes circonstances une toilette parfaite et un sourire qu’on croirait figé dans le marbre, pour faire honneur à son rang et se plier aux exigences de l’homme : père, mari, frère ou maître. En ce temps, et pour encore de longs siècles, l’existence féminine est conditionnée par les décisions masculines.

Enfant, elle est encadrée par son père, épouse, elle obéit aux ordres de son mari, retirée du monde, elle se plie aux décisions des membres du clergé. Peu importe le milieu de naissance, l’assujettissement reste la norme, quoi qu’il advienne.

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Charles et Henri Beaubrun, Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France © Château de Versailles.

L’ingéniosité comme émancipation

Célèbres ou parfaites inconnues, plusieurs figures féminines représentatives du siècle du Classicisme ponctuent le parcours, rendant hommage à ces inconnues, femmes issues du peuple (le Tiers-Etat représente plus de 80% de la population du royaume de France au XVIIe siècle), anonymes du fait de leur condition, effacées par leur non-existence dans les arts, les écrits et les témoignages de l’époque.

Il était pourtant temps de leur rendre hommage, lorsque l’on sait qu’elles étaient souvent le membre de la famille devant s’acquitter de la plus lourde charge de travail quotidien, travaillant aux champs, vendant en ville le produit des récoltes, et effectuant les tâches ménagères (tenue du foyer, éducation des enfants…). Un travail pour lequel, évidemment, elles ne glanaient aucune reconnaissance, étant donné que selon une tradition remontant à l’Antiquité, la femme en plus d’être soumise à son mari, l’était également à son rôle de génitrice.

Les escapades urbaines pour la vente des produits récoltés représentaient d’ailleurs bien souvent le seul véritable moment de liberté pour la femme, qui n’était pas nécessairement accompagnée du pater familias, et pouvait donc quelque peu jouir et se distraire de l’activité citadine, et ne plus penser aux fardeaux de tous les jours.

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Claude Lefèbvre, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné © Château de Versailles

La vie publique comme délivrance ?

Rares étaient les femmes au XVIIe siècle qui eurent la chance d’obtenir une éducation digne de ce nom, fondée à l’époque sur l’enseignement des arts (musique, chant, danse) et des lettres. Et celles-ci étaient souvent issues d’un milieu aisé, voire aristocratique. L’exposition met ainsi en avant quelques figures bien connues du siècle de Louis XIV, comme les puissantes Anne d’Autriche ou Madame de Montespan.

Cette dernière, célèbre maîtresse du Roi-Soleil, et d’ailleurs placée, en un parallèle édifiant, avec la reine de France : Marie-Thérèse d’Autriche. Épouse du souverain, cela ne signifiait pas pour autant qu’elle pouvait revendiquer un quelconque pouvoir. Ne possédant qu’un titre honorifique, la souveraine resta toute sa vie durant dans l’ombre de son époux qui ne l’aimait pas, tandis que celui-ci s’affichait ostensiblement avec ses belles et nombreuses amantes. Ainsi, au XVIIe siècle, le titre n’est nullement garant de libre-arbitre.

Dans un second temps, l’exposition brosse le portrait de quelques femmes célèbres, comme Madeleine de Scudéry, qui obtint la reconnaissance et l’estime des hommes par la publication de son roman-fleuve Clélie, histoire romaine. En écho, on rencontre l’inévitable Marie de Rabutin-Chantal, plus connue comme Marquise de Sévigné, auteure de la célèbre correspondance qui livre une représentation sans concession de la cour du Roi-Soleil mais plus largement de la vie et des soucis d’une femme de son temps.

Madame de Sévigné, si elle était une femme d’esprit, ne dût cependant sa relative liberté qu’à son veuvage rapide (à l’âge de 25 ans) et sa naissance noble qui lui permit de profiter comme elle l’entendait de sa fortune.

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