Article proposé par Exponaute
Depuis son ouverture, le musée de Montmartre s’est imposé dans le paysage parisien comme un lieu de rencontre et de résidence, que ce soit dans le cadre d’une belle exposition temporaire comme celle dédiée au trio infernal Valadon, Utrillo et Utter, ou simplement pour une plongée dans le Paris festif et un brin bucolique du début du XXe siècle.
Bâtisse la plus ancienne de la Butte, puisqu’elle fut construite au XVIIe siècle, la maison du Bel Air est une véritable maison-musée, que l’on découvre en se plongeant volontiers dans les temps anciens et chantants de Paris en pleine effervescence culturelle. Auguste Renoir y eut son atelier, comme Raoul Dufy et Émile-Othon Friesz.
Mais les artistes qui appliquèrent la plus grande empreinte à cet espace lumineux et calme restent bel et bien Suzanne Valadon et son fils, Maurice Utrillo, qui y vécurent et y travaillèrent. La peintre et modèle fétiche des maîtres de son temps vint s’y installer une première fois en 1898, puis y revint en 1912. Elle y vécut avec son fils Utrillo et son compagnon André Utter, également peintre de son état.
Lieu central de vie et de création, cette maison-atelier fut le témoin privilégié de la créativité de celle qui figure parmi les premières femmes-peintres, et vibra des rivalités entre le trio d’artistes, tout comme de leur foisonnement créateur qui naissait de la grande complémentarité de ces trois personnages aux caractères si marqués, et qui à leur disparition laissèrent des toiles exceptionnelles, témoignage vivace de la vie de Montmartre du XXe siècle balbutiant.
Après le décès d’André Utter en 1948, l’atelier du nord de la capitale tomba peu à peu dans l’oubli. Laissé à l’abandon pendant plusieurs décennies, l’atelier a été reconstitué grâce à une vaste opération de mécénat, qui a permis de le recréer à l’identique. Inaugurée en octobre 2014, cette reconstitution s’est essentiellement appuyée sur une analyse précise des photographies de la maison datant des années 1920.
On coupla à ce travail de recherche une observation scrupuleuse des œuvres de Suzanne Valadon qui intégrait à ses toiles de nombreux éléments qu’elle voyait autour d’elle dans son atelier de travail.
Réameublement, décoration et restauration de l’atelier-appartement se fit donc dans un souci constant de fidélité, de façon à donner le sentiment aux visiteurs que Suzanne Valadon vient à peine de s’éclipser au moment de la visite. Parmi ce décor de bois, de parquet un peu grinçant et de mobilier simple mais fonctionnel, le promeneur se sent comme chez lui, profitant librement des œuvres exposées, libre de prendre quelques photographies des pièces principales magnifiquement éclairées par de grandes fenêtres ou de larges baies vitrées.
Les travaux coûtèrent 150 000 euros. Mais le jeu en valait la chandelle, et la visite de l’atelier s’apparente à une agréable balade dans un laboratoire créatif de la première moitié du XXe siècle. On s’y promène avec bonheur, croisant çà une palette qu’on croirait oubliée de la veille, là un chevalet où trône une œuvre du trio d’artistes.
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