Article proposé par Exponaute
Sont-ce ses cheveux d’un roux flamboyant qui enflammaient les palettes des peintres de son temps ? Était-ce plutôt son menton, volontaire et fier, qui fascinait le regard des artistes ? Ou peut-être ces deux belles joues pleines, toujours rehaussées d’une roseur du plus bel effet qui stimulait l’imaginaire de ses contemporains créateurs ?
Toujours est-il que si l’on connaît bien la Suzanne Valadon artiste, et mère du peintre Maurice Utrillo, on connaît pourtant beaucoup moins la Suzanne Valadon modèle fétiche des créateurs de la fin du XIXe siècle. Pourtant, il y a fort à parier que vous avez forcément croisé un jour son visage sans savoir qui était cette jolie jeune femme immortalisée par les impressionnistes.
Belle, elle l’est, et les peintres du tout Paris, et même de plus loin, ne s’y sont pas trompés. Sourcils marqués encadrant parfaitement son regard, chevelure épaisse et un peu indisciplinée, une peau lisse et s’enflammant à la moindre agitation… Une muse idéale en cette époque où les peintres cherchaient des visages marquants, des allures remarquables et une grâce certaine.
Dès ses quinze ans, celle qui était appelée à devenir une artiste reconnue n’a pas encore touché aux pinceaux et à la palette, mais fréquente le monde influent des artistes qui immortalisent dans leurs toiles les atmosphères riantes de Montmartre et les bals populaires organisés aux abords des guinguettes qui ponctuent les bras de la Seine, à Chatou comme à Bougival.
Peut-on dire que fréquenter des peintres et dessinateurs allait décider de sa carrière ? Pour sûr ! Une carrière d’ailleurs florissante, puisque Valadon sera la première personne de sexe féminin à être admise au sein de la Société nationale des Beaux-Arts, et plus tard dans sa vie, persuadée du pouvoir cathartique de l’art, elle poussa son fils Maurice Utrillo à lui aussi saisir les pinceaux pour exorciser ses moments de profonde mélancolie, de delirium tremens et autres délires névrotiques.
C’est donc en 1880 qu’elle pose pour un premier artiste, Jean-Jacques Henner, avant de prêter ses traits à d’autres grands noms comme le symboliste Pierre Puvis de Chavannes. Consciente que sa condition de femme allait être un frein à son épanouissement personnel et à ses perspectives professionnelles, elle mesure rapidement l’importance de lier avec de grands noms de la culture française.
Elle attire donc Puvis de Chavannes dans ses filets, qui ne tarde pas à tomber sous son charme et partager sa couche. Jouant de ses charmes dès son plus jeune âge (elle n’a que quinze ans quand elle pose pour la première fois), elle découvre qu’offrir son visage, son corps, à la palette des artistes représente un moyen intéressant de gagner sa vie. Comme la Nana de Zola, elle est désirée de tous, réclamée de toute part, pour sa beauté, son charme, sa prestance.
Auguste Renoir l’immortalisa les cheveux ramassés en un sage chignon, en train de virevolter avec un cavalier, ou tressant son épaisse crinière rousse. Sous ses jolis traits, pointe cependant un petit air mutin et sûr de soi qui ne trompe pas le maître impressionniste, mais qui aiguillonne sa pratique.
Dans des teintes plus sombres, Henri de Toulouse-Lautrec gardera en mémoire une Suzanne Valadon attablée face à un verre de main, la mine boudeuse, ou vêtue d’une austère robe mauve à collet monté. À force de fréquenter Edgar Degas, celui-ci lui transmet son savoir-faire, et la jeune femme rivalise de talent avec le maître, et se lance, enthousiaste, dans une carrière de peintre.
Il faut donc croire que les marraines bonnes fées s’étaient penchées sur le berceau de Suzanne Valadon. Dotée d’une grande beauté, elle avait l’esprit vif, et sut tirer rapidement son épingle du jeu dans le milieu des artistes parisiens, et parvint à se faire un nom en peignant à son tour, après avoir observé des heures durant, la technique de ceux qui l’immortalisaient pour l’éternité sur leurs toiles.
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