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L’extase de Sainte Thérèse a retrouvé son éclat

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Trônant dans la chapelle de l’église Santa Maria Della Vittoria à Rome, la célèbre sculpture de Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin : L’extase de Sainte Thérèse, vient d’être l’objet d’une campagne de restauration.
© Livio Andronico - Wikimedia© Livio Andronico – Wikimedia

Qui a déjà pénétré dans cette église romaine se souvient forcément du décor fastueux de style baroque du lieu de culte. Partout des dorures, du marbre, des frises finement sculptées… À Rome, rien n’était trop beau pour les églises, en témoigne cette œuvre du Bernin, réalisée entre 1647 et 1652, aujourd’hui considérée comme un véritable chef-d’œuvre de l’art italien du XVIIe siècle.

L’extase de Sainte Thérèse représente Thérèse d’Avila, religieuse espagnole du XVIe siècle qui fut canonisée par l’Église de Rome en 1622, et restée célèbre pour ses écrits mystiques et religieux qui font d’elle une figure majeure de la spiritualité chrétienne. Représentée dans une pose alanguie, la tête basculée en arrière, la sainte s’offre à un angelot s’apprêtant à lui transpercer le cœur avec une flèche en or, tandis que de part et d’autre de la chapelle, des spectateurs de marbre (au sens propre) assistent à la scène tout en la commentant depuis des petites loges.

therese© Livio Andronico – Wikimedia

À l’origine une commande du cardinal Frederico Cornaro, dont les membres de la famille sont d’ailleurs représentés dans les loges entourant la sculpture, l’œuvre est achevée en 1652 et aura coûté la somme pharamineuse pour l’époque de 12 000 écus. Un apport bienvenu pour le Bernin, qui ne jouissait alors plus de la protection et du mécénat du pape Innocent X, l’artiste ayant été trop proche de son prédécesseur, Urbain VIII. Mais la chapelle en elle-même, qui accueille la sculpture, est une représentation du baroque dans toute sa splendeur, où les marbres polychromes rivalisent de splendeur avec le métal doré et les détails sculptés qui ornent plafonds et balustrades. Quant à Sainte Thérèse, elle semble baignée de lumière par les rayons dorés tombant au-dessus d’elle.

Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, Autoportrait, Rome

Malheureusement, l’église Santa Maria Della Vittoria étant de nos jours située à un carrefour de Rome constamment encombré par un flot continu de voitures, la statue qui avait déjà été restaurée deux décennies plus tôt, s’était considérablement ternie ; une couche de pollution et de fumée noire recouvrait le beau marbre blanc. Il aura fallu six mois de travail pour tout remettre en état, sans abîmer la pierre. Il eût été en effet triste de laisser dans un tel état la réalisation la plus célèbre du Bernin, représentation sculptée des textes laissés par la sainte à sa mort, où elle décrit ses nombreuses visions et moments d’extase religieuse.

Purement spirituelles, ces extases ? Pas si sûr… Certains historiens de l’art, probablement lecteurs de ce bon vieux Sigmund Freud, voient dans l’œuvre du Bernin une toute autre forme de plaisir. Yeux mi-clos, bouche entrouverte, tête pendant négligemment… la posture de Thérèse d’Avila perdue dans les plis de sa robe de bure reflète pour certains le plaisir sexuel ; mais d’autres réfutent cette hypothèse, arguant l’éducation chrétienne stricte reçue par le sculpteur qui l’aurait empêché de représenter des jouissances fermement condamnées par l’Église.

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