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Valadon, Utrillo, Utter : le musée de Montmartre au cœur de la création

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Jusqu’au 15 février 2016, le musée de Montmartre présente les œuvres de trois peintres (Valadon, Utrillo et Utter ) dans une exposition à la saveur particulière : les trois artistes en question ont vécu ensemble (mère, fils et compagnon) à l’endroit même où se situe actuellement le musée, au 12 rue Cortot, à Paris. 
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Suzanne Valadon, Le lancement du filet, 1914, Paris, Centre Pompidou.

C’est une exposition mais surtout une histoire. Au numéro 12 de la rue Cortot, où se trouve aujourd’hui le musée de Montmartre, se trouvaient des ateliers fréquentés par les plus grands artistes. Parmi eux, un trio infernal : Suzanne Valadon, Maurice Utrillo et André Utter, trois peintres aux relations passionnelles qui, pour la première fois, se retrouvent exposés côte-à-côte au cœur de ce qui fut jadis leur maison et leur atelier.

L’occasion de plonger dans la vie comme dans l’oeuvre de ces trois peintres de génie, alors que nous entourent des murs chargés d’histoire et des reconstitutions détaillées de salons et de chambres parfois mis en peinture. Visiter un musée, admirer des tableaux et la représentation de l’espace même dans lequel ils sont exposés, tel est le pari remarquable qu’est parvenu à tenir le musée de Montmartre en réunissant pour la première fois Valadon, Utter et Utrillo.

Trio infernal

C’est après une beuverie que tout à commencé. Après avoir un peu abusé des bonnes choses, le jeune Maurice Utrillo est raccompagné par son ami André Utter à peine plus âgé que lui. A ce moment précis se décide une relation houleuse qui durera trente ans : André Utter rencontre Suzanne Valadon, mère de Maurice Utrillo, modèle pour les plus grands (Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec, …) devenue peintre peu après la naissance de son fils.

Rapidement, Suzanne Valadon quitte son mari et s’installe avec André Utter, devenu son compagnon, et son fils au 12 rue Cortot. Nous sommes en 1912, début de sa période la plus productive. Utter devient son modèle (il est notamment représenté sur l’immense toile intitulée Le lancement de filet à l’entrée de l’exposition) et produit à ses côtés, dans les mêmes ateliers, ses propres tableaux.

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Maurice Utrillo, 12 rue Cortot à Montmartre, 1921 © ADAGP.

Alors qu’il vit lui aussi de ses peintures, Utrillo traverse une période difficile. Souffrant d’alcoolisme et de problèmes mentaux (dont témoigne la reconstitution d’une chambre et d’un train en bois qu’il utilisait pour se calmer malgré son âge avancé), il connaîtra plusieurs internements pendant lesquels il continuera de produire des toiles.

Sans trop de personnages (du moins jamais reconnaissables) Utrillo représente la ville, Montmartre surtout, animée et traversée de temps à autres par des silhouettes floues. Cette orientation artistique trouve peut-être une explication dans son rapport à sa mère, portraitiste de génie qu’il pensait ne jamais pouvoir égaler tant il lui vouait une admiration sans limites.

Rêve évanoui

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André Utter, Jardin de la maison d’Utrillo, Genève, Petit Palais.

Au sein de l’exposition, l’émotion est intense car elle est naturelle : on passe devant une toile d’Utter représentant le jardin de la maison d’Utrillo et, plus loin, on voit par la fenêtre ce même jardin, sous nos yeux, un siècle plus tard. On voit un salon, un atelier, une chambre, des portraits, Utter représentant Valadon, Valadon représentant Utter et, clou du spectacle, un portrait de famille qui résonne entre les murs comme un tableau d’ancêtres, comme le souvenir de ceux qui jadis occupaient les lieux.

A cette tragédie artistique s’ajoutent de grands noms : ceux des artistes habitués du Montmartre de l’époque, notamment Satie, voisin du trio, qui avait demandé Suzanne en mariage au lendemain de leur première nuit et dont le portrait est illustré par le morceau qu’il avait composé en l’honneur de sa belle.

Grande richesse historique, grande richesse picturale (l’essentiel des œuvres des trois artistes retrace toute leur vie), cette exposition est l’occasion de redécouvrir le travail des trois artistes dans des conditions idéales, pleines d’émotion, aux origines de l’art, au cœur de leur intimité.

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Suzanne Valadon, Portrait de famille, 1912, Paris, Centre Pompidou.

 

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