L’univers captivant de Magali Magistry, réalisatrice
Agathe Lautréamont • 19 octobre 2015Un parcours éclectique qui ne laissait pas présager une orientation vers le cinéma, un univers délicat touchant à l’imaginaire et une soif constante pour la découverte. La patte de Magali Magistry, lauréate des Audi talents awards 2015 dans la catégorie court-métrage, est d’une originalité rafraîchissante et moderne, et en fait une artiste à suivre de très près.
Magali Magistry.
Explorer pour créer
À l’origine, il y a la photographie. Travailler son œil, cadrer ses visions et développer son sens de la lumière et de l’esthétique… ce fut un travail formateur pour la jeune réalisatrice. Puis, elle effectua un détour par les études supérieures : ESSEC, philosophie puis art contemporain. Indécise, Magali Magistry ? Plutôt curieuse de tout, soucieuse de se nourrir de diverses sources pour mieux imaginer. Diplômes en poche, la jeune femme ne tarde pas à revenir vers l’image, mais cette fois-ci dans le domaine du cinéma. Pourquoi un tel choix ? Pour son aspect d’art total : sons, images, créations de personnages avec leur histoire propre… c’est un médium riche ouvrant très large le compas des possibles.
Extrait du film Vikingar, 2013 © Magali Magistry
Filmées caméra à l’épaule, ses images tremblent pour mieux refléter les émotions de ses personnages ; des hommes et des femmes aux pas desquels Magali Magistry s’attache avec passion, comme fascinée par les destins de ces créatures s’entrechoquant dans un univers trop étroit pour eux. Que ce soit dans la nature luxuriante de l’Amazonie ou dans les atmosphères moites et frénétiques des boîtes de nuit, la réalisatrice nous parle de la condition humaine à sa façon ; plaçant nos rêves d’ailleurs en parallèle avec nos quotidiens étriqués, désenchantés.
Un œil scrutateur
Une des particularités du style de la jeune femme est sa façon surprenante de coller aux êtres fragiles qui peuplent ses films. Elle a recours aux gros plans sur les visages, s’attarde sur la courbe d’une posture nonchalante, suit patiemment une démarche hésitante ou au contraire décidée ; comme hypnotisée. En filmant la petite histoire personnelle, l’épisode intimiste, Magali Magistry voit grand et aborde des thématiques contemporaines : l’écologie, le genre, comment trouver sa place dans un monde friand d’instantané et de vitesse. Et elle n’a pas peur des grands écarts. De notre époque actuelle avec Cinderela (2011), la jeune cinéaste pose ses valises en Islande pour filmer des combats à l’épée (Vikingar, 2013). Sa prochaine réalisation, intitulée Expire, explore le genre de la science-fiction.
Extrait du film Cinderela, 2011 © Magali Magistry.
Direction le futur, donc. Afin de donner corps à un monde post-apocalyptique où la pollution plonge les jours dans une éternelle brume épaisse, Magali Magistry va devoir se frotter aux effets spéciaux et à une post-production plus poussée, plus technique encore. Mais le défi ne lui fait pas peur, assoiffée comme elle est de nouvelles expérimentations. Avec ce projet présenté aux Audi Talents Awards, l’anticipation sera son prochain terrain de jeu.