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Muses du XXème siècle vol.3 : Gala, muse de fer et femme d’affaires de Salvador Dalí

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Les muses d’artistes. Entre mythe et réalité, ces entités cachées derrière les plus grands artistes sont parfois à l’origine de chefs-d’œuvre mémorables. Qui sont-elles exactement, elles qui ont marqué l’histoire de l’art sans que nous le sachions vraiment ? Découvrons leur vrai visage à travers leurs histoires et plus seulement par le pinceau de leurs artistes. Aujourd’hui, Gala, la muse unique de Dalí.

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 Salvador Dali and Gala, 1932 © Brassaï Gyula Halash

Grand représentant du mouvement surréaliste, Salvador Dalí a aussi marqué les esprits par sa personnalité provocante. Mais dernière ce visage d’enfant terrible se cache un grand romantique. Sa vie, il la consacra à son unique amour : Gala. Un couple dépotant qui donna lieu à des œuvres surréalistes mais aussi au business Dali. Véritable femme de fer et d’une dizaine d’année son aînée, cette muse, bien qu’en arrière-plan, était bien plus qu’un modèle et une épouse.

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Salvador Dalí, Main de Dalí retirant la Toison d’or des yeux de Gala debout derrière le Soleil, 1977 © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014

Gala Ono

Entre Gala et Dalí, on parle d’un coup de foudre mutuel, une rencontre au reflet de leur histoire passionnelle. Quand leurs regards se croisent pour la première fois, en 1929, ils sont à Figueras, en Espagne, où habite Dalí. A l’époque Elena Ivanovna Diakonova (née à Kazan, Russie, en 1894), que ses amis surnomment Gala, est mariée et son époux n’est autre que le jeune poète Paul Eluard. Ils appartiennent à un groupe d’amis, les surréalistes, et sont tous invités chez le peintre espagnol en devenir, Dalí, qui commence à les fréquenter. Gala et Paul Eluard ont déjà vécu une histoire d’amour triangulaire lorsque Gala pris pour amant Max Ernst, lui aussi protagoniste majeur du surréalisme, mais au moment où Gala rencontra Dalí se fut sans demi-mesure, et elle quitta son époux. Il aura suffi d’une semaine à Dalí pour charmer sa belle, leur amour résistera jusqu’à leur mort.

Dalí peint Gala comme il peint une déesse, il en fait une icône moderne. Dans son œuvre Leda Atomica, on peut la voir juchée sur un piédestal. Gala devient un mythe, se faisant charmer par Zeus transformé en cygne (ou peut-être est-ce Dalí ?). On lui connait un ego surdimensionné, Dalí en convient tout à fait, mais sans Gala il n’est rien, son monde s’effondre. C’est ainsi que Gala, dans l’ombre, prend en main le talent de son époux, la première femme trader faisant de son époux, un artiste bankable.

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Salvador Dalí, Léda atomica, 1949, © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014

Avida Dollars

Cette manie qu’à Gala de jouer les agents permet très vite au couple d’avoir un niveau de vie aisé. Dès le début de leur relation elle organise des expositions afin de présenter son travail, vend ses toiles et finit par prendre des commandes. L’histoire raconte qu’elle gardait Dalí enfermé dans son atelier tant que l’ouvrage n’était pas terminé. Mais cet esprit d’entreprise qui anime Gala et fait de Dalí une machine à produire est mal perçue par leur entourage surréaliste. Breton, Magritte, Man Ray et Ernst voient d’un mauvais œil cette frénésie créative ayant pour but de transformer l’art en argent. André Breton donna alors à Salvador Dalí le surnom d’Avida Dollars, une anagramme caustique digne de ce maître des mots. A partir de ce moment, les relations entre le couple et leurs compagnons surréalistes se détériora et leur amitié pris fin (amitié qui avait pourtant tenu après que Gala se soit séparée de Paul Eluard pour Dalí).

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Salvador Dalí, Galarina, 1945, © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014

Ave Gala

Gala fut également à l’origine d’une dispute qui éloigna Dalí de son père. Venant d’une famille catalane religieuse, son union avec une femme déjà mariée sema la discorde. Dalí dû faire un choix, et ce fut Gala. Ils célèbrent leur amour civilement en 1932 et doivent patienter jusqu’en 1958 et la mort de Paul Eluard pour se marier religieusement. Dalí envisagea même de se marier une seconde fois religieusement avec Gala, par le rite copte catholique, car comme il le dit « faire quelque chose de sacré et qui ne sert à rien, c’est ce qu’il y a de plus sublime pour Dalí ».

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Salvador Dalí, La Madone de Port-Lligat, 1950, © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014

En 1939, durant la Seconde Guerre Mondiale, le couple s’exile à New-York et connait une période de bouleversements. C’est à la fois une aubaine pour eux car Dalí bénéficie de sa première exposition rétrospective au musée d’Art moderne de New York en 1941, mais c’est aussi une période de traumatisme. Le peintre ne sort pas indemne des événements qui sévissent dans le monde. Les bombardements qui ont attaqués Hiroshima et Nagasaki entraîne Dalí dans une période picturale appelée mysticisme nucléaire, mélange de physique et spiritualité. Comme pour de nombreux événements de la vie de Dalí, Gala en devient le reflet à travers sa peinture.

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Salvador Dalí, Galatée aux sphères, 1952, © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014

Dalí et Gala reviennent en Europe en 1949 menant une vie luxueuse. L’artiste espagnol fit deux acquisitions conséquentes. La première étant un Château à Pùbol pour sa femme en 1969 et la seconde, le théâtre-musée musée Dalí pour sa propre gloire en 1974. Durant ces années Dalí rencontra Amanda Lear, jeune étudiante des beaux-arts. Ils entretiennent une relation platonique et artistique avec le consentement de Gala. Amanda prend des cours de peinture aux cotés de Dalí et pose pour lui, sans pourtant jamais égaler Gala en aucune mesure. Cette dernière prendra plusieurs amants et considéra Amanda comme une remplaçante indispensable à temps partiel pour s’occuper de Dalí.

Dalí survécu sept ans après la mort de Gala en 1982, décédée à l’âge de 87 ans.« Survivre », car Dalí avait perdu, comme il le dit, sa « raison de vivre », et se laissa dépérir, refusant de sortir de chez lui. Gala repose désormais au Château de Pùbol et Dalí dans son théâtre-musée à Figueres. Pour cette femme hors norme qui était destinée à devenir institutrice en Russie, le destin en aura décidé autrement et fera d’elle la muse surréaliste du XXème siècle et la femme du peintre à la moustache saillante.

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Salvador Dalí, Ma femme nue regardant son propre corps se transformer en marches d’escalier, trios vertèbres d’une colonne, ciel et architecture, 1945, © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres, 2014

 

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