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Travailler dans la culture aujourd’hui ? L’heure des comptes

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Publié le , mis à jour le
Une étude du ministère de la Culture nous révèle les revenus d’activité et les niveaux de vie des professionnels de la culture. Un bilan mitigé, qui concerne 2,2% des actifs en France, marqué par des disparités à différents plans. Des inégalités constatées entre le domaine culturel et les autres secteurs, mais également au sein même du milieu culturel et des professions associées. 
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Gianni Motti, Funds Show, 2009. © Gianni Motti.

Les professionnels de la culture, au regard des autres actifs, se voient parfois pénalisés au niveau salarial. De nombreux facteurs sociodémographiques (niveau de diplôme, âge, sexe, lieu de résidence…) viennent nuancer l’impact de leurs revenus moyens et de leurs niveaux de vie. Mise en lumière sur les artistes plasticiens, photographes et graphistes, artistes, cadres et techniciens des spectacles, journalistes et cadres de l’édition, auteurs littéraires et traducteurs, architectes, professeurs d’art ou encore artisans et ouvriers d’art.

Vivre d’art et d’eau fraîche ?

Le salaire moyen des professionnels de la culture s’élève à 26 000 €, un revenu supérieur de 6% à celui de l’ensemble des actifs. Il en va de même de leur niveau de vie, supérieur de 11%. Cependant ce calcul est à modérer en prenant en compte les effets de structure entre les professions. En ajoutant dans ce calcul le temps de travail, la qualification, le statut salarial, la situation familiale, on remarque, qu’à caractéristiques sociodémographiques et conditions d’emploi identiques, un professionnel de la culture perçoit en moyenne un revenu d’activité inférieur de 26% à celui d’un actif exerçant dans un autre domaine. Ces indicateurs font également chuter le taux du niveau de vie, évalué à 12% de moins que ceux des autres actifs. Une disparité entre le monde de la culture et le reste des activités professionnelles qui n’augure rien de bon, pour les protagonistes du milieu culturel.

Pourtant, les inégalités les plus significatives résident davantage au sein de la sphère culturelle elle-même, selon les différentes activités et au cœur d’une même profession. Entre le salaire d’un architecte et le salaire d’un professeur d’art, la différence est la plus notable. Là où le premier reçoit en moyenne 33 700 € par an, le second est à 17 600 €. Bien qu’en termes de profession libérale, un architecte perçoive moins qu’un médecin ou un avocat, la profession figure parmi les mieux rémunérée et marque la disparité entre les activités de la culture. De façon plus restreinte encore, pour une même profession, on remarque que 10% des auteurs littéraires les mieux rémunérés déclarent un revenu de 47 400 € annuel et 10% des moins rémunérés reçoivent un salaire de 3 000 €. Des inégalités qui se retrouvent dans la majorité des professions de la culture.

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Il faut également tenir compte du cumul des revenus directs d’activités (salaire) et des revenus de remplacements (indemnités de chômage dans la majorité des cas, dispositif d’intermittence). « Dans les métiers du spectacle, perçoit ces deux types de revenus » nous explique l’étude. Un fonctionnement qui concerne principalement les journalistes (12% d’entre eux) et près d’un actif sur deux dans les métiers du spectacle. Une condition souvent vécue comme précaire et qui participe à la baisse du niveau du vie des actifs de la culture.

Une histoire de femmes, mais pas que

Il serait pourtant faux de crier trop vite au scandale, il n’y a pas que du mauvais à travailler dans la culture. Entre les hommes et les femmes les écarts de salaires ne sont plus à démontrer. En moyenne une femme gagne 30% de moins qu’un homme à compétences et poste égaux, cependant une légère amélioration se fait sentir dans la monde de la culture. L’inégalité salariale entre hommes et femmes est moins importante pour les actifs de culture, la différence de revenu passant de 30% à 19%. Pas de quoi crier victoire pour autant, certes, mais à souligner tout de même.

Enfin, le bilan de cette étude nous montre que 2/3 des professionnels de la culture se voit soutenir financièrement par un membre de la famille, majoritairement le conjoint. Le fait de prendre en compte l’impact du ménage, et plus particulièrement le revenu complémentaire qu’apporte le conjoint, permet de gommer les écart de niveau de vie. Les femmes exerçant dans le milieu de la culture ont un niveau de vie supérieur de 5% à celui des hommes. Ce constat, tristement positif, s’explique dans la mesure où elles bénéficient du soutien de leur conjoint appartenant à la classe des cadres intermédiaire et supérieur. Et s’il faisait finalement bon vivre dans la culture ?

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