Article proposé par Exponaute
Mauvais, raté, pas bon, de mauvaise qualité, nombreuses sont les possibilités lorsqu’il s’agit de traduire le mot bad chez ce Museum of Bad Art. Hommage à la laideur, à ce qui est tellement laid qu’il devient objectivement laid, ou hommage au faux-pas artistique, à la mauvaise idée qu’ont pu avoir des artistes qui par ailleurs pourraient avoir du talent, la volonté des créateurs du musée est aussi large d’interprétation qu’est la traduction de son nom.
Pourtant, à en croire Louise Sacco Directrice executive par Interim à l’Action Permanente, le musée est fondé sur « des standards précis » et sur « une qualité particulière qui distingue les œuvres d’une manière ou d’une autre de la simple incompétence ». L’art du raté, l’art du méta-esthétique, tellement méta qu’il appartient à sa propre esthétique, drôle parfois, toujours farfelu, chacun jugera.
L’histoire du musée est plutôt jolie. En 1993, Scoot Wilson, collectionneur et marchand d’antiquités, sauve des ordures une oeuvre étonnante intitulée Lucy in the Field with Flowers. Jolie inspiration décalée d’un amateur des Beatles (ou consommateur de LFF, une substance illicite totalement inconnue ?), qui, sur toile, est plutôt originale. A elle seule, cette oeuvre a au moins le mérite d’avoir inspiré un musée .
Encouragé par ses amis, l’homme commence une collection, puis organise des soirées à thème, ouvre une galerie, puis plusieurs. Aujourd’hui c’est un musée et deux branches dans le Massachussets qui rend hommage à « ce qui ne pourrait être exposé et apprécié ailleurs ». La collection compte environ 600 œuvres, toutes motivées par une intention sincère, toute oeuvre qui serait volontairement exagérée n’y a pas sa place.
Si la majorité des tableaux prête, il faut le dire, à sourire, les créateurs du musée sont, eux, très sérieux. Sur la FAQ de leur site internet, ils mettent un point d’honneur à renseigner les curieux et les éventuels détracteurs : « Cette institution travaille dur et depuis longtemps pour construire la plus belle création de mauvais art au monde. Nous prenons notre mission très au sérieux. Franchement, nous sommes choqués et indignés face à vos insinuations dérisoires ».
Plus de vingt ans après sa création, le musée de l’art mauvais prend de l’ampleur. Aujourd’hui, entre Boston et New-York, certaines œuvres voyagent, le musée étant devenu partenaire de plusieurs expositions autour d’un angle qui a l’avantage de réunir à lui seul plusieurs périodes, plusieurs écoles, bref, de réviser à sa manière toute l’histoire de l’art. Ce musée fera parler et, surtout, fera réfléchir.
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