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Stik, ou la philosophie du Street art

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Publié le , mis à jour le
Six lignes et deux points, c’est encore la manière la plus simple pour représenter une figure humaine et décamper aussi rapidement pour ne pas se faire attraper. Voilà comment tout a commencé pour le street artist Stik. Plus qu’un art de rue, une philosophie pour l’artiste.

Stik T

A l’occasion de la sortie de son livre Stik par Stik, le 13 août, focus sur l’artiste aux petits bonshommes blancs. Son véritable nom, on ne le connaît pas vraiment, sa vie, pas beaucoup plus, mais son œuvre oui, et ça tombe bien, c’est justement ça qui nous intéresse et que l’on cherche à comprendre davantage.

Ainsi parlait Stik

Ils n’ont beau avoir que deux traits à la place des jambes, les petits personnages de Stik voyagent à travers le monde. De New-York à Berlin en passant par la Jordanie et la Norvège, Stik prend place sur les murs du monde entier. Londres reste tout de même sa ville de cœur et sa première préoccupation.

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Stik, Vol par Stik, Hoxton Square, Hackney, Londres, 2012, © Stik

Artiste des marges, il s’enquiert des dynamiques sociales de sa ville, et notamment de la gentrification croissante qui change petit à petit le visage londonien. « Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde mais j’ai le sentiment qu’ils préféreraient que nous ne soyons pas ici » explique-il au magazine The Guardian. « Ils » ce sont ceux qui participent à la gentrification, à une norme, et par conséquence génèrent une marge. Un duo uni sans lequel l’un ne pourrait exister sans l’autre.

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Stik, Salle d’attente,  Triangle Road, Hackney, Londres, 2011, © Stik

Néanmoins, la position de marginal est contraignante à soutenir au quotidien. Être un outsider, c’est être mis de côté jusqu’à devenir invisible. Ce sentiment, Stik le combat en permanence avec son art, pour lui comme pour le reste des marginaux qu’il fait s’exprimer à travers lui. Ne pas être invisible. Voilà comment, en se répétant ce leitmotiv, on en vient à dessiner sur des murs de 125 pieds de haut. Au moins, là haut, on ne passe pas inaperçu.

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Stik, Big Mother, sur le côté de Charles Hocking House, une tour condamné à Ealing, à Londres, © Stik

Street-artStik

Son art est simple en apparence, mais iconique. Ce sont des personnages en bâton, tracés à la bombe l’aérosol noir, que l’on identifie et reconnaît. C’est parce qu’il est né d’une nécessité (celle de la rue) que cet art est si fort. Il porte en lui l’essence d’un street-art brut qui tente de garder une forme de pureté, dans la mesure où Stik n’est pas à vendre. Un pari compliqué dans une société où tout s’échange et s’achète au nom de l’art et surtout de l’investissement.

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Stik, Famille,  Jabal al Qala’a, Amman, en Jordanie, 2012, © Stik

Le street-art, ce n’est pas juste un art qu’on voit ou qu’on crée dans la rue pour Stik. Où serait l’intérêt sinon, d’appeler street-art un art qui peut se placer n’importe où. On parle ici d’un art qui se joue de l’espace public et privé, intervertissant l’un et l’autre. Mais plus loin encore, pour Stik, le street-art est une science, et même une spychogéographie, soit une manière de penser son graff comme on pense une partie dans son ensemble. Le street-art doit répondre au paysage, se mêler avec ce qui l’entoure, comme une nature urbaine.

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 Cour Lane, Southwark, Londres, 2012, © Stik

Et bien sûr, le street art n’existerait pas sans les membres qui la composent. C’est une communauté avant tout, à laquelle Stik rend hommage. Une complicité à distance entre les artistes. On la ressent dans les dessins de Stik, où les personnages ne sont jamais seuls, toujours à deux ou en groupe. Chacun d’entre eux prend soin les uns des autres dans ces petites histoires de rues. Le street-art, une société dans la société, où la seule devise est la liberté d’expression.

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© Stik

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