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Eugène Delacroix met en scène Shakespeare

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Publié le , mis à jour le
En lien avec la célébration du 450e anniversaire de la naissance de William Shakespeare, le musée national Eugène Delacroix s’intéresse à la place particulière qu’occupent les œuvres du dramaturge anglais dans la création d’Eugène Delacroix.

« Delacroix a certainement été un des artistes qui s’est le plus intéressé aux œuvres du dramaturge anglais, il a été passionné par les représentations théâtrales de Shakespeare », annonce Dominique de Font-Réaux, directrice du musée national Eugène Delacroix.

Entre 1835 et 1859 en effet, l’artiste ne composa pas moins de vingt tableaux autour de sujets shakespeariens, sans compter les seize lithographies d’après Hamlet aujourd’hui réunies au musée. Artiste cultivé, épris de littérature, Delacroix fut aussi un spectateur de théâtre averti. Un goût qui s’exprime dans son premier Autoportrait connu, daté de 1821 : debout, la pose figée, jambe gauche en avant et main posée sur un rebord, l’artiste est vêtu d’un costume agrémenté d’une grande cape noire à la manière d’un comédien, le halo de lumière qui éclaire son visage évoque la lueur des bougies, employées pour éclairer les représentations au XIXe siècle.

Delacroix eut l’occasion de fréquenter les salles de spectacle anglaises lors de son voyage à Londres en 1825. Dès son retour à Paris, il se montra curieux des enjeux du renouveau de la scène théâtrale, et des théories nouvelles autour du jeu d’acteur. La fascination de Delacroix pour le personnage d’Hamlet, prince tourmenté auquel il aurait pu s’identifier, l’amène à consacrer au héros shakespearien par excellente une suite de seize lithographies, réalisées entre 1834 et 1843.

Eugène Delacroix, Le fantôme sur la terrasse (Acte I, scène 5) © RMN-Grand Palais/René-Gabriel Ojéda.

Delacroix choisit d’isoler seize saynètes dans les cinq actes que compte la pièce de Shakespeare, celles dont la force tragique est la plus grande : la révélation du père d’Hamlet à son fils, l’assassinat de Polonius, la mort d’Ophélie… Les décors sont réduits à l’essentiel, les cadrages le plus souvent resserrés sur deux ou trois figures, les contrastes traités en clair-obscur, renforçant ainsi l’intensité dramatique de chaque scène. Comparant l’art du théâtre avec le sien, Delacroix écrit en 1847 dans son Journal : « L’exécution dans la peinture doit toujours tenir de l’improvisation, et c’est en ceci qu’est la différence capitale avec celle du comédien  ».

Mais Hamlet ne fut pas la seule œuvre de Shakespeare qui retint l’attention de Delacroix. L’artiste accorda aussi aux personnages d’Othello, Lady Macbeth ou Le Maure de Venise une place particulière, témoignant de son admiration pour le dramaturge, et plus largement pour la littérature anglaise (puisque l’on croise aussi dans l’exposition les figures d’Ivanhoé de Walter Scott, ou Jane Shore de Nicholas Rowe). Eugène Delacroix choisit par exemple de représenter Roméo et Juliette au tombeau des Capulet, illustrant l’instant paroxystique de la pièce, le moment où Roméo tient dans ses bras le corps inanimé de Juliette qu’il croit morte, avant qu’il ne se tue de désespoir et que Juliette ne se réveille et se suicide à son tour.

Les appartements et l’atelier d’Eugène Delacroix, hantés par l’artiste qui y a passé les six dernières années de sa vie, servent d’écrin aux lithographies, dessins et tableaux illustrant l’œuvre de William Shakespeare, dont nous célébrons cette année le 450e anniversaire de la naissance. On ne peut imaginer plus beau cadre à Paris pour accueillir les fantômes des amants de Vérone, d’Othello et de Hamlet.

Retrouvez dans l’Encyclo : Eugène Delacroix

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