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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Joséphine de Beauharnais

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Publié le , mis à jour le
Jusqu’à fin juin, le musée du Luxembourg consacre une exposition intimiste à l’impératrice Joséphine, tandis que le château de Malmaison s’intéresse à sa passion des fleurs et des oiseaux. Séductrice, fan de mode, de plantes et d’art, épouse répudiée… Qui était Joséphine ? Étapes d’une vie qui fut tout aussi palpitante que celle de Napoléon.

Pierre-Paul Prud’hon, Portrait de l’impératrice Joséphine dans le parc de Malmaison, 1805–1809, Paris, musée du Louvre © Gérard Blot.

Une enfance sous les tropiques

Marie-Josèphe-Rose de Tascher de La Pagerie naît le 23 juin 1763 à la Martinique, près de Fort-de-France (l’île est une colonie française depuis 1635). Ses parents sont propriétaires d’une plantation de cannes à sucre à laquelle travaillent plus de 300 esclaves africains. Surnommée Yéyette dans son enfance, elle quitte son île natale pour la France métropolitaine à l’âge de seize ans, en 1779, pour épouser le vicomte Alexandre de Beauharnais, futur général de l’armée, né lui aussi à la Martinique. Joséphine est un « deuxième choix », Alexandre devant d’abord se marier à la fille cadette des La Pagerie, qui meurt de la tuberculose.

Un premier mariage malheureux

Le mariage des Beauharnais n’est pas heureux, Alexandre trompe son épouse et dépense l’argent de ses propriétés de Saint-Domingue, elles aussi exploitées par des esclaves. Ils se séparent en 1785, mais restent légalement mariés. Joséphine n’a que vingt-deux ans, elle s’installe chez son beau-père, à Fontainebleau. Deux enfants sont nés de ce mariage : Eugène-Rose, que Napoléon fera vice-roi d’Italie, et Hortense, qui épousera un frère de l’empereur, et aura pour fils le futur Napoléon III. Président de l’Assemblée constituante en 1790, et ayant pris part à la fuite de Louis XVI à Varenne, Alexandre de Beauharnais est guillotiné en 1794. Joséphine échappe de peu au même sort, grâce au scribe de la Sûreté générale qui, amoureux d’elle, fait disparaître son acte d’accusation.

La rencontre avec Napoléon

Joséphine sombre alors dans une relative pauvreté – on dit qu’elle règle ses dettes en étant entretenue par divers amants. Cela ne l’empêche pas d’aimer les mondanités, et de devenir une personnalité importante du Directoire (1795–1799), amie de Madame Tallien, maîtresse de Barras (l’un des « Directeurs »). C’est lui qui présente à Joséphine, à l’automne 1795, le jeune Napoléon Bonaparte, alors officier. Elle l’épouse quelques mois plus tard sans vraiment l’aimer, tandis que lui est fou d’amour et possessif – il fait changer son prénom en « Joséphine » pour mieux montrer la rupture avec la période antérieure. Il a vingt-cinq ans, et elle trente-deux, mais chacun ment sur son âge : il se donne deux ans de plus, elle s’en ôte quatre. Deux jours après leur mariage, Napoléon part prendre la tête de l’armée d’Italie. Joséphine reste seule, et garde ses habitudes de libertinage. Elle prétend être enceinte pour ne pas avoir à rejoindre Napoléon, très jaloux, en Italie, mais doit s’y résoudre, emmenant avec elle l’un de ses amants.

Pierre-Joseph Redouté, Tulipes et roses, 1802–1804, aquarelle sur vélin, Upperville, Rachel L. Mellon, Oak Spring Garden Library © Collection R. Lambert.

L’impératrice

C’est au château de Malmaison, acheté par Joséphine en 1799, que se prépare le coup d’Etat qui mène au Consulat puis à l’Empire. Couronné empereur le 2 décembre 1804 à Notre-Dame-de-Paris, Napoléon pose lui-même la couronne impériale sur la tête de son épouse (scène que David a représentée dans le célèbre Sacre) – puis sur la sienne. Joséphine doit obéir à la stricte étiquette de la cour, mais s’attache à être la femme la mieux vêtue de l’Empire, se faisant par là-même l’ambassadrice de l’excellence française en matière de luxe. Elle aime les plumes et le cachemire, les bijoux, les broderies et les dentelles, et contribue à « féminiser » et à apporter de la légèreté au style Empire, très rigide et inspiré de l’Antiquité (comme par exemple avec le fameux fauteuil à accoudoirs en forme de cygnes, dessiné par Percier et Fontaine), privilégiant l’acajou et le bronze doré.

La répudiation

Joséphine ne peut plus avoir d’enfants, et craint la répudiation (ce pourquoi elle marie sa fille au frère de son mari, afin d’assurer un héritage). Napoléon quant à lui collectionne les maîtresses, et a plusieurs enfants hors mariage. Il décide de se séparer de Joséphine pour s’assurer une descendance dynastique : le divorce est officialisé en décembre 1809. Napoléon se remarie quelques mois plus tard à Marie-Louise, et laisse à son ex-épouse Malmaison, qui restera sa principale demeure et son refuge jusqu’à sa mort en 1814, ainsi qu’un château près d’Évreux et le palais de l’Élysée, à Paris, aujourd’hui siège du pouvoir présidentiel.

Passionnée de mode et de nature

Très dépensière, Joséphine contribue à définir le style de son époque, notamment en dépensant la fortune de l’Empire en vêtements et mobilier. Elle joue de la guitare et se passionne pour les sciences naturelles et la botanique : elle fait introduire le cygne noir en Europe et, nostalgique de la Martinique, fait importer diverses espèces de plantes tropicales, notamment sur la Côte d’Azur. L’impératrice possède dans ses serres la plus grande collection de roses de son époque – dont une variété porte son nom —, et fait de son jardin de Malmaison un véritable paradis. Elle y reçoit ses amis (la plupart des têtes couronnées européennes), et continue à acheter des robes par dizaines, grâce à Napoléon qui lui donne des millions. Sa collection compte des œuvres d’artistes de son temps, notamment des tableautins anecdotiques de peintres « troubadours », mais aussi des toiles de maîtres anciens et des sculptures d’Antonio Canova. Entourée d’art et de plantes, Joséphine meurt le 29 mai 1814 à l’âge de cinquante ans, après avoir pris froid lors d’une promenade en forêt avec le tsar Alexandre Ier. Dans sa chambre sont accrochées des aquarelles de Pierre-Joseph Redouté, représentant les fleurs les plus rares de son domaine.

 

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