Article proposé par Exponaute
Tout le monde connaît Lady Gaga. Tout le monde connaît Marina Abramovic. Dans le milieu de l’art du moins, et un peu au-delà, notamment depuis son exposition-événement The Artist Is Present, au MoMA de New York, en 2010. L’artiste d’origine serbe y réalisait une performance inédite : rester assise, immobile, tous les jours, dans l’atrium du musée, et se livrer à un face-à-face éprouvant avec les visiteurs qui défilaient un à un devant elle. On se souvient avoir vu de nombreuses personnalités (Lou Reed, Isabella Rossellini, Sharon Stone, James Franco…) planter leurs yeux dans ceux de l’artiste, parfois au bord de l’épuisement. Certains fondaient en larmes, d’autres gardaient un visage de marbre. L’important, quoi qu’il en soit, était qu’ils fussent là.
En 2010 déjà, la démarche de Marina Abramovic posait question. Une longue enquête du New Yorker, signée Judith Thurman, pointait la « méthode » de l’artiste, enseignée à de jeunes wannabe performeurs dans sa maison-école de Hudson, dans l’État de New York, comme celle d’un professeur « mi-sergent, mi-gourou ». Trois ans plus tard, cette même méthode tend au dogme, avec pour ambassadrice une star planétaire piquée d’art, la chanteuse Lady Gaga. Celle-ci, que l’on a vue emprunter (pour ne pas dire plagier) les transformations anatomiques d’une autre artiste-performeuse, la Française ORLAN, semble depuis quelque temps être la plus fervente adepte (et la meilleure VRP) de la méthode Abramovic, qu’elle applique à son travail vocal (ou à sa capacité à épouser nue la nature, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous). La « Méthode Marina » serait-elle donc la nouvelle lubie des stars, après le régime « suçage de glaçons » ou la cupping therapy ?
Si le projet évoque plutôt le manuel de la parfaite secte, on peut s’interroger sur la question de l’enseignement de la performance, et sur la volonté de laisser à la postérité des œuvres par définition éphémères. Dans les années 1970–1980, Marina Abramovic réalisait des performances (en particulier avec son compagnon Ulay), le plus souvent à forte teneur politique – comme laisser à la disposition des visiteurs d’une galerie des objets permettant de la blesser, jouer au jeu du couteau, ou manger un oignon cru. Déjà, l’artiste avait un credo : « Pas de répétitions, pas de fin déterminée, vulnérabilité, hasard, réactions premières ». L’enseignement du MAI serait plus, dès lors, l’activation d’un « état de conscience » dans une sorte de bulle spatio-temporelle où, comme l’indique Abramovic, « tout peut arriver ». Ou peut-être rien. Car l’Institut est, selon l’artiste, le lieu de « l’immatériel ». Mais il est un autre élément du MAI encore indéterminé : son tarif d’entrée.
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