Article proposé par Exponaute

Quand les artistes racontent la guerre d’Algérie

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Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration raconte dans une expo la vie des migrants algériens en France à partir de 1954. Photos, documents d’archives, reportages, objets du quotidien et œuvres d’art ponctuent Vies d’exil.

André Fougeron, Les Nord-Africains aux portes de la ville, 1953 © André Fougeron/ADAGP.

Lorsque l’insurrection éclate en Algérie en 1954, une partie de la population (250 000) a déjà posé les pieds sur le sol français. Les hommes – les femmes n’arrivent qu’en 1956–1957 – sont parqués dans des bidonvilles en périphérie de Paris, à trois kilomètres seulement de l’Arc de triomphe. Sans travail ni logement, ils vivent dans des conditions déplorables, sous des tôles froissées, dormant à même le sol. La toile du peintre surréaliste André Fougeron, Les Nord-Africains aux portes de la ville, reflète cette tristesse ambiante.

Cette période de crise algérienne touche toutes les couches sociales, tous les corps de métiers, y compris les artistes, comme Mohamed Issiakhem, qui décroche une bourse d’étude aux Beaux-arts de Paris au moment où la guerre éclate dans son pays tout en menant une activité de militant au FLN (Front de Libération Nationale). L’un des premiers soutiens français à la communauté algérienne émane d’artistes français, à l’instar de Bernard Lorjou qui invite à une prise de conscience via d’autres supports de sensibilité.

Jacques Villeglé, Carrefour-Algérie-Evian, 1961, collection privée.

Grand flâneur de rue, Jacques Villeglé collecte les affiches lacérées de propagandes commerciales et politiques, pour les détourner en toiles vives et riches de symboles. « En prenant l’affiche, je prends l’histoire », disait-t-il. Carrefour-Algérie-Evian est réalisée en 1961. A droite de ce montage poético-politique, un lambeau de publicité pour l’eau minérale Evian « d’intérêt public », qu’il utilise pour rappeler les accords d’Evian, résultat de négociations entre les représentants de la France et du gouvernement provisoire de la République algérienne. Ce collage marque, après sept ans de guerre, la fin d’un conflit sanglant (à noter les touches de rouge aux extrémités du tableau), et l’immigration d’une population en mal d’un pays désormais libre.

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