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Les échecs, rois des jeux, jeu des rois

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Les petits chevaux, la marelle, le tric trac, le tarot, les osselets… Tous ces jeux, encore pratiqués aujourd’hui, puisent leurs origines dans l’Antiquité et le Moyen-Âge. Pour mieux comprendre ces jeux de plateau, de hasard et de stratégie, le musée de Cluny retrace leur histoire à travers des pièces exceptionnelles, dans un état de conservation remarquable. Attardons-nous sur un trésor d’échiquier dit « de saint Louis », provenant des collections royales.

L’échiquier de saint Louis © 1993, RMN.

Échec et mat. Dans la cour du musée de Cluny, à l’occasion de l’exposition Art du jeu, jeu dans l’art, un échiquier géant a pris place, titillant la curiosité des visiteurs et leur instinct de joueurs. Blanc ou noir : choisir sa couleur déclenche la partie. Depuis l’Antiquité et encore au Moyen-Âge, les duels de ce type se multiplient aux quatre coins de l’Europe. Véritable bataille fictive, le jeu d’échecs est un modèle réduit d’une guerre entre deux couleurs soutenues par des forces vives (la tour, le cavalier, la Reine, le Roi, les pions …) et encadrées par des règles très strictes.

Au-delà d’un support de jeu de case, l’échiquier, roi des jeux et compagnon des puissants, est également une pièce de luxe et d’apparat. Né en Orient, il a atteint l’Occident au Moyen-Âge, en « épousant la circulation des savoirs et des pratiques artistiques ».  En terre cuite, en bois, en ivoire ou en ébène, les plus belles réalisations apparaissent au XVe siècle. Parmi elles, l’échiquier dit de saint Louis, provenant  de l’inventaire des collections de Gabrielle d’Estrées puis Louis XIV. En observant attentivement le plateau, il est aisé de remarquer l’absence d’une pièce, la reine noire, perdue par Louis XVIII. Fervent joueur d’échecs, il en fit alors don à son premier valet de chambre Thierry de Ville d’Avray.

Façonné à partir de cristal de roche (blanc), de quartz enfumé (noir), de bronze et d’argent, le tableau (plateau) a été fabriqué en Allemagne, et les pièces en France. Son aspect cristallin, sa transparence et la finesse des détails lui confèrent une force vive, témoignage du savoir-faire, de la maîtrise des matériaux et de l’imagination des artistes de l’époque : sous chaque plaque transparente (32 carrés), entourée de baguettes d’argent, apparait une petite fleur délicate aux pétales légers en émail rouge et vert, alternant avec d’autres fleurs en argent doré.

Détail de l’échiquier dit « de saint Louis » © insecula

Soutenu par quatre angelots dorés et une forêt de végétaux, le plateau est entouré d’un cadre composé de huit compartiments – recouvert de plaques de cristal de roche – qui regorgent de détails, de symboles et de poésie. Une colonie de petits personnages en buis, civils ou militaires (allemands) sont figés comme des gardiens maléfiques assurant la protection de ce jeu princier. Assis ou à cheval, ils déambulent dans leurs habits rouges et bleutés, révélant toute la préciosité et le travail d’orfèvre d’artistes dont la patience est à l’image de la magie qui émane de cet objet.

La patience est d’ailleurs de mise pour le joueur qui s’engage dans cette bataille miniature. Vers 1400, Evrart de Conty théorisa dans Le Livre des échecs amoureux le rapport des échecs au jeu de l’amour. Depuis l’Antiquité, le jeu d’échecs a traversé les siècles, évoluant dans sa fabrication, passant de l’état d’œuvre d’art à celui de simple plateau de jeu. Malgré tout, le principe de base reste le même : jouer pour le plaisir, passer le temps et quand la stratégie opère, gagner !

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