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Art et apocalypse : l’image de la fin

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Publié le , mis à jour le
Le calendrier maya prétendrait que la fin du monde est pour le 21 décembre prochain… Il semble qu’il s’agisse plutôt de la fin d’un cycle, cependant cette date a donné lieu à une longue série d’élucubrations, rejoignant ainsi le fantasme plurimillénaire de l’Apocalypse biblique. Toujours l’homme a rêvé sa fin, et les artistes ont tenté de représenter cette image ultime du monde. Résumé en images.

Le Jugement dernier, tympan de la cathédrale d’Autun, détail, première moitié du XIIe siècle.

L’art du Moyen Âge est friand de l’Apocalypse, des représentations du Jugement dernier et autres atrocités rachetant les péchés des mortels. Sur le tympan des cathédrales, dans les vitraux des églises et les peintures murales, des monstres viennent dévorer ceux qui sont promis à l’Enfer, comme sur le tympan de la cathédrale d’Autun, chef-d’œuvre de la sculpture romane.

L’Aigle de l’Apocalypse, Tenture de l’Apocalypse d’Angers, 1373–1382.

Un musée lui est spécialement dédié : la Tenture de l’Apocalypse d’Angers est une œuvre majeure du Moyen Âge. Mesurant plus de cent mètres de long sur six de haut, c’est une gigantesque bande dessinée narrant l’Apocalypse selon saint Jean, tout en étant un commentaire de la Guerre de Cent ans contre l’Angleterre. Une représentation particulièrement sereine et harmonieuse du thème.

Albrecht Dürer, Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, série de gravures sur bois L’Apocalypse, 1497–1498.

L’artiste allemand représente dans sa fameuse série quinze scènes du Livre de la Révélation. Ce passage du Nouveau Testament affirme que l’arrivée des quatre Cavaliers annonce la fin du monde : « Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre ».

Michel-Ange, Le Jugement Dernier, 1536–1541, Vatican, Chapelle Sixtine.

Après l’Apocalypse vient le Jugement Dernier, où « les morts sont jugés selon leurs œuvres ». Sa représentation la plus célèbre dans l’art chrétien (ce moment ultime est également présent dans les religions juive et musulmane) est sans doute celle peinte par Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine. On y voit le Christ en juge impitoyable exécutant une sorte de danse terrible triant les Bons des Mauvais, emportés par les démons.

Pieter Bruegel l’Ancien, Le Triomphe de la Mort, 1562, Madrid, musée du Prado.

Guerres, épidémies et catastrophes naturelles rythment le XVIe siècle. Le peintre flamand Pieter Brueghel l’Ancien en fait une représentation féroce, où les êtres humains sont semblables à de minuscules et ridicules vermines pourchassées par les soldats implacables de l’armée de la Mort. Semblables visions sont à l’œuvre chez Hieronymus Bosch quelques décennies auparavant, notamment dans son Jugement dernier.

John Martin, The Great Day of His Wrath, 1853, Londres, Tate Britain.

Inspiré par la Bible et l’Histoire, le Britannique John Martin a peint au XIXe siècle des visions panoramiques de catastrophes naturelles d’une saisissante beauté. Il montre ici la colère d’un Dieu terrible qui broie les hommes dans la chute des éléments.

William Blake, Le Grand Dragon et la Bête de la mer, série Le Grand Dragon rouge, aquarelle, 1805–1810, Washington, National Gallery.

Mu lui aussi par des visions de stupeur, William Blake décrit dans sa série sur le Grand Dragon rouge cette scène de l’Apocalypse : « Un autre signe parut encore dans le ciel ; et voici, c’était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté ».

Arnold Böcklin, La Peste, 1898, Bâle, Kunstmuseum.

L’art symboliste aime les atmosphères de fin du monde, reniflant peut-être déjà les relents de la boucherie de 14. Dans La Peste, le peintre suisse Arnold Böcklin offre une image emblématique de la Mort qui fauche l’innocence sur son passage.

Otto Dix, Triptyque de la Guerre, 1932, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen.

Peint longtemps après la fin de la Première Guerre mondiale, le triptyque d’Otto Dix reprend l’ordonnancement de la peinture ancienne – on pense notamment à la Crucifixion de Grünewald – pour représenter cette vision d’un monde qui semble se digérer lui-même et réduit littéralement les corps à de la chair à canon.

Jake et Dinos Chapman, Fucking Hell, 2008, collection François Pinault.

Très impressionnante, la vaste installation Fucking Hell des frères Chapman fait directement référence aux visions apocalyptiques de Bruegel ou Bosch, tout en plaçant cet Enfer sur terre, en l’occurrence celui du nazisme, miniaturisé et ainsi « neutralisé ».

Pierre Ardouvin, Fin du monde, 2009 © Marc Domage/Fondation d’entreprise Ricard.

D’une certaine manière, l’artiste français Pierre Ardouvin neutralise lui aussi la « fin du monde » avec ironie et un certain mystère – que cache la palissade ? Une décoration lumineuse qui correspond tout à fait à l’ambiance d’une fête de fin d’année dont le thème serait : la fin.

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