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Photo : les Ionesco mère et fille se déchirent

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Lundi 12 novembre, Eva et Irina Ionesco se sont retrouvées face à face pour une confrontation judiciaire. Au cœur de l’affaire, les photographies sulfureuses prises par Irina dans les années 1970. Devant l’objectif, sa fille, Eva, qui était encore enfant.

 Eva Ionesco. D.R

Bas résilles et boa, la petite fille photographiée comme une femme dès l’âge de quatre ans sort du silence. Aujourd’hui âgée de quarante-sept ans, elle reproche à sa mère de lui avoir volé sa jeunesse. Sur le banc des accusés, Irina Ionesco, la célèbre photographe d’origine roumaine.

Dans les années 1970, celle-ci s’est prise de passion pour un sujet, sa fille. De quatre à douze ans, Eva Ionesco est mise en scène dans des positions douteuses, jambes écartées, à moitié ou totalement nue, dans des tenues inadéquates (bustiers, porte-jarretelles, talons hauts…) pour une enfant de son âge. Quand ses camarades devaient poser en jolie robe de dentelle, nœuds dans les cheveux berçant une poupée ou jouant avec un cerceau, Eva était allongée sur une table lustrée, devant un rideau de velours pourpre, entourée de roses sanguines.

Cet art photographique pose la problématique des limites à ne pas dépasser sous prétexte d’un processus de création. L’avocat d’Eva Ionesco, Jacques Georges Bitoun, s’interroge : « Comment peut-on faire écarter les jambes d’une enfant de quatre ans et en faire un cliché ? ». Il souligne le caractère indécent, voire pornographique de ces photographies de « nu, exhibant son sexe », les comparant aux « pires photos de Playboy ou de Penthouse  ». Et de poursuivre : « Jamais l’enfant n’est présentée comme une enfant », mais comme « une prostituée déguisée ».

Du côté adverse, l’avocat d’Irina Ionesco estime qu’« Eva Ionesco produit ces photos quand ça l’arrange […], quand il s’agit d’argent elle est d’accord », n’hésitant pas, selon ses dires, a autoriser en 2006 un éditeur californien à utiliser ces clichés. Quand Irina revendique le droit d’auteur et la prescription des faits établis par la cour d’appel en 1998, sa fille Eva réclame 200 000 euros de dommages et intérêts et la restitution des photos et de leurs supports. « Dans le milieu, j’étais d’abord la fille d’Irina Ionesco, et j’étais très attaquée si je disais simplement que ces photos dénudées, aussi poétiques soient-elles, et pour certaines très crues, m’avaient fait du mal. Très tôt, je me suis sentie en friche, le corps attaqué dans son intimité… Mais j’aurais aimé un droit de parole. Ne pas être prisonnière de ces photos qui on un effet chamanique ».

Une histoire très personnelle qu’Eva Ionesco, actrice mais aussi réalisatrice, a porté à l’écran avec My Little Princess en 2011. Autobiographique, le film relate cette période artistique et pointe le tabou de la pédopornographie. Dérangeant et onirique, cette première réalisation, plébiscitée par la presse, dégage une grande pudeur et une finesse brutale.

Eva Ionesco aura-t-elle gain de cause ? La décision de la cour de justice est prévue pour le 17 décembre prochain.

MàJ le 17/12/2012 : La photographe Irina Ionesco a été condamnée lundi 17 décembre à verser 10 000 euros de dommages et intérêts pour atteinte au droit à l’image et à la vie privée de sa fille Eva. Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a par ailleurs ordonné la restitution de certains négatifs, mais a rejeté les autres demandes d’Eva Ionesco, qui réclamait que la justice interdise à sa mère d’exploiter les photos litigieuses. (source : lemonde.fr)

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