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Edward Hopper : ce qu’il faut savoir

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On l’annonce depuis plusieurs mois, la grande rétrospective Edward Hopper, au Grand Palais, est L’EXPO de la rentrée, voire de l’année… Sans doute vous aussi, si vous êtes à Paris, irez-vous la voir. Et vous ferez bien, car tout y est remarquable, de la beauté des œuvres à la scénographie subtile. Tout le monde en parle, et chacun d’évoquer son rapport au peintre américain. Mais le connaissez-vous vraiment ? Voici quelques infos plus ou moins connues, qui devraient vous permettre de briller en société quand sera abordé le sujet Hopper.

Edward Hopper, Nighthawks, 1942, Chicago, The Art Institute of Chicago, Friends of American Art Collection.

Le maître de Hopper créa « l’école de la poubelle »

Autrement dit l’« Ashcan School », créée par l’artiste Robert Henri, professeur à la New York School of Art, que Hopper intègre en 1900. Henri y défend notamment un réalisme farouche, « sale », comme l’indique le nom de son mouvement.

Hopper adorait Paris

Jeune artiste, Hopper passe l’automne 1906 à Paris. Amoureux de la capitale française et de sa lumière claire, il adopte le style impressionniste, et étudie de près les œuvres de Camille Pissarro, Auguste Renoir et Alfred Sisley. À Degas, il emprunte les cadrages et les angles de vue inhabituels, à Albert Marquet la densité des volumes, à Félix Vallotton, d’énigmatiques mises en scène. L’artiste retourne à Paris en 1909 et 1910, et gardera toujours une grande affection pour cette ville, tout en abandonnant peu à peu l’impressionnisme.

Edward Hopper, Couple DrinkingNew York, Whitney Museum of American Art, Josephine N. Hopper Bequest.

Hopper a été illustrateur

A partir de 1905, Edward Hopper (il a vingt-trois ans), commence à travailler à mi-temps comme illustrateur pour C.C. Phillips and Company, une agence de publicité de New York. Il vend sa première toile en 1913, mais n’arrive à vivre de sa peinture qu’à partir de 1925. Son emploi d’illustrateur lui permet pendant vingt ans de subvenir à ses besoins, et c’est d’abord à son œuvre gravé qu’il doit sa réputation – ses gravures se vendant quant à elles assez bien.

Quand Hopper n’arrivait pas à peindre, il allait au cinéma

C’est le réalisateur Wim Wenders, grand admirateur du peintre, qui le dit dans La tache au soleil se déplace : « On lit clairement dans les tableaux de Hopper qu’il aimait le cinéma et que la toile blanche devant laquelle il s’est si souvent tenu dans son atelier lui était familière, était son alliée. Donner à toute chose une forme définie, lui désigner sa place, surmonter le vide, la peur et l’horreur en les bannissant sur cette toile blanche justement : c’est cela que son œuvre a de commun avec le cinéma et qui fait de Hopper un grand conteur de la toile blanche – celle du chevalet – à côté des grands peintres de la toile blanche du cinéma. »

Hopper a vécu une grande partie de sa vie à Greenwich Village

En 1913, l’artiste s’installe dans ce quartier qui deviendra celui de la bohème artistique new-yorkaise. Son œuvre la plus connue, Nighthawks (Oiseaux de nuit ou Noctambules, 1942), s’inspire d’un diner du quartier, qu’il dénude de tout détail superflu et colore de tons saturés pour établir cette atmosphère si particulière. L’emplacement exact du restaurant, aujourd’hui disparu, a donné lieu à de nombreuses tergiversations, consignées notamment sur le blog vanishingnewyork. On peut y voir aussi des réminiscences du Café de nuit de Van Gogh, ou du cinéma policier des années 1940.

Edward Hopper, Night Shadows, Philadelphia Museum of Art.

Hopper n’a vécu de son art qu’à partir de l’âge de quarante-trois ans

En 1925, plusieurs musées achètent des œuvres de l’artiste, notamment des gravures, comme Night Shadows (1962) par le British Museum de Londres, et quinze planches par le Metropolitan Museum de New York.

Hitchcock s’est inspiré de Hopper pour Psychose

C’est notamment la toile de Hopper House by the Railroad, datée de 1925, et conservée au MoMA de New York, qui inspira au réalisateur britannique Alfred Hitchcock la fameuse maison hantée de son film Psychose, en 1960. Selon la conservatrice du MoMA Ann Temkin : « House by the Railroad est le portrait d’une maison. Sa solitude est ce qui ressort vraiment du tableau. Hopper insistait sur le fait qu’il n’y avait rien d’expressif dans ses toiles, qu’elles n’étaient que factuelles. Mais quand on regarde cette œuvre, on y voit beaucoup d’émotion ». House by the railroad fut le premier tableau acquis par le MoMA, en 1930, grâce à un don de Stephen C. Clark.

Edward Hopper, Office at night, 1948, Collection Walker Art Center, Minneapolis, Gift of the T. B. Walker Foundation.

Hopper ou Mad Men en peinture

Comme chez Vallotton et Degas, les rapports hommes-femmes sont pour le moins tendus dans les toiles de Hopper… Une violence sourde et une incommunicabilité paralysante en émanent souvent, dans un duel inéquitable qui reflète le machisme de la société américaine de la première moitié du XXe siècle. Ainsi, comment ne pas voir dans cette scène de bureau nocturne (Office at night, 1948), où le corps saillant de la jeune femme évoque une tension sexuelle et l’obscurité rampante une dangereuse promiscuité, un équivalent à une scène de la série Mad Men, qui décrit si bien la domination masculine dans le contexte du Manhattan des 50’s ?

Hopper détestait l’art abstrait

Dans les années 1950, il rejoint les artistes du réalisme américain pour dénoncer l’art abstrait, alors très prisé des collectionneurs et des musées. Il défend son point de vue notamment dans la revue Reality.

Edward Hopper, Conference at night, 1949, Wichita Art Museum, Roland P. Murdock Collection.

Hopper était-il communiste ?

En 1949, l’artiste peint une scène étrange, Conference at night, réunissant trois personnages anonymes dans un intérieur neutre. Exposée à la Rehn Gallery, l’œuvre est acquise par le collectionneur Stephen C. Clark. Celui-ci ne tarde pas à la renvoyer, la suspectant de représenter la préparation d’un complot communiste. La paranoïa gagne, c’est le début du maccarthysme aux Etats-Unis.

Le catalogue raisonné de l’œuvre de Hopper ne compte que cent tableaux

Hopper réalisa une centaine de peintures entre 1902 et 1966, soit une moyenne de 1,56 œuvres par an (le catalogue raisonné compte évidemment bien plus de gravures et de dessins). Par comparaison, on estime que Picasso, artiste très fertile, signa environ 8000 tableaux en quatre-vingts ans de carrière (soit une moyenne de 100 par an). L’année 1927 est la plus prolifique, avec notamment Lighthouse Hill du Dallas Museum of Art. L’exposition du Grand Palais en montre plus de soixante-dix, ainsi qu’une cinquantaine de gravures et aquarelles, et des œuvres de Vallotton, Degas, Sickert, Atget, Pissarro, Eakins…

Retrouvez dans l’Encyclo : Edward Hopper

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