Article proposé par Exponaute
vaut à elle seule le détour. Analyse.
Qu’est-ce qu’une tête réduite ?
En anthropologie, on appelle cela un trophée. Cette tête réduite avec ornement bucal (un lien fermant la bouche) et ornements d’oreille se terminant pas des plumes provient d’Equateur (au nord-ouest de la forêt amazonienne). Elle est issue de la célèbre ethnie des Jivaro (tribu des Shuar), et est composée de restes humains (essentiellement peau et cheveux), de plumes et de fibres végétales. Ces têtes tsantsa, ou têtes-trophées, sont connues depuis un millénaire, et réalisées dans le cadre de chasses aux têtes. Elles terrifièrent les Occidentaux à leur découverte, au XVIIe siècle – jivaro signifie « barbare » pour les conquistadores.
Comment s’y prendre pour réduire une tête ?
Après la décapitation, inciser depuis le point d’épi jusqu’à la nuque, détacher la peau du crâne à partir de cette entaille, et la plonger dans une décoction bouillante de baies, pour qu’elle durcisse. Le crâne doit être jeté à la rivière, comme présent à sa divinité. Réduire la peau à la taille du poing, et surtout prendre grand soin de ne pas abîmer la chevelure, que les hommes jivaros ne coupent jamais – certaines pouvant atteindre jusqu’à 60 cm. Les yeux, et parfois la bouche, sont cousus, afin de conserver « l’esprit » à l’intérieur. Puis des pierres chaudes et du sable sont insérés dans la tête pour lui redonner une forme. La tsantsa est chauffée au-dessus d’un feu, pour la faire durcir et noircir. La fabrication dure environ une semaine.
Quel pouvoir ont ces têtes ?
Il s’agit ici de capturer l’esprit vengeur de l’ennemi (le muisak), emprisonné à l’intérieur de la tête, afin qu’il serve le « réducteur ». Exposée, la tête réduite permet aussi de garder à distance des ennemis potentiels. Elle est montrée lors de cérémonies religieuses et de banquets. Une fois fabriquée, la tête est consacrée grâce à un rituel dédié à la mort et à la renaissance, à la fécondité et à l’harmonie sociale.
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