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En vidéo : art et danse au XXe siècle, un corps à corps

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Publié le , mis à jour le
Au Centre Pompidou, l’exposition Danser sa vie, très didactique, revient sur un siècle de liaisons étroites entre art et danse, tandis que du 23 novembre au 2 janvier, Vidéodanse déroule l’histoire de l’art chorégraphique en 250 films. L’occasion de revoir en vidéo les grandes étapes d’une relation ancrée dans le corps.

La première de L’Après-midi d’un faune, le 28 mai 1912, est l’une des grandes dates de l’histoire culturelle du XXe siècle. La chorégraphie écrite par Vaslav Nijinski pour les Ballets Russes, sur une musique de Claude Debussy, choque le public, qui se rue aux représentations. Les raisons du scandale : des références sexuelles explicites (« l’après-midi » du faune est une métaphore de son éveil sexuel), mais aussi par les gestes outrés du danseur (Nijinski lui-même) évoluant de profil, poignets cassés et tête renversée.

L’Après-midi d’un faune, Vaslav Nijinski (1912), par le Ballet de l’Opéra de Paris

L’exposition Danser sa vie met bien en relief le rapport entre l’expressionnisme pictural du groupe Die Brücke, dans les années 1910, et les expérimentations avant-gardistes de Mary Wigman, chorégraphe et danseuse allemande, amie du peintre Emil Nolde. Sa Danse de la sorcière, dont subsiste une trace filmique exceptionnelle, témoigne d’un primitivisme révolutionnaire.

Mary Wigman, La Danse de la sorcière (1914)

Artiste du Bauhaus, Oskar Schlemmer s’intéresse très tôt à la danse. Il met au point sa pièce majeure, Le Ballet triadique, dès 1912, qui se résume à une organisation géométrique des mouvements dans l’espace. « L’ère de la machine, de la technique, de la mécanique ne pouvait pas demeurer sans incidence sur les arts et surtout pas sur un domaine qui se manifeste essentiellement par le mouvement du corps humain, la danse », écrit-il.

Oskar Schlemmer, Le Ballet triadique (1922)

Avec Merce Cunningham, la danse se dégage de son carcan classique, pour se jeter dans le flux de la modernité, via notamment les collaborations du chorégraphe américain avec les créateurs de son temps, le compositeur John Cage, et les artistes Robert Rauschenberg, Andy Warhol ou Roy Lichtenstein. Son utilisation du hasard dans la composition chorégraphique le rapproche des théories de l’art de son temps, qui envisagent l’œuvre comme résultat du choix aléatoire de l’artiste.

Merce Cunningham, CRWDSPCR (1993)

Au début des années 1960, les jeunes chorégraphes qui se réunissent au Judson Dance Theater de New York (Yvonne Rainer, Trisha Brown, Lucinda Childs, Anna Halprin…) bouleversent les codes de la danse moderne en y intégrant le geste quotidien, dans une démarche proche de celle des artistes contemporains. La limite entre danse et performance devient floue, l’art et la vie se confondent.

Yvonne Rainer, Hand Movie (1966)

Le chorégraphe français Jérôme Bel fait le lien entre danse et art contemporains dans sa manière de créer des pièces à partir de postulats conceptuels qui remettent en question les codes du spectacle. Ainsi le titre de sa première pièce, Nom donné par l’auteur (1994), était-il la définition du mot « titre » lui-même. On retrouve là l’idée selon laquelle « l’art est la définition de l’art », chère au chef de file de l’art conceptuel Joseph Kosuth.

Jérôme Bel, The Show Must Go On (2001)

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