Article proposé par Exponaute

L’Enfant à la grenade de Diane Arbus, une image choc

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Publié le , mis à jour le
A l’occasion de l’exposition Diane Arbus au Jeu de Paume, focus sur une de ses images les plus célèbres, l’Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York, 1962. Où l’on découvre, comme le suggérait la photographe, qu’

«  il y a un monde entre ce que vous voulez que les gens sachent de vous et ce que vous ne pouvez pas les empêcher de savoir  ».

Diane Arbus, Enfant avec une grenade en plastique dans Central Park, New York, 1962. © The Estate of Diane Arbus.

C’est d’abord les poings crispés au bout de ses bras tendus, l’un tenant une (fausse) grenade, l’autre enserrant le vide, que l’on remarque chez ce petit garçon photographié par Diane Arbus dans Central Park, à New York, lors d’une journée radieuse de 1962. Le regard croise les genoux cagneux, légèrement en dedans, puis remonte vers le visage grimaçant, bouche tordue et yeux écarquillés. Une bretelle de la salopette a sauté, sans doute dans le feu des turbulences enfantines.

Vu en légère plongée, le little boy de New York paraît démesurément grand. Au loin derrière lui s’étagent les allées du parc, une poussette avance, une nourrice tient une petite fille par la main, titubant en équilibre à la lisière de l’herbe. Mais dans cette photo on ne voit que le petit garçon, sa maigreur, ses grands yeux qui trouent l’image, ses mains arrondies comme des pinces acérées.

L’Amérique est alors dans ses golden years, la guerre, s’il y en a une, est loin (au Vietnam, notamment). Pourtant, cette grenade dans la main du garçonnet semble prête à exploser. La petite silhouette tendue, raide comme une sculpture en bois d’ex-voto médiéval, traduit les affres de l’enfance, les jeux interdits, l’inquiétude permanente.

Le gamin, saisi dans une attitude espiègle, sans doute tout innocente à l’origine, semble, dans l’image de Diane Arbus, comme possédé. Pour la photographe américaine, « si vous observez la réalité d’assez près, si d’une façon ou d’une autre vous la découvrez vraiment, la réalité devient fantastique. » De fait, une aura entoure le jeune corps gracile et extatique, évoquant les images de Christ paumes ouvertes, yeux révulsés vers les cieux. La figure, évidente, brûle la mémoire du spectateur.

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